Économie

Plan Maroc Vert : 104 milliards de DH investis et 135.522 ha de terres agricoles mobilisés

Le Plan Maroc Vert a enclenché une véritable transformation structurelle de l’agriculture. Depuis son opérationnalisation en 2008 jusqu’en 2018, cette stratégie aura permis la mobilisation de 104 milliards de DH d’investissements publics et privés et la mise en exploitation de 135.522 ha de foncier agricole. Sur le plan social, le PMV a contribué à l’amélioration des revenus en milieu rural et dopé l’emploi qualitatif dans le secteur.

08 Août 2021 À 18:21

Le Plan Maroc Vert (PMV) aura été un véritable catalyseur des investissements dans l’agriculture. Concrètement, entre 2008 et 2018, les montants misés ont atteint 104 milliards de dirhams : 39% soit 41 milliards de DH consentis par le public et le reste par le privé. r>La mise en œuvre du PMV a ainsi été accompagnée d’une relance importante de l’investissement public, souligne le ministère de l’Agriculture dans un rapport renfermant le bilan des réalisations du PMV entre 2008 et 2018. L’investissement public a principalement ciblé l’infrastructure productive notamment les infrastructures d’irrigation et d’aménagement hydro-agricole (60%), l’agriculture solidaire (15%) et le développement des filières de production (13%). Pour le département ministériel, «la revalorisation du budget d’investissement a contribué à rétablir les équilibres de financement du secteur au vu de sa contribution à la création de richesse nationale, à l’emploi et à la sécurité alimentaire». r>Au niveau régional, le mix des investissements publics-privés a été différencié selon les potentialités agricoles de chaque région. En d’autres termes, plus la contribution de l’agriculture de la région au PIB agricole est importante, plus l’initiative privée est présente. Dans les régions avec une contribution plus faible, la part de l’investissement public a été plus importante notamment les régions du Sud et les régions de montagne (exemple : Tanger-Tétouan-Al Hoceïma).r>S’agissant des investissements privés, le ministère affirme qu’une nouvelle dynamique a été insufflée principalement grâce à la mise en place d’un cadre institutionnel favorable à l’investissement, la refonte du cadre incitatif et la forte mobilisation des acteurs à travers les contrats-programmes filières et la structuration des interprofessions. En outre, la mobilisation de l’investissement public a exercé un effet d’entraînement sur le secteur privé qui a donc drainé, p près de 63 milliards de dirhams de capitaux pour l’équipement des exploitations agricoles.

Foncier agricole : le PPP, un facteur de «succès»r>La mobilisation du foncier agricole, notamment dans le cadre du partenariat public-privé (PPP), a constitué, selon le ministère, un facteur «clé de succès» et un levier de développement des investissements. Le principe consiste en la location des terrains, pour une longue durée pouvant atteindre 40 ans, à des investisseurs privés qui s’engagent à réaliser leurs projets d’investissement agricoles. r>Depuis le démarrage du PMV en 2008 et jusqu’à fin 2018, près de 1.639 projets ont été lancés sur une superficie contractée de 135.522 ha dont plus de 80% (110.046 ha) relève du domaine privé de l’État. Résultat attendu, l’ensemble des projets doit générer à terme des investissements de près de 25,7 milliards de dirhams et créer près de 72.000 emplois.

L’emploi rémunéré progresse dans les campagnesr>Nul doute. En plus de son rôle économique, le secteur agricole joue un rôle social de premier plan par sa contribution importante à l’emploi national et rural, à la sécurité alimentaire du pays, à la lutte contre la pauvreté et à la stabilité dans le monde rural. Selon le département de l’Agriculture, 35% des emplois à l’échelle nationale sont agricoles. En milieu rural, 72% de la population active travaille dans l’agriculture. Les personnes travaillant dans l’agriculture peuvent être des chefs d’exploitation (près de 1,6 million d’exploitations), des aides familiales ou des salariés agricoles.r>Selon le bilan du PMV, l’emploi agricole a connu une nette amélioration à la fois qualitative et quantitative avec la création de près de 50 millions de journées de travail additionnelles. En milieu rural, le taux d’activité a baissé de 62% avant 2008 à près de 54% en 2018. Ce sont donc près d’un million de personnes qui ne comptaient plus parmi les actifs ruraux. Sachant que l’activité agricole occupe environ les trois quarts de la population active en milieu rural, cette baisse a concerné au moins, dans les mêmes proportions, le secteur agricole, fait remarquer le rapport. «C’est ce phénomène qui explique principalement les pertes d’emplois agricoles relatées par les statistiques du HCP (Haut-Commissariat au Plan) au cours de la période 2008-2018, mais il s’agit là d’un fait important de la longue transformation du secteur», commente l’Agriculture. Une analyse plus approfondie permet de mieux comprendre cet état de fait. D’après le ministère, le segment qui a connu la plus forte baisse d’activité est la tranche des 15-24 ans puisqu’il est passé de près de 60% avant le PMV à 35% en 2018. Cela est principalement dû à la scolarisation accrue des enfants et des jeunes.  En fait, le taux de scolarisation se situe entre 40 et 50% actuellement contre 27% en 2000. Par ailleurs, selon le rapport de l’ONDH (observatoire national du développement humain) de 2018, près de 88% de jeunes ruraux de 15-24 ans sont alphabétisés. Selon le rapport du ministère, la transformation structurelle de l’emploi agricole est également reflétée par la baisse importante des aides familiales qui représentaient 48% de l’emploi agricole en 2007 contre 33% en 2018. Cette baisse s’est faite au profit des emplois rémunérés, notamment les salariés dont la part est passée de 23% en 2007 à 28% en 2018 (soit près de 1 million de salariés agricoles). 


3,5 fois plus de salariés agricoles déclarés à la CNSS

La modernisation du secteur agricole s’est également traduite par une amélioration des conditions de travail, notamment en matière de protection sociale. Ainsi, ce sont près de 416.000 salariés agricoles qui sont déclarés à la CNSS en 2018 contre 120.000 en 2008, soit 3,5 fois plus. De même, depuis 2008, le salaire minimum agricole garanti a connu des revalorisations successives. «Il est passé de 52,5 DH/jour en 2008 à 76,7 DH/jour prévu en 2020, soit une augmentation de 46% en 12 ans».  À noter toutefois que l’écart entre le SMIG et le SMAG s’est accentué passant, sur une base mensuelle, de 572 DH en 2008 à 835 DH en 2020, note le ministère. Enfin, le produit intérieur brut agricole par habitant rural s’est amélioré de plus de 66%, passant en moyenne de 5.700 DH en 2008 à 9.500 DH dix ans plus tard.

 

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