25 Juillet 2021 À 16:26
Le Matin : Promouvoir l’investissement durable responsable et citoyen, de quoi s’agit-il au juste et quel impact sur les portefeuilles gérés par Sogécapital Gestion ?r>Karim El Hnot : Tout d’abord un petit mot sur la naissance des PRI (Principles for Responsible Investment ou Principes pour l’Investissement Responsable). Les PRI sont nés de la volonté de Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU, et qui en 2005 avait invité un groupe d’investisseurs institutionnels et de chercheurs à se pencher sur la question de l’investissement responsable. Les PRI ont officiellement vu le jour en 2006 à la bourse de New York. Les PRI est aujourd’hui une organisation qui fédère plus de 4000 asset managers (gérant d’actifs), asset owners (Assureurs, Fonds de pension) et sociétés de services financiers et dont le but est de promouvoir les meilleures pratiques de prise en compte des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) lors d’investissements financiers. Les PRI sont donc une plateforme d’échange, de formation et d’émulation pour la mise en place de ces pratiques. La majorité des plus importants investisseurs institutionnels au monde sont signataires des PRI.
Concrètement, il s’agit pour Sogécapital Gestion d’intégrer des critères ESG, dans l’analyse et la prise de décision sur un investissement donné. Ces critères peuvent être multiples et concerner chacun ou l’ensemble des trois axes ESG. Le but étant d’avoir une approche plus holistique des risques que nous gérons pour le compte de nos clients par une meilleure connaissance des émetteurs que nous intégrons dans nos portefeuilles. L’équipe Sogécapital Gestion est très fière d’intégrer le réseau des signataires des Principes pour l’investissement responsable supportés par les Nations unies et de s’engager ainsi, à l’instar du groupe Société Générale, engagé pour contribuer à construire des modèles de développement plus écologiques et inclusifs, et permettre l’émergence de nouveaux moteurs de croissance durable. Une finance qui mesure l’impact environnemental et sociétal de nos décisions d’investissements, et qui œuvre à promouvoir un monde meilleur pour les générations futures.
Quelles sont les pratiques à mettre en place dans le cadre de cette approche d’investissement responsable ?r>Concrètement dès l’adhésion aux PRI nous avons commencé à déployer une stratégie visant à intégrer les pratiques d’investissement durable. Nous allons très vite publier une charte ESG qui cadre notre vision globale puis nous nous attèlerons à la notation extra financière en complément de l’analyse financière de nos investissements. Nous allons également mettre en place la gouvernance appropriée autour de comités ESG. L’adhésion aux PRI est un engagement sur la durée qui repose sur une mise en place évolutive des principes.
Quid des performances ? Est-ce que rajouter des contraintes n’aurait pas un impact sur ces dernières ?r>On est totalement convaincu que l’intégration de l’ESG dans nos process est un facteur important dans l’amélioration des profils rendement/risque de nos portefeuilles. La recherche académique est très étendue dans ce domaine. Je citerais à titre d’exemple une recherche du gérant d’actifs DWS et de l’Université de Hambourg (diponible sur le site PRI) qui a porté sur la révision des conclusions de plus de 2200 études académiques sur 50 ans. Cette revue a conclu que la grande majorité des résultats démontre que la performance d’un actif est positivement corrélée à des critères ESG. En fait ces résultats sont r>intuitifs : les scandales ayant secoué le monde des affaires montrent que les critères financiers seuls sont insuffisants pour gérer le risque d’investissement. Si un investisseur ne s’intéresse qu’aux chiffres financiers, il passe probablement à côté de choses qui pourraient présenter d’autres risques ayant le potentiel de dégrader fortement la performance future de ses investissements. A contrario une bonne analyse ESG permet d’améliorer le rendement risque en adoptant une approche plus holistique de l’analyse d’un investissement.
Est-ce que la Finance durable figure parmi les priorités des acteurs du secteur ?r>Le sujet est certes relativement nouveau au Maroc, mais la prise de conscience est bien là et ce sujet deviendra de plus en plus probant. N’oublions pas le rôle des différents régulateurs (AMMC, BAM) qui inscrivent la gestion des risques notamment environnementaux comme risques financiers majeurs, mais aussi les attentes de la société civile en matière de responsabilité et de durabilité. Je suis convaincu que bientôt d’autres investisseurs institutionnels marocains nous rejoindront dans l’adhésion aux PRI.
Propos recueillis par Souad Badri