27 Octobre 2021 À 22:06
La découverte dans la grotte de Bizmoune, dans la province d’Essaouira, d’éléments de parure mettant en évidence le plus ancien comportement symbolique humain, était sous les feux des projecteurs, mardi, lors d’une journée d’information organisée dans la Cité des Alizés.r>Initiée par le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, l’Association Essaouira-Mogador et Essaouira Innovation Lab, cette rencontre, marquée par la participation d’un parterre de chercheurs et d’archéologues marocains et étrangers, a été l’occasion de jeter la lumière sur cette découverte majeure de 32 coquilles façonnées de gastéropodes marins dans un niveau datant de 142.000 à 150.000 ans. Les recherches ont été menées par une équipe internationale de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP), de l’Université d’Arizona (Tucson, États-Unis) et du Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe-Afrique (CNRS, LAMPEA, Aix-en-Provence, France).
Soulignant l’importance de cette découverte dans l’Histoire de la Terre et de l’Humanité, le Conseiller de S.M. le Roi et président fondateur de l’Association Essaouira-Mogador, André Azoulay, a indiqué qu’il s’agit là «des premiers indices de l’humanité faisant apparaître l’existence de relations structurées entre les membres d’un même groupe ou de groupes différents. Cette parure illustre l’existence d’une forme de langage, voire d’une langue, à l’ère de l’homo sapiens et la capacité de cette région à privilégier la rencontre, le dialogue, l’altérité et la sociabilité». Et de noter que la densité et l’exceptionnalité de cette découverte rend plus urgente la mise en place à Essaouira d’un pôle universitaire, qui va permettre de révéler l’énorme gisement dans cette région et l’histoire la plus ancienne de notre univers et de ceux qui nous ont précédés.
Même son de cloche auprès de Abdeljalil Bouzouggar, professeur à l’INSAP, qui a relevé l’ampleur du gisement que recèle cette partie du territoire national, «en termes de patrimoine et d’informations cruciales sur l’origine du comportement symbolique humain». M. Bouzouggar, qui codirigeait les recherches au niveau de la grotte de Bizmoune, a passé en revue les principales conclusions de cette découverte et ses implications, expliquant que cette étude a démontré que la région dispose d’une flore variée datant de 150.000 ans et d’une faune fossile très riche.r>«En utilisant et en diffusant des objets de parure, l’Homo Sapiens à Bizmoune a écrit pour la première fois, il y a 150.000 ans, une grande partie de l’histoire du comportement symbolique de toute l’humanité. Il y a le symbolisme, la présence d’une langue et des identités existantes à cette époque. Ce sont les ancêtres de ce que nous vivons et partageons maintenant entre tous les Marocains, toutes confessions et toutes origines confondues», a-t-il affirmé.
À noter que les recherches et les fouilles se poursuivent à la grotte de Bizmoune, située à Jbel Hdid, dans la province d’Essaouira. Le ministère de la Culture travaille actuellement sur l’élaboration du dossier de candidature du site de Bizmoune, aux côtés d’autres à travers le Royaume, pour leur inscription sur la liste des sites préhistoriques de l’Unesco.