14 Avril 2021 À 19:43
Conseil : Ramadan et productivité ne font pas bon ménage pour plusieurs collaborateurs. Quelles astuces privilégier pour y remédier ?r>Imane Hadouche : Précisons d’abord que la croyance selon laquelle la productivité est en baisse pendant le mois sacré relève de la généralisation. En effet, dans d’autres cultures, et selon les dernières études, on recommande bien le jeûne intermittent pour booster l’énergie et détoxifier corps et esprit. Cela dit, la baisse de productivité qu’on constate est surtout liée aux mauvaises habitudes, celles qu’on avait avant le Ramadan, ou celles qu’on installe pendant le mois sacré. r>Pour relever ce défi, il faut d’abord anticiper. Le mois du Ramadan n’est pas un imprévu qui tombe brusquement. Il est donc recommandé d’anticiper, de programmer et d’organiser l’année autour de cela. En bon dirigeant proactif, on le fait bien pour les départs annuels en congé à la période estivale, quand les entreprises tournent avec moins d’effectifs et, logiquement, avec moins de productivité. r>Pendant le Ramadan, on sait aussi que même si l’effectif est à 100%, la productivité serait réduite, d’abord à cause des horaires réduits et de l’impossibilité de faire des heures supplémentaires, mais aussi à cause des mauvaises habitudes, comme précité. Dans ce sens, il serait recommandé de reporter et programmer pour ce mois toutes les activités routinières qui requièrent peu de concentration et peu d’énergie mentale et physique. r>Il est aussi suggéré de placer les tâches qui nécessitent énergie et concentration, au moment de la journée où l’on constate un pic d’énergie, généralement c’est à l’heure habituelle de la pause déjeuner, puisque notre cerveau reste programmé pendant 3 à 4 semaines, que c’est le moment de bouger, manger, et brûler de l’énergie pour digérer. r>Et donc, c’est le moment de la journée où on peut inconsciemment chercher à brûler de l’énergie, même s’il n’y a rien à digérer.
Quelles sont les erreurs à éviter sur le plan professionnel pendant ce mois sacré ?r> Il faut savoir que notre énergie dépend totalement de notre mode de vie, de la qualité de notre sommeil, de notre régime alimentaire et de ce que notre cerveau consomme en tant qu’informations et mode de pensée. Malheureusement, on constate que le Ramadan devient pour certains le moment où tous les excès sont permis. De nouvelles habitudes sont installées : une alimentation trop grasse et/ou trop sucrée, en consommant des aliments pas du tout sains tard la nuit, ce qui déstabilise notre système digestif, nous pompe de l’énergie et nous alourdit. On s’autorise à veiller jusqu’à des heures improbables, en passant des heures devant la télévision ou sur les réseaux, à consommer des programmes abrutissants. Ce qui contribue à installer une grosse paresse même dans la journée. Il y a aussi le volet psychologique, et qui relève du «comportement organisationnel» (Organizational behavior). Ce volet implique que l’humain qui trouve une excuse et une approbation collective (même tacite) par rapport à une attitude n’hésiterait pas à avoir un comportement inadéquat ou à se trouver des excuses pour avoir une attitude excessive. L’erreur à éviter ici serait de profiter du relâchement de certains pour s’autoriser à se relâcher. Il est recommandé ainsi de s’entourer de personnes équilibrées, vivaces et dynamiques au travail et même sur le plan personnel.
Justement, le manque d’énergie est contagieux. Comment gérer les collaborateurs qui influencent négativement la motivation des équipes ?r> Il est vrai que le manque de motivation est hautement contagieux, mais c’est le cas pour le reste des sentiments et des modes de pensée. Dans un sens, on est dans une sorte de cercle vicieux où les uns nourrissent les autres de paresse et de négativité et cela va aller en s’amplifiant. Mais il est possible aussi de rompre cette chaîne et de lancer un cercle vertueux puisque l’énergie positive et la motivation sont beaucoup plus contagieuses : les gens sont naturellement attirés par tout ce qui est lumineux et positif : joie, motivation, sérénité… On peut aussi avoir recours dans la journée aux exercices énergisants. Ce sont des exercices brefs et dynamiques qu’on pratique souvent en formation pour éveiller l’attention des participants, ou en conférence pour secouer le public afin de briser l’ennui qui peut s’installer au bout d’un moment. Et pour maintenir la motivation sur la durée, on peut aussi réserver une matinée par semaine à une rencontre sur une plateforme pour échanger autour d’une thématique motivante.
Compte tenu du contexte actuel marqué par la pandémie de la Covid-19, plusieurs collaborateurs sont en télétravail. Par quels moyens doivent-ils s’organiser pour préserver leur énergie ?r>Encore une fois, tout est question de discipline et de bonnes habitudes à maintenir ou à installer. Il est important de vérifier son mode de vie,r>mais aussi d’installer des rituels bénéfiques : ce n’est pas parce qu’on est en télétravail, qu’on doit se laisser aller. On pourrait, par exemple, se réveiller un peu tôt pour faire une marche matinale, se doucher, s’habiller correctement et s’installer devant son écran pour travailler. Dans ce sens, il est important d’aménager un petit espace bureau et se comporter comme si l’on était réellement dans son bureau en entreprise. Notre cerveau est beaucoup plus malin que nous le sommes : si votre posture lui indique que vous êtes relâchés, au repos, hors bureau, hors zone professionnelle, il commencera à vous dicter les attitudes et les comportements d’une personne en vacances, ne soyez même pas étonnés de piquer un roupillon en pleine réunion. Que ce soit en présentiel ou en télétravail, tout est question de discipline et de mode de vie. n