28 Janvier 2021 À 23:21
Face à des taux de chômage des jeunes en augmentation et une saturation du marché du travail, l’entrepreneuriat est la solution à promouvoir pour relever le défi du développement durable en Afrique. Cette solution, qui inspire de nombreux jeunes à travers le continent, commence aujourd’hui à prendre forme grâce à l’implication de différents acteurs de l’écosystème, publics et privés, nationaux et internationaux, afin de paver la voie et permettre aux entrepreneurs de développer leurs projets dans leurs pays d’origine et pourquoi pas s’exporter ailleurs. C’est dans cet esprit que de nombreux programmes d’accompagnement ont vu le jour et connaissent aujourd’hui un engouement de la part des jeunes porteurs de projets.r>Si le monde de la startup était méconnu il y a quelques années en Afrique, l’émergence des nouvelles technologies et l’intérêt des grandes structures pour innover et se transformer ont permis à plusieurs entrepreneurs de se lancer et de mettre en place des projets qui rayonnent au-delà des frontières physiques et qui suscitent de plus en plus d’intérêts. Ces investissements, tant soit peu face aux besoins à l’échelle du continent, commencent à donner leurs fruits et le rêve de «startup continent» prend place petit à petit dans les esprits. r>Le Maroc, pays leader sur le continent et promoteur de la coopération Sud-Sud, en fait un levier clé pour le développement durable.
Des jeunes de différents pays ont d’ailleurs pu se lancer dans l’aventure grâce à des initiatives lancées par des acteurs de l’écosystème entrepreneurial du Royaume, qui se sont développées ensuite grâce à la collaboration avec d’autres acteurs dans plusieurs pays africains. Des initiatives à l’image des programmes d’accélération tels que «Scalerator» de LaStartupFactory qui a accompagné des centaines de startups depuis sa création, des fonds d’investissement et des Business Angels comme Outlierz Ventures et Angels for Africa ou encore des programmes d’open innovation lancés par de grands groupes qui rayonnent sur le continent comme OCP, Attijariwafa bank et Bank Of Africa. Car, comme le dit le proverbe africain : «Tout seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin». L’enjeu est de développer davantage la collaboration entre les différents acteurs r>du continent et de promouvoir l’entrepreneuriat et l’innovation des jeunes.
Sami El Fakir de la startup Gomobile
Gomobile a été fondée en 2014 avec pour mission de diffuser de l’information sponsorisée aux populations rurales déconnectées via des appels téléphoniques automatisés. Le concept était ambitieux et plaisait bien, mais le succès n’était pas au rendez-vous pour diverses raisons.r>Début 2017, nous avons pivoté vers des besoins opérationnels d’entreprises. Nous avons pu enrichir au fur et à mesure notre plateforme technique pour prendre en compte les besoins de nos prospects «Corporate». Aujourd’hui, Gomobile dispose d’une plateforme de télécommunications Cloud-API permettant aux entreprises de diffuser et collecter de l’information en masse auprès de leurs clients finaux. La plateforme s’appuie principalement sur des technologies «Voice», mais intègre d’autres canaux complémentaires. Nous collaborons majoritairement avec des clients du secteur Banque, Assurance et Crédit avec qui nous co-innovons et nous construisons de nouvelles solutions répondant à des besoins «Métier» spécifiques (Recouvrement, Satisfaction Client, Marketing et Relation client). Cette intimité avec nos clients nous a permis d’enregistrer une croissance à deux chiffres depuis 2016. Le Maroc reste une petite économie. C’est pour cela que nous avons constamment gardé à l’esprit l’opportunité d’une expansion internationale en Afrique. Notre stratégie a toujours été d’y aller avec de grands groupes marocains présents en Afrique. Fin 2020, après de longues discussions, nous avons signé un contrat avec un groupe industriel pour mener un pilote en Côte d’Ivoire et Ghana. Les démarches pour mettre en service notre plateforme dans ces deux pays sont en cours. Une fois installés sur place, nous comptons tout simplement adapter et répliquer nos modèles de collaboration avec les filiales africaines de nos clients marocains. En parallèle, nous prévoyons de recruter, au Maroc, un ingénieur technico-commercial sénégalais ou ivoirien pour nous aider à développer l’activité avec des clients locaux. Donc je fais un petit clin d’œil aux étudiants en fin d’études dans les grandes écoles d’ingénieurs marocaines.r>L’objectif est de roder ce processus d’expansion en 2021 et puis accélérer la cadence à partir de 2022. Notre ambition est d’être présents dans au moins 15 pays d’ici 5 ans et de réaliser au moins 70% de notre chiffre d’affaires à l’international. Nous nous fixons comme mission de prouver qu’une jeune startup marocaine de 5 employés peut tout à fait rêver et atteindre le marché africain avec comme principal capital la confiance de ses clients «Corporate» marocains qui ont su tisser une toile assez dense en Afrique grâce au leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Michel Masindraoka Manambisoa de la startup Watersky Studio
Watersky Studio (WS) est une startup qui a vu le jour au Maroc depuis juillet 2020 grâce au Batch #4 de Scalerator organisé par LaStartupFactory. Watersky Studio est une startup de gaming qui a pour ambition de promouvoir la culture marocaine et africaine à travers les jeux vidéo qui représentent le Maroc et l’Afrique. Nous offrons comme produits des jeux, qui vont mettre en valeur la culture et les lieux historiques du Maroc.r>WS a vu le jour grâce à l’initiative de 4 membres fondateurs de nationalité malgache, dont le rêve était de se lancer dans l’entrepreneuriat. Pour réaliser ce rêve, on devait participer à un concours de projet pour notre visibilité et pour avoir plus de chance d’arracher des commandes. Nous avons constaté que le secteur du tourisme a été impacté par la situation de la pandémie tandis que le secteur digital plus précisément de jeu vidéo ne cessait de progresser exponentiellement. D’où l’idée de promouvoir le tourisme au Maroc par le biais du canal digital. Nous avons participé au Batch #4 de Scalerator, et nous avons été retenus. L’équipe de LaStartupFactory nous a fait confiance. L’incubation de LaStartupFactory nous a permis d’affiner notre projet pour être plus précis. Et depuis juillet 2020, nous sommes dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Nous avons vécu beaucoup de difficultés sans nous décourager. Nous nous sommes encouragés mutuellement. À plusieurs reprises nous avons participé à des concours pour décrocher des investisseurs, mais nous avons été refusés. Dans notre Startup, ces refus étaient pour nous des moteurs pour s’améliorer. Malgré les défis et grâce à des conseils des coachs et des mentors, nous avons continué à donner les meilleurs de nous-mêmes, et enfin, nous avons eu la subvention de 200.000 DH de la Caisse Centrale de Garantie (CCG) qui a encore amplifié nos ambitions d’aller encore plus loin. Actuellement, Watersky Studio S.A.R.L est en cours de création à Oujda, Maroc.
Soufiane Derouech de la startup Jojma
Les relations économiques entre le Maroc et les pays africains se consolident. Les entreprises en quête de performance et de compétitivité sont appelées à suivre ce mouvement. Pour les startups, le marché reste prometteur, bien que cela puisse paraître difficile. De l’avis de plusieurs experts en économie, il ne faut pas hésiter à faire le pas. C’est en partant de ce constat que Jojma a vu le jour. L’entreprise, dont le site web a été officiellement créé le 12 décembre 2020, est effectivement à vocation africaine. Elle s’assigne pour objectif de commercialiser et de promouvoir différents produits inspirés de l’art africain. Il s’agit, notamment, des accessoires et des produits de mobilier. Toute personne intéressée par ces produits peut faire sa commande en ligne. D’ailleurs, l’idée de ce concept trouve aujourd’hui tout son intérêt vu les circonstances actuelles dictées par la pandémie du coronavirus qui a accéléré la vente en ligne. Je tiens à souligner que le concept de Jojma a vu le jour dans le cadre du programme «Artup Builder» déployé en 2020. Il s’agit d’un programme international novateur conçu pour tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’intersection de l’art, la technologie et le design. Il est basé sur le modèle du Venture Builder qui a vu le jour aux États-Unis en 1996, et qui a connu une émergence considérable en 2007. En effet, au cours de l’année 2020, l’équipe «Artup Builder» a développé le concept de l’Artup et l’Artupper. Ce concept constitue tout simplement une startup innovante d’artiste, concepteur, designers, artisans… r>Alors que l’on supposait autrefois qu’il fallait un MBA ou un diplôme d’ingénieur pour créer une Startup, la technologie grand public a ouvert la voie aux entreprises de conception (Airbnb, Uber, etc.). Au fur et à mesure que la condition humaine se numérise et devient un champ de données, il pourrait être le moment où les créatifs développent leurs propres entreprises à forte croissance, selon leurs propres termes critiques et artistiques. Artup Builder n’est pas seulement une action artistique potentielle, mais une réponse directe à la crise actuelle qui accélère l’effondrement du secteur culturel, sinon de la majorité du marché. En guise de conclusion, j’invite tous les jeunes à ne pas hésiter à s’ouvrir sur l’international, particulièrement sur les pays de l’Afrique tout en faisant preuve de créativité et d’innovation.