10 Janvier 2021 À 18:09
Le système financier marocain est resté globalement résilient entre 2007 et 2018. Et ce, bien que le pays ait connu une période de turbulence financière modérée dans les sillages de la crise des «subprimes» entre 2008 et 2009 et une autre entre 2012 et 2013. C’est ce qui ressort de la mesure de la stabilité financière au Maroc selon un nouvel indice agrégé (IASF). Ce dernier est conçu par les auteurs d’un «Document de travail» publié par Bank Al-Maghrib et qui vise à susciter les débats à ce sujet. IASF se différencie de l’indice existant notamment par un sous-indice qui capture le risque systémique du secteur bancaire, et à travers des techniques de pondération plus avancées, notent-ils. Les auteurs ont expliqué que la période de 2008 à 2009 a été caractérisée par des tensions financières illustrées par des niveaux élevés de 2 sous-indices en particulier, à savoir le risque systémique émanant du secteur bancaire et celui provenant du développement financier. r>Pour le stress financier observé en 2012-2013, il s’explique, selon eux, par une progression importante du sous-indice développement macroéconomique sous l’effet du creusement des déficits jumeaux. Cette période coïncide avec le premier accord au titre de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) conclu en août 2012 entre les autorités marocaines et le Fonds monétaire international (FMI).r>La mise au point de ce nouvel indice vient répondre aux préoccupations accrues que suscite la question de la stabilité financière. «La crise des «subprimes» et plus récemment celle de la Covid-19 ont mis en exergue les risques potentiels menaçant la stabilité financière et l’importance d’une surveillance accrue du système financier», ont souligné les concepteurs de ce nouvel indice. Ce qui a fait de la stabilité financière «une des préoccupations majeures des autorités de surveillance et des Banques centrales».
Anticiper les périodes de stress financierr>Ces autorités cherchent de plus en plus à anticiper les périodes de stress financier et repérer les déséquilibres afin de réagir en temps voulu, via l’activation de mesures macroprudentielles, pour empêcher que ces vulnérabilités ne se transforment en crise systémique, relève le document.r>Ses auteurs considèrent que, si la crise financière de 2008 n’a touché qu’indirectement les pays en développement, «les bouleversements économiques auxquels nous assistons aujourd’hui suite à la crise sanitaire et économique pourraient être bien plus graves, du fait de l’intensité du choc, sa rapidité et sa dimension internationale». Les risques qui en découlent menacent la stabilité financière en général, et les systèmes bancaires en particulier en ce qui concerne les pays en développement, avancent-ils. En effet, illustrent-ils, un grand nombre d’entreprises sont en train de subir de lourdes pertes et «des faillites en chaîne ne sont pas à exclure» en cas de persistance de la pandémie dans le temps, ce qui n’est pas sans conséquence sur la solidité des bilans bancaires. D’après le rapport de la stabilité financière dans le monde du FMI, cité par ce document de travail, une intensification de la crise pourrait porter atteinte à la stabilité financière à l’échelle mondiale. De ce fait, «un système financier solide, associé à un système bancaire bien capitalisé, est nécessaire pour absorber les différents chocs, accompagner l’économie quand elle fait face à des crises majeures et préserver ainsi la stabilité financière».
Détection précoce des vulnérabilitésr>Les auteurs de cette publication indiquent que son objectif est double. Ce travail mesure d’abord le risque systémique du secteur bancaire marocain, à l’aide de techniques récentes développées dans la littérature économique et utilisées par des Banques centrales, avant de l’intégrer dans un indice agrégé de stabilité financière, «susceptible de faciliter le suivi des risques financiers et la détection précoce des vulnérabilités». L’indice agrégé, précisent-ils, est calculé comme une moyenne pondérée de 25 indicateurs macroéconomiques et financiers, classés en cinq sous-indices. Il s’agit r>du développement macroéconomique, développement financier, vulnérabilité bancaire, vulnérabilité du secteur non financier et risque systémique. Techniquement, expliquent-ils, deux méthodes avancées de pondération sont utilisées. L’une qui prend en considération l’impact macroéconomique de chaque indicateur, en comparant la tendance de celui-ci à celle du PIB, l’autre qui intègre les mouvements conjoints des indicateurs en diffusant l’IASF suivant les corrélations temporelles des cinq sous-indices qui le constituent.