17 Février 2022 À 15:39
Le Matin : Avec le confinement général de la population et la limitation des déplacements inter-villes en 2020, le nombre d'accidents avait baissé. Est-ce qu'avec la reprise des déplacements en 2021, leur nombre a de nouveau augmenté ?r>Abdessadek Maafa : Le bilan statistique provisoire des accidents et victimes de la route en 2021, en comparaison avec l’année 2020, fait ressortir une augmentation générale de tous les indicateurs de l’accidentologie. Mais, compte tenu de la conjoncture de l’année 2020 marquée par le contexte Covid-19, ce qui avait généré une baisse accrue de la mortalité, la comparaison avec une année normale, à savoir l’année 2019 présente une augmentation des différents indicateurs. En effet, l'objectif intermédiaire de 2021 était de descendre à moins de 2.800 décès et moins de 8.000 blessés graves dus aux accidents de la route. Cet objectif n’a malheureusement pas été atteint, puisque nous avons enregistré, durant l’année écoulée, 115.506 accidents, soit 12,4% de plus par rapport à 2019, avec 3.436 décès (+1,5%), 8.536 blessés graves (+1,4%) et 155.146 blessés légers (+11,4%).r>Pour rappel, le nombre de décès avait légèrement baissé au cours de la période 2017-2019, sans pour autant s’approcher de l’objectif intermédiaire fixé. De même, le nombre de blessés graves a légèrement diminué sans suivre la tendance requise.
Pourquoi selon vous, continuons-nous d'enregistrer beaucoup d'accidents, malgré tous les efforts fournis ?r>Il convient de rappeler qu’en termes de chiffres absolus, le nombre de tués des accidents de la circulation enregistré l’année écoulée reste équivalent à celui de 2002-2003, sachant que durant cette même période le parc automobile a doublé et il en est de même pour le trafic routier.r>Concernant la causalité des accidents de la circulation, les études réalisées aux niveaux national et international montrent que le facteur humain demeure prépondérant et intervient dans plus de 90% des accidents. En effet, les vitesses excessives et inadaptées aux moments et aux endroits, le non-port du casque pour les motards, l’usage du téléphone au volant, la fatigue et la somnolence, le non-port de la ceinture de sécurité, la conduite sous influence de l’alcool… sont des comportements récurrents sur la voie publique.r>Par ailleurs, établir un lien unique entre l’amélioration des indicateurs de la sécurité routière et la multiplication des actions de communication et de sensibilisation demeure une analyse incomplète puisque la problématique de l’insécurité routière est plus complexe compte tenu de son caractère multisectoriel. Les plans d’action retenus par les pouvoirs publics couvrent plusieurs secteurs, notamment la communication, l’éducation et la formation, la réglementation, le contrôle, l’infrastructure aussi bien en milieu urbain que rural, la qualité des véhicules en circulation, la prise en charge des victimes en cas d’accidents, etc.
Le nouveau programme d'action de la Narsa 2022-2026 vise à réduire les accidents et sauvegarder les vies, quels sont les moyens que vous vous êtes donnés pour atteindre votre objectif ?r>Le plan d’action quinquennal 2022-2026 de sécurité routière de l’Agence nationale de la sécurité routière (Narsa) a été élaboré de façon à poursuivre la mobilisation globale de tous les secteurs concernés et capitaliser sur les acquis réalisés dans ce domaine afin d’atteindre les objectifs de la Stratégie nationale de la sécurité routière.r>À cet effet, la Narsa a mobilisé plusieurs ressources humaines et financières dans le but de garantir la réussite des actions de sécurité routière visant à la fois le comportement des usagers de la route, mais également l’écosystème routier en général. S’agissant des actions d’accompagnement, de communication et de sensibilisation, nous avons essayé de diversifier notre arsenal d’actions que ce soit à travers une présence médiatique et digitale accrue tout en étant novateur dans les approches communicationnelles ou via une présence renforcée sur le terrain.r>Notre démarche vise donc à réduire le nombre de décès et de blessures imputables aux enjeux fixés par la Stratégie nationale en se focalisant sur un comportement et une vitesse sûrs, des véhicules sûrs en tant que piliers fondamentaux de l’intervention directe de l’Agence, et sur des infrastructures routières sûres, le transport multimodal, l'aménagement du territoire et la réponse post-accident en tant que piliers d'intervention de soutien dans le cadre de partenariats dans les projets à forte valeur ajoutée en matière de sécurité routière. Quant à la coordination de la sécurité routière, le renforcement des capacités et l’intégration des technologies sont considérés en tant que domaines d’intervention transverses.
Quelle place occupe l'éducation routière dans votre stratégie ?r>La sensibilisation et l’éducation des jeunes usagers de la route occupent une part importante dans l’action de la Narsa. En effet, la Stratégie nationale en matière de sécurité routière au titre de la décennie 2017-2026 a fait de cette cible, à savoir les enfants de moins de 14 ans, un axe prioritaire. Il est à rappeler que cette frange de la population constitue annuellement quelque 10% des tués des accidents de la circulation au Maroc. Dans ce sens, la Narsa dispose d’un programme qui comprend un ensemble d’axes d’intervention visant l’accompagnement de l’enfant en tant qu’usager de la route depuis l’âge du préscolaire et jusqu’à l’âge de l’obtention du permis de conduire. L’objectif étant de construire, à terme, une génération de jeunes imprégnés des principes de la sécurité routière et qui constitueraient, sans aucun doute, des conducteurs et des usagers de la route responsable.r>Dans le cadre de ce programme, plusieurs projets sont réalisés dans le milieu scolaire et parascolaire. Je citerai notamment les guides au niveau du préscolaire, l’intégration des concepts d’éducation routière dans le milieu scolaire au niveau du primaire pour cette année et le collège pour l’année scolaire prochaine, le lancement avec le ministère de l’Éducation nationale de l’attestation scolaire de sécurité routière et la création de clubs d’éducation à la sécurité routière dans les établissements scolaires primaires – en et hors agglomération – pour abriter, tout au long de l’année scolaire, des activités d’éducation à la sécurité routière, initiées par les enseignants au profit des élèves. Aussi, et notamment dans le monde rural, des actions de sensibilisation axées sur la problématique de la visibilité des enfants piétons sont organisées au profit des écoliers. Parallèlement, des articles rétro-réfléchissants (brassards) à utiliser par les enfants lors des déplacements domicile-école sont distribués lors de ces actions d’éducation et de sensibilisation.r>Pour ce qui est du milieu parascolaire, la Narsa organise annuellement une opération nationale au niveau des centres de colonies de vacances relevant du Ministère de la Jeunesse et des Sports touchant ainsi une population d’enfants et d’adolescents avoisinant les 60.000, et ce à travers des ateliers ludo pédagogiques variés regroupant tout ce qui est théorique, pratique, digital et artistique.r>Les maisons de jeunes sont également ciblées à travers les actions de sensibilisation menées par les ONG actives dans le domaine de l’éducation et de la prévention routière. La Narsa met à la disposition des maisons de jeunes l’appui nécessaire en matière de formation de formateurs et également en matière de logistique (supports de formation, documents imprimés, matériel pédagogique, etc.)
Quels sont les principaux axes du programme d'action de la Narsa pour 2022 adopté la semaine dernière ?r>Le Plan d’action 2022 est articulé autour de deux principaux axes. Il s’agit de l’amélioration de la sécurité routière et l’amélioration de la qualité des services rendus aux usagers. Le premier axe comprend des projets ambitieux et structurants dans le domaine de la sécurité routière notamment le volet éducatif à travers l’éducation routière, la communication et la sensibilisation, l’investissement dans les nouvelles technologies, la poursuite de la mise en œuvre du programme du renouvellement du parc et du programme de la formation initiale et continue au profit des conducteurs professionnels.r>Pour le second axe, la Narsa est appelée à poursuivre sa politique de digitalisation, de dématérialisation des procédures, de qualification des ressources humaines travaillant dans ce secteur, de modernisation et de sécurisation des systèmes d'information liés à la gestion des permis de conduire et immatriculation des véhicules. Il s'agit aussi de la réhabilitation et la modernisation du secteur de l'enseignement de la conduite à travers la préparation des supports pédagogiques pour la formation, la digitaliser et la mettre à la disposition des professionnels.
***********************************************r>Concours national «Mon Initiative pour la vie» : les meilleures initiatives connues aujourd'hui
Pour cette Journée nationale de la sécurité routière, l’Agence nationale de la sécurité routière (Narsa) organise le Concours national «Mon Initiative pour la vie». Il s’agit d’une opération consistant à donner la parole à toutes les personnes porteuses d’idées percutantes sur la thématique de l’éducation, les activités socio-économiques et professionnelles, l’innovation et la technologie relatives à la sécurité routière.r>Ce concours, qui a été ouvert à l’ensemble des porteurs d’initiatives dans le domaine de la sécurité routière, a pour objectif de fédérer l’opinion publique et rendre la société marocaine partie prenante de sa démarche de sensibilisation et de sa stratégie de lutte contre les accidents de la circulation au Maroc.