LE MATIN
28 Avril 2025
À 18:00
Ce natif du nord de l’
Allemagne est quasi inconnu du grand public. Expert des questions de
politique étrangère pour les conservateurs au
Parlement, il est considéré comme un proche de
Friedrich Merz. Ce dernier doit être élu au poste suprême le 6 mai par les députés allemands.
Les défis sont nombreux pour cet homme de 69 ans sans expérience gouvernementale à un moment de basculement géopolitique, avec un allié américain devenu imprévisible sous l’administration de
Donald Trump et qui contraint aussi bien l’Allemagne que l’
Europe à dépenser davantage pour leur défense face à la menace russe. S’ajoute une économie toujours en berne après deux ans de récession, qui alimente la montée en puissance du parti d’
extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Ce dernier a dépassé les conservateurs dans de récents sondages.
Le
chancelier désigné a déjà pris les devants en faisant adopter un paquet d’investissements géants de plusieurs centaines de milliards d’euros pour réarmer et moderniser le pays. La nomination de M. Wadephul reflète l’engagement réitéré de Friedrich Merz de soutenir sans faille l’
Ukraine face à la
guerre russe.
L’ancien soldat, devenu avocat puis député, s’est illustré ces dernières années par ses prises de positions très tranchées en faveur de l’
aide militaire à Kiev, critiquant à plusieurs reprises la pusillanimité à ses yeux du
chancelier social-démocrate (SPD) sortant
Olaf Scholz dans ce domaine. Il n’a cessé de dénoncer le refus catégorique de ce dernier de lui livrer des missiles longue portée Taurus, ce que M. Merz n’a, lui, pas exclu.
Les autres ministres désignés sont, également, peu connus. Parmi eux, l’ancienne secrétaire d’État à l’Environnement et aux transports,
Katherina Reiche, 51 ans, obtient l’Économie. Ce poste, distinct en
Allemagne de celui des Finances qui doit revenir à un social-démocrate, est particulièrement délicat à un moment où la première puissance européenne traverse une grave crise de son modèle industriel, frappant de plein fouet le secteur crucial de l’
automobile, exacerbée par l’augmentation des
droits de douane de
Donald Trump.
Et une nouveauté dans une Allemagne notoirement connue pour son retard dans le développement du
numérique : un ministère dédié est créé et confié à l’entrepreneur
Karsten Wildberger, le patron de
Ceconomy, un groupe de distribution d’électronique grand public et d’
électroménager. Le bouillant
Jens Spahn, ancien ministre de la Santé et connu comme M. Merz pour son opposition à la politique d’accueil généreuse des
migrants de l’ancienne chancelière
Angela Merkel, va lui occuper le poste stratégique de chef du groupe parlementaire des conservateurs au
Bundestag.
L’autre grand défi du gouvernement Merz sera justement de tenir ses promesses de campagne sur une réduction de la
migration, après plusieurs attaques meurtrières ayant impliqué des
étrangers et qui ont favorisé le score historique de l’AfD, arrivée deuxième aux élections. À cet égard, le poste de l’Intérieur sera occupé par
Alexander Dobrindt (CSU), partisan d’une grande fermeté en la matière, a appris l’«AFP» de source proche de cette formation plus conservatrice que la CDU.
Au total, les conservateurs occuperont dix postes ministériels, leur allié social-démocrate sept, même si ce dernier a accusé le pire résultat de son histoire aux législatives. Les membres du SPD doivent encore approuver le contrat de coalition récemment conclu avec les conservateurs, une sorte de feuille de route des quatre années à venir. Le parti dévoilera le nom de ses ministres après le vote.
Le
SPD a notamment récupéré, outre les
Finances, le portefeuille de la
Défense, qui devrait revenir à son actuel titulaire, le populaire
Boris Pistorius, lui aussi connu pour ses positions favorables au soutien à l’Ukraine.