LE MATIN
28 Juillet 2025
À 09:23
L'enjeu était de taille. Les deux principales puissances commerciales de la planète s'échangent chaque jour près de 4,4 milliards d'euros de biens et services, et
Washington menaçait d'imposer dès le 1er août des
droits de douane de 30% sur toutes les
importations européennes.
Négocié âprement depuis des mois, l'accord prévoit des droits de douane sur toutes les importations européennes vers les
États-Unis, à un un taux unique de 15%, comprenant toutes les taxes déjà existantes. Cela concerne par exemple le secteur
automobile, crucial pour des pays comme l'
Allemagne. Les constructeurs européens paient depuis avril des droits de douane de 27,5% - dont une surtaxe de 25% décidée par
Donald Trump - soit un coût de 1,3 milliard d'euros pour le seul constructeur allemand
Volkswagen.
L'accord prévoit également des achats d'
hydrocarbures américains (
gaz naturel,
combustibles nucléaires et
pétrole) d'une valeur de 750 milliards de dollars sur trois ans, soit 250 milliards par an. Il comporte aussi de nouveaux
investissements européens aux États-Unis pour un montant de 600 milliards de dollars.
Le président américain,
Donald Trump, a évoqué des "centaines de milliards de dollars" d'achats d'
armement par les
Européens. Interrogé sur ces exemptions, le président américain a répondu: "essentiellement, non".
Mais la présidente de la
Commission européenne a affirmé qu'il n'y aurait plus aucun droit de douane sur des "secteurs stratégiques" comme l'
aéronautique, "certains
produits chimiques, certains
produits agricoles" ou encore "certaines matières premières stratégiques". La liste de ces produits n'a toutefois pas été détaillée.
Les Européens voulaient également y inclure les
alcools et le
vin, mais faute d'accord définitif, une décision a été renvoyée à de nouvelles discussions, selon Mme von der Leyen. "C'est quelque chose qui doit être résolu dans les prochains jours," a-t-elle assuré.
Les négociations ont été particulièrement difficiles en ce qui concerne la
pharmacie et les semi-conducteurs. L'accord final prévoit, selon l'
UE, des taxes douanières fixés à 15% pour ces deux secteurs. Ces derniers étaient menacés de droits de douane plus importants, quelque 200% selon Donald Trump, conformément à l'article 232 d'une loi américaine sur le
commerce prévoyant des surtaxes en cas d'atteinte à la sécurité nationale.
Une décision doit être prise dans deux semaines, selon le secrétaire américain au Commerce
Howard Lutnick, mais pour Mme von der Leyen, celle-ci n'aura pas d'impact sur l'accord à 15% conclu en
Ecosse.
L'UE fait actuellement face à des droits de douane de 50% sur ses exportations d'
acier vers les États-Unis, mais Mme von der Leyen a assuré qu'un compromis avec Donald Trump avait été trouvé. "Entre nous, les droits de douane seront réduits et un système de quotas sera mis en place", a-t-elle déclaré. Donald Trump a en revanche assuré que les choses resteraient "comme elles sont".
Il s'agit essentiellement d'un accord cadre, selon Mme von der Leyen, qui va désormais nécessiter davantage de négociations pour aboutir à un accord juridique définitif.
Industriels et
agriculteurs européens vont aussi décortiquer l'accord pour évaluer ses conséquences sectorielles. La chimie allemande a déjà réagi, estimant les droits de douane l'affectant "trop élevés", et la
Fédération allemande de l'industrie (BDI) prédit "des répercussions négatives considérables".