Saloua Islah
31 Juillet 2025
À 10:49
La formule est claire, presque martiale. « La date limite du 1er août est la date limite du 1er août...Elle ne sera pas prolongée. » Publiée sur Truth Social, cette déclaration de
Donald Trump scelle l’ultimatum. Après plusieurs reports, la Maison Blanche confirme que les
nouveaux droits de douane entreront en vigueur dès ce vendredi, sans aucune marge de manœuvre. Pas moins de
80 pays sont dans le viseur, tous concernés par
des surtaxes variant entre
15 % et 50 %, en fonction de leur statut commercial avec Washington.
La mécanique tarifaire, initialement présentée en avril sous l’appellation de droits « réciproques », cible prioritairement les pays avec lesquels les États-Unis affichent
un déficit commercial jugé excessif ou un comportement jugé hostile. Dans cette logique, certains partenaires historiques se retrouvent exposés au même régime que des puissances adverses. Un tarif plancher compris entre 15 et 20 % s’appliquera de manière automatique à tous les pays n’ayant pas conclu d’accord spécifique avec les États-Unis. Ceux qui n’auraient pas répondu aux sollicitations de la Maison Blanche – une vingtaine au total, parmi lesquels figurent notamment
l’Inde, Taïwan, le Canada, le Mexique, ainsi que plusieurs
pays africains ont d’ailleurs reçu
une notification officielle précisant les taux applicables, pouvant aller jusqu’à 50 %, notamment sur des importations sensibles comme le cuivre, les produits agricoles ou les biens industriels semi-finis.
Dans ce paysage tendu, six pays ont obtenu un sursis relatif :
le Royaume-Uni, le Japon, l’Union européenne, le Vietnam, l’Indonésie et
les Philippines ont signé des accords commerciaux ces dernières semaines, limitant les surtaxes à un niveau compris entre 15 % et 20 %. Tous les autres devront composer avec une taxation renforcée dès vendredi, sans espoir de dérogation immédiate. Le secrétaire au Commerce,
Howard Lutnick, a tranché : « Le 1er août est le jour où nous mettons en place ces taux, et ils ne seront plus sujets à discussion après ».
La stratégie va bien au-delà des chiffres. Elle s’inscrit dans une lecture très politique du commerce mondial, où la relation bilatérale devient la condition d’accès au marché américain. Et elle n’épargne personne. Le
Brésil en fait déjà les frais : un décret présidentiel signé le 30 juillet porte à 50 % la surtaxe sur plusieurs catégories de produits exportés vers les États-Unis.
La Chine constitue un cas à part. La surenchère tarifaire engagée ces dernières semaines a atteint des sommets – 125 % de droits sur les produits américains, 145 % sur les produits chinois – avant qu’un accord temporaire ne soit arraché à Genève en mai. Depuis, une trêve précaire s’est installée. Les deux premières puissances mondiales ont ramené leurs taxes respectives à 10 % et 30 % et poursuivent les négociations à Londres.
Malgré ces tensions, les indicateurs économiques américains résistent.
Le PIB a progressé de 3 % au deuxième trimestre, selon
le Département du Commerce, un résultat supérieur aux attentes. Cette performance s’explique en partie par un afflux massif d’importations anticipées, survenu avant l’application des nouvelles taxes. Mais l’effet des surtaxes sur l’inflation, la compétitivité des entreprises et la chaîne logistique mondiale reste une équation ouverte.