Saloua Islah
12 Décembre 2025
À 10:54
L’accès au territoire américain va devenir plus exigeant pour des millions de voyageurs étrangers. L’administration du président Donald Trump a annoncé un
projet de réforme du système d’autorisation de voyage électronique, connu sous le nom d’ESTA, qui impose aux visiteurs issus des pays exemptés de visa de fournir leurs identifiants de réseaux sociaux utilisés au cours
des cinq dernières années. Cette obligation, jusqu’ici réservée aux demandeurs de visas classiques, devrait entrer en vigueur
le 8 février 2026, sous réserve de validation finale par les autorités budgétaires de la Maison Blanche.
Concrètement, les ressortissants de 42 pays concernés par le" Visa Waiver Program", dont
la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Australie, le Japon ou encore
la Corée du Sud, pourront toujours voyager aux États-Unis pour des séjours touristiques ou professionnels de moins de
90 jours sans visa. En revanche, l’obtention de l’ESTA, indispensable avant l’embarquement, intégrera désormais un volet élargi de collecte de données personnelles, avec un caractère obligatoire pour les informations liées aux réseaux sociaux.
Selon l’avis publié par les services américains des douanes et de la protection des frontières, les voyageurs devront également renseigner
les adresses électroniques utilisées au cours des
dix dernières années,
les numéros de téléphone des cinq dernières années ainsi que des informations détaillées sur
les membres de leur famille proche, incluant identité, date et lieu de naissance, coordonnées et lieu de résidence. L’objectif officiellement affiché est de renforcer
le filtrage sécuritaire afin d’identifier d’éventuelles menaces pour la sécurité nationale ou l’ordre public.
Cette évolution s’inscrit dans une politique plus large de durcissement des contrôles migratoires menée depuis le début du second mandat de Donald Trump. Les autorités américaines ont déjà élargi l’analyse des profils numériques des demandeurs de visas, mais aussi de certaines catégories d’étrangers déjà présents sur le sol américain, notamment
les candidats à l’asile, à
la résidence permanente ou à
la naturalisation. Les contenus publiés en ligne peuvent désormais être examinés au regard de critères liés aux valeurs américaines ou à la notion de « bonne moralité ».
La mesure suscite de vives réserves, tant chez les professionnels du tourisme américains que parmi des responsables démocrates et de nombreux voyageurs, qui redoutent un effet dissuasif pouvant freiner les flux touristiques. Ces inquiétudes sont d’autant plus marquées que les États-Unis se préparent à accueillir, avec le Canada et le Mexique,
la Coupe du monde de football 2026, un événement censé attirer des centaines de milliers de supporters internationaux.
Pour le Maroc, le pays ne fait pas partie des États bénéficiant de l’exemption de visa. Les ressortissants marocains restent soumis à
une procédure de visa classique pour se rendre aux États-Unis et doivent déjà fournir, depuis 2019, des informations relatives à leurs réseaux sociaux dans le cadre de la demande consulaire.