LE MATIN
16 Décembre 2024
À 17:53
Projet phare de l'
UE dans le spatial après les programmes «
Galileo» (positionnement par
satellite) et «
Copernicus» (surveillance du
climat), «
Iris²» prévoit un réseau de 290
satellites multi-orbitaux, offrant des services de connexion d'ici 2030.
Cette constellation européenne de satellites permettrait des
communications sécurisées dans des domaines clés comme la
défense, le
réseau diplomatique européen, la
gestion des crises et la
surveillance, mais aussi un accès commercial à
internet, alors que la guerre de l'
internet spatial fait rage.
L'
Europe tente de se positionner face à l'américain
Space X d'
Elon Musk, qui a pris une longueur d'avance avec
Starlink, devenu l'un des principaux fournisseurs mondiaux d'internet par satellite.
Le marché de la connectivité spatiale à haut débit, notamment utile pour desservir les régions isolées dépourvues de
fibre optique, est devenu ultra-concurrentiel.
Début 2024, Starlink affirmait avoir déjà mis en orbite plus de 6.000 satellites et revendiquait 2,6 millions de clients, avec comme objectif de déployer près de 30.000 satellites au total.
L'
Union européenne a attribué la gestion d'«Iris²» au consortium
SpaceRISE, mené par le français
Eutelsat, l'espagnol
Hispasat et le luxembourgeois
SES, pour une concession de 12 ans, dans un partenariat public-privé.
Parmi les autres partenaires figurent
Thales, OHB, Airbus Defence and Space, Telespazio, Deutsche Telekom, Orange et
Hisdesat.
Le budget d'«Iris²» est estimé à 10,6 milliards d'euros sur douze ans : 6 milliards de l'Union européenne, 4,1 milliards d'investissements privés et 0,55 milliard provenant de l'
Agence spatiale européenne (ESA).
Des centres de contrôles d'Iris² seront installés dans trois
pays européens : au
Luxembourg, à
Toulouse dans le sud-ouest de la
France et à
Fucino au centre de l'
Italie. «Cette constellation de pointe protégera nos infrastructures critiques, connectera nos zones les plus reculées et accroîtra l'autonomie stratégique de l'Europe», a assuré
Henna Virkkunen, la vice-présidente de la Commission européenne chargée de la souveraineté technologique.
Sur les perspectives commerciales d'«Iris²», l'Union européenne évoque des discussions avec le
Royaume-Uni, la
Norvège, l'
Australie, des
pays asiatiques comme le
Japon et la
Corée du Sud et des
pays africains.
La directrice générale d'
Eutelsat a salué pour sa part un «pas en avant dans le spatial pour l'Europe qui est très important», et une marque de «confiance» envers son entreprise, qui va pouvoir offrir une «capacité commerciale» au projet, outre sa «capacité souveraine».
Eva Berneke, dans un entretien avec l'«AFP», a reconnu qu'il s'agissait d'«un domaine dans lequel l'Europe a pris du retard» et qu'il était urgent d'offrir «une alternative soit aux Américains soit aux Chinois» : «on a besoin d'avoir notre souveraineté, sur la Défense et les communications» afin de «revenir dans le jeu», a-t-elle ajouté.