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La France interdit les écrans aux moins de 3 ans dans les lieux d’accueil des enfants

C’est officiel ! Dès ce jeudi 3 juillet 2025, l’exposition aux écrans sera strictement interdite pour les enfants de moins de trois ans, au sein de tous les établissements d’accueil de la petite enfance en France. Ce dispositif constitue un tournant majeur dans la prévention des troubles du développement liés à une exposition précoce aux écrans.

02 Juillet 2025 À 16:04

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Jusque-là simple recommandation, le principe devient désormais une interdiction formelle. À compter du 3 juillet, les enfants français de moins de trois ans ne devront plus être exposés à des écrans, qu’il s’agisse de téléphones, de tablettes, d’ordinateurs ou de télévisions, dans les crèches, microcrèches et haltes-garderies. Ce changement réglementaire, inscrit dans un arrêté publié au Journal officiel, modifie la charte nationale de l’accueil du jeune enfant. Le texte de 2021, qui indiquait qu’il « n’est pas recommandé » d’exposer les tout-petits, est désormais remplacé par une formule sans ambiguïté : « il est interdit ».



Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, justifie cette mesure par la nécessité de « créer un bandeau sanitaire entre les écrans et les enfants », rapporte Le Parisien. Si les professionnels de la petite enfance sont déjà largement sensibilisés à ce sujet, cette interdiction vise à établir un cadre clair, lisible et opposable. « On veut poser un premier jalon », confie la ministre.

Cette interdiction s’inscrit dans une prise de conscience politique et scientifique plus large. En effet, selon les données de Santé publique France, à l’âge de deux ans, un enfant passe en moyenne 56 minutes par jour devant un écran. Et seuls 13,7 % d’entre eux y échappent totalement. Ces chiffres préoccupants prennent tout leur sens " lorsqu’on sait qu’en moyenne, un foyer français dispose de dix écrans ", souligne l’institution.

Des effets délétères démontrés scientifiquement

Le rapport de la Commission « Enfants et écrans », remis au gouvernement français en avril 2024, a mis en lumière les multiples risques d’une exposition trop précoce. Troubles du sommeil, de la vision, sédentarité, retards de langage, vulnérabilité émotionnelle : « les écrans perturbent le développement cognitif et affectif des tout-petits », insistent les signataires du rapport.

Face à ce constat, le consensus scientifique qui se dégage est clair :

  • Aucun écran avant trois ans ;

  • Usage limité et accompagné jusqu’à six ans ;

  • Pas de téléphone portable avant onze ans ;

  • Pas d’accès à Internet avant treize ans ;

  • Utilisation des réseaux sociaux uniquement à partir de quinze ans, sous contrôle parental.

Ce nouvel arrêté n’est toutefois qu’une première étape. Catherine Vautrin n’exclut pas d’étendre un jour l’interdiction à la sphère familiale. Le projet resterait symbolique, sans contrôle intrusif, mais contribuerait à un changement des mentalités.

Le président français Emmanuel Macron, lui aussi, s’est emparé du sujet. L’an dernier, il qualifiait les écrans de « terreau de toutes les difficultés » et militait pour une « majorité numérique » fixée à 15 ans pour l’accès aux réseaux sociaux. Une proposition de loi en ce sens est actuellement en discussion au Parlement.

Réapprendre à vivre sans écrans ?

Du 13 au 22 mai 2025, des dizaines de milliers d’enfants français ont relevé un défi partagé sur les réseaux sociaux : " dix jours sans écran" . Cette opération annuelle, organisée dans les écoles et associations, a permis à de nombreux jeunes de redécouvrir les bienfaits du jeu, de la lecture et des échanges en famille. Beaucoup rapportent un meilleur sommeil, une meilleure humeur et une plus grande attention en classe. Ces témoignages résonnent aujourd’hui comme autant de preuves qu’une autre relation au numérique est possible, pour peu qu’un cadre clair soit posé.

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