Origines du Covid-19 : l’OMS privilégie la piste animale, sans exclure la fuite de laboratoire
Le Groupe consultatif scientifique de l’OMS sur les origines du Covid-19 (SAGO) publie un rapport actualisé, soulignant une probabilité de transmission animale sans écarter le scénario d’une fuite de laboratoire. L’origine exacte du virus reste incertaine.
LE MATIN
28 Juin 2025
À 00:35
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Plus de quatre ans après l’apparition du Covid-19, le mystère de ses origines demeure entier. Vendredi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rendu public un nouveau rapport de son Groupe consultatif scientifique sur les origines des nouveaux agents pathogènes (SAGO), sans parvenir à une conclusion définitive. Le document privilégie la piste d’une transmission zoonotique – c’est-à-dire d’un animal à l’homme – mais reconnaît le manque de données suffisantes pour exclure d’autres scénarios.
Le rapport, fruit du travail de 27 experts internationaux indépendants et multidisciplinaires, note que « le poids des preuves disponibles suggère une propagation zoonotique, soit directement à partir des chauves-souris, soit par l’intermédiaire d’un hôte intermédiaire ». Toutefois, il précise que de nombreuses informations essentielles n'ont toujours pas été fournies, notamment par certains États.
Lors d’une conférence de presse à Genève, le Directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a insisté : « Toutes les hypothèses doivent rester sur la table, y compris celles relatives à une propagation animale ou à un accident de laboratoire. » Il a appelé tous les pays, en particulier ceux disposant d’éléments d’enquête, à coopérer en toute transparence, dans un esprit de responsabilité mondiale.
Selon la présidente du SAGO, Marietje Venter, le marché de Huanan, à Wuhan (Chine), aurait joué un rôle important dans la propagation initiale du virus : « Plus de 60 % des cas identifiés au début de la pandémie sont liés à ce marché. » Toutefois, elle souligne que le scénario d’un accident de laboratoire ne peut être écarté, faute de preuves suffisantes pour l’étayer ou le réfuter.
Le nouveau rapport actualise les premières conclusions publiées en juin 2022, en s’appuyant sur des études scientifiques récentes, des données de terrain, des analyses gouvernementales et même des rapports de renseignement. Il reflète la complexité d’un processus d’enquête freiné par l’absence de coopération complète de certains pays et la disparition de données essentielles dès les premiers mois de l’épidémie.
Une enquête scientifique freinée par des enjeux géopolitiques
Cette publication intervient dans un climat de tension politique internationale autour de l’origine du virus. Si de nombreuses voix scientifiques et diplomatiques plaident pour une enquête exhaustive, la Chine, pointée du doigt dans certaines hypothèses, rejette fermement les allégations de dissimulation. L’OMS réaffirme, pour sa part, que déterminer l’origine du SARS-CoV-2 est essentiel pour prévenir de futures pandémies. « Ce n’est pas une chasse aux coupables, c’est une nécessité scientifique et sanitaire mondiale », a insisté le Dr Tedros.
Alors que le monde continue de tirer les leçons de la pandémie de Covid-19, l’absence de certitude sur ses origines souligne la nécessité urgente de renforcer les mécanismes de surveillance, de transparence et de coopération internationale dans la gestion des menaces sanitaires émergentes.