Saloua Islah
26 Juillet 2025
À 12:05
La
révolution énergétique est bel et bien lancée, mais elle roule à deux vitesses. Dans un rapport publié en juillet 2025,
les Nations Unies décrivent une transformation spectaculaire :
le solaire et l’éolien dominent désormais les nouvelles
installations électriques dans le monde. En 2024, ils ont représenté plus de
92 % des nouvelles capacités. Mieux encore, leur coût est désormais inférieur à celui des énergies fossiles, et les délais de mise en service sont deux à trois fois plus courts.
Un tournant historique ? Oui, mais réservé aux riches. Car selon ce même rapport, 80 % de cette capacité renouvelable est concentrée en
Chine et dans
les pays de l’OCDE.
L’Afrique, elle, ne représente que 1,5 % des installations... alors qu’elle concentre
85 % de la population mondiale non raccordée à
l’électricité.
À l’échelle mondiale, le rapport souligne que
les investissements dans l’énergie propre ont atteint pour la première fois
2.000 milliards de dollars en 2024, contre 1 200 milliards pour les fossiles. Mais à l’échelle des
pays en développement, la réalité est tout autre : moins d’un dollar sur cinq investis dans les renouvelables y atterrit réellement.
Dans plusieurs régions de l'Afrique où l’ensoleillement est
deux à trois fois supérieur à celui de l’Europe, le développement de l’
énergie solaire reste limité. Les installations y demeurent plus coûteuses en raison de l’insuffisance des infrastructures, de l’accès restreint au financement et de chaînes d’approvisionnement peu structurées. Ces obstacles freinent l’adoption
des énergies renouvelables, malgré la baisse significative de leurs coûts à l’échelle mondiale.
Ce déséquilibre inquiète d’autant plus que le secteur est désormais un moteur de croissance. En 2024, les
énergies propres ont généré
35 millions d’emplois, surpassant pour la première fois les fossiles. Elles ont contribué à
10 % de la croissance mondiale du PIB, et jusqu’à 30 % en Europe.
L’ONU appelle à un sursaut collectif. Pour que
les pays du Sud puissent prendre part à cette transition, les investissements dans
l’énergie propre devront être multipliées par cinq à sept pour atteindre entre
1.400 et 1.900 milliards de dollars par an
d’ici 2030. Une ambition portée haut par le Secrétaire général des
Nations Unies,
Antonio Guterres, qui a résumé le moment dans une formule forte : « L’ère des combustibles fossiles vacille et échoue ! Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère énergétique, où une énergie bon marché, propre et abondante alimente un monde riche en opportunités économiques ».