LE MATIN
03 Septembre 2025
À 10:13
Plus d’
un milliard de personnes dans le monde vivent aujourd’hui avec
des troubles mentaux, d’après de nouvelles données publiées par
l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’anxiété et la dépression, particulièrement répandues, imposent un coût humain et économique immense, alors que l’accès aux soins reste largement insuffisant.
Le constat est sans appel. Les troubles mentaux représentent désormais
la deuxième cause d’invalidité à long terme, touchant toutes les classes sociales et tous les âges. En 2021, près de
727.000 personnes se sont suicidées, faisant de ce drame une des principales causes de décès chez les jeunes. L’OMS prévient que l’objectif fixé par les Nations Unies de réduire d’un tiers le taux de suicide d’ici 2030 ne sera pas atteint : au rythme actuel,
la baisse ne dépasserait pas
12 %.Au-delà de la souffrance individuelle,
le coût économique est colossal. L’anxiété et la dépression à elles seules coûtent chaque année environ
1.000 milliards de dollars à l’économie mondiale, essentiellement par la perte de productivité.
Les deux nouveaux rapports publiés par l’OMS (World Mental Health Today et Mental Health Atlas 2024) révèlent des avancées, mais surtout des lacunes persistantes. Si davantage de pays adoptent des politiques et programmes de santé mentale, les budgets stagnent.
La dépense médiane des gouvernements reste fixée à
2 % du budget de la santé, inchangée depuis 2017. Les écarts sont frappants : un habitant des pays à revenu élevé bénéficie en moyenne de
65 dollars de dépenses publiques pour sa santé mentale, contre seulement
0,04 dollar dans les pays à faible revenu.
Les ressources humaines sont tout aussi limitées. Le monde compte en médiane
13 professionnels de la santé mentale pour
100.000 habitants, avec des pénuries extrêmes dans de nombreuses régions. Moins de
10 % des pays ont basculé vers un modèle de soins communautaires, et l’hospitalisation en établissements psychiatriques reste encore trop fréquente, souvent sur de longues durées et parfois contre le gré des patients.
Des signaux positifs existent néanmoins. Plus de
80 % des pays intègrent aujourd’hui
un soutien psychosocial dans leurs réponses aux situations d’urgence, contre seulement 39 % en 2020. Les initiatives de prévention du suicide, les programmes scolaires ou encore la télémédecine se développent, mais de manière inégale.
Pour
l’OMS, la transformation des
services de santé mentale constitue désormais l’un des défis de santé publique les plus pressants. Son directeur général,
Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, appelle les gouvernements à agir sans délai : « Investir dans la santé mentale, c’est investir dans les personnes, les communautés et les économies. Aucun pays ne peut se permettre de négliger cet engagement. La santé mentale doit être considérée comme un droit fondamental ».
Avec la réunion des Nations Unies prévue
le 25 septembre à New York sur
les maladies non transmissibles et
la promotion du bien-être, l’OMS espère mobiliser les dirigeants du monde entier autour de quatre priorités : un financement équitable, une réforme juridique et politique respectueuse des droits humains, un investissement durable dans les professionnels et le développement de soins centrés sur la personne et ancrés dans les communautés.