LE MATIN
11 Septembre 2024
À 10:00
Attaques frontales et passes d’armes ont rythmé les
échanges entre l’ancien président et l’actuelle vice-présidente en quête de convaincre de larges pans de
l’électorat américain encore indécis.
Pendant plus d’une heure-et-demi sur la
chaîne ABC News,
Kamala Harris et
Donald Trump ont, tour à tour, eu l’opportunité de présenter leurs visions, souvent divergentes sinon contradictoires, sur une myriade de sujets aussi épineux que controversés allant de
l’économie à
l’immigration, de la
politique étrangère aux
enjeux climatiques et aux
valeurs familiales.
L’immigration, sujet récurrent dans les débats présidentiels, n’a pas dérogé à la règle lors de cet affrontement.
Donald Trump, qui a introduit des politiques draconiennes lors de son premier mandat (2016-2020), a réitéré sa promesse d’expulser des "millions d’immigrés illégaux” qu’il accuse d’être en majorité des repris de justice et d’anciens pensionnaires d’asiles psychiatriques, qui "commettent des crimes horribles aux
Etats-Unis”.
"Des millions d'immigrants continuent d’affluer dans notre pays à cause des politiques faibles de
l'administration Biden”, a fustigé l’ancien président, qui a renouvelé sa volonté de déployer des troupes de l’armée le long de la frontière avec le Mexique pour empêcher la traversée illégale vers le sol américain.
Sur ce sujet,
Harris a tenté d’adopter une posture ferme, quoique moins dure que celle de son rival, afin de se défaire de l’image de faiblesse et d’inefficacité qu’il tentait de lui attribuer. La candidate démocrate a rappelé sa lutte, durant son mandat de procureur général de
Californie, contre les organisations de trafic de drogue et d’être humains, sans égrener des
politiques migratoires claires.
"Mais demandez-lui pourquoi elle n’a rien fait pendant les trois ans et demi qu’elle a passés en tant que vice-présidente”, a dit Trump en s’adressant au journaliste
David Muir, qui animait le débat à côté de sa consoeur,
Linsey Davis.
Sur l’économie, les
agendas des deux candidats ne divergent pas fondamentalement sur les objectifs, les deux prétendants promettant, chacun à sa manière, d’oeuvrer à
réduire les prix,
créer des emplois et améliorer les
revenus de la classe moyenne.
Si Harris veut sévir contre les compagnies qui haussent les prix et étendre les
crédits d’impôt pour les
ménages à revenus moyens et faibles, Trump prévoit un vaste programme de réductions d’impôts, et des politiques commerciales protectionnistes, notamment contre la
Chine.
"J’ai été élevée dans une famille de la
classe moyenne, et je comprends parfaitement les besoins et la peine de ces familles”, a-t-elle dit, tout en rappelant le destin tout autre de son rival, qui a "hérité des millions de dollars et n’avait pas à se soucier des fins de mois”.
L’avortement, un autre sujet qui s’est adjugé récemment une importance toute particulière, a été l’une des plus remarquables pommes de discorde entre les deux
candidats. Harris, considérant inébranlable le droit à l’avortement, a promis d’empêcher les États d’interdire la procédure avant la viabilité du fœtus, bien que son adversaire l’a accusée de vouloir autoriser les avortements à tout moment.
La taxant de "gauchiste radicale”, Trump a dit que sa rivale voulait autoriser l’avortement "au septième, au huitième, et même au neuvième mois”, accusation que la vice-présidente a rejetée en bloc, affirmant que l’avortement "n’eu peut être autorisé que dans certains cas (...) comme l’inceste et le viol”, ou en cas de risque sur la vie de la maman.
Dans le
camp républicain, Trump, tout en s’opposant à la signature d’une interdiction fédérale de l'avortement, a réitéré que les États devraient être autorisés à adopter les restrictions de leur choix.
En matière de
politique étrangère, les visions exposées divergent tant au sujet du
Proche-Orient que la guerre entre la
Russie et
l’Ukraine ou encore sur
l’Afghanistan.
Si les deux candidats ont exprimé leur soutien à l’Etat hébreu, Kamala Harris a souligné la nécessité de parvenir à un
cessez-le-feu qui puisse mettre un terme à la guerre à Gaza, sauver les vies et garantir la libération des otages, tout en traçant la voie vers une solution à deux Etats.
De son côté, Donald Trump a affirmé que "cette guerre n’aurait même pas commencé si j’étais président”, tout comme le conflit entre la Russie et l’Ukraine. À ce sujet, Trump a réitéré sa promesse de mettre fin à ce conflit "au premier jour” de son mandat, estimant que la guerre a été déclenchée en raison du "non-respect” des leaders du monde à l’égard du président actuel des Etats-Unis et de sa vice-présidente.
Interrogé s’il croyait qu’une victoire de l’Ukraine contre la Russie était dans l’intérêt des Etats-Unis, Trump a répondu que "‘l'intérêt supérieur des États-Unis est la fin de cette guerre”.