Saloua Islah
21 Juin 2025
À 16:50
Des chercheurs de l’Université
Johns Hopkins, aux États-Unis, ont mis au point un test sanguin capable de repérer des signes de
cancer bien avant que la maladie ne se manifeste. Selon une étude publiée le 22 mai 2025 dans la revue
Cancer Discovery, ce test a permis de détecter des mutations liées au cancer jusqu’à
3,5 ans avant
le diagnostic clinique.
Ce test s’appelle
MCED, pour Multi-Cancer Early Detection. Son rôle est d’analyser
le sang à la recherche de morceaux de matériel génétique (ADN) que les tumeurs rejettent dans l’organisme, même à un stade très précoce. Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé des
échantillons sanguins issus d’une grande enquête de santé aux États-Unis appelée ARIC (Atherosclerosis Risk in Communities), initialement conçue pour étudier les maladies du cœur.
Les scientifiques ont analysé le sang de
52 personnes : 26 qui ont été diagnostiquées avec un cancer dans les six mois après le prélèvement, et 26 autres en bonne santé, utilisées pour comparer. Résultat :
8 personnes sur les 52 ont obtenu
un résultat positif au test MCED. Et toutes ces personnes ont bien été diagnostiquées avec un cancer dans les quatre mois qui ont suivi.
Mais ce n’est pas tout. Les chercheurs ont aussi retrouvé d’anciens échantillons de sang pour 6 de ces 8 patients, datant de 3,1 à 3,5 ans avant leur diagnostic. Et dans 4 de ces 6 cas, le test a déjà pu identifier la présence de
mutations cancéreuses. Cela montre qu’il est possible de détecter certains cancers plus de trois ans avant qu’ils ne provoquent des symptômes visibles.
Pour les auteurs de l’étude, ce délai de
trois ans est crucial. « Cela laisse le temps d’intervenir tôt, quand les tumeurs sont moins avancées et donc plus faciles à traiter », explique le professeur
Yuxuan Wang, principal auteur de l’étude. Une détection aussi précoce permettrait, selon lui, de réduire la gravité des traitements, voire d’augmenter les chances de guérison.
Cependant, les chercheurs précisent qu’il reste encore beaucoup à faire. Pour les professeurs
Bert Vogelstein et
Nickolas Papadopoulos, co-auteurs de l’étude, « il faudra maintenant définir ce qu’il faut faire lorsqu’un test revient positif sans aucun symptôme visible. Car détecter
une anomalie ne suffit pas : encore faut-il savoir comment la surveiller et à quel moment intervenir médicalement ».