Yousra Amrani
05 Décembre 2024
À 17:40
Comme prévu, les
groupes parlementaires de l'opposition ont voté contre le projet de loi organique n°97.15, définissant les conditions et les modalités d'exercice du
droit de grève. Ce texte a été examiné par la Commission des secteurs sociaux à la
Chambre des représentants avant d’être approuvé à la majorité à l’issue d’une réunion marathon de plus de 17 heures.
Fidèles à leur ligne politique, les partis de l’opposition ont unanimement rejeté le texte, à l'exception notable du
Mouvement populaire, qui a créé la surprise en soutenant le projet de loi. Le
Parti du progrès et du socialisme (PPS) a été l'un des premiers à exprimer son opposition, en publiant un communiqué mercredi dernier après la réunion de son bureau politique. Selon le
PPS, le
gouvernement a fait marche arrière s’agissant des avancées initialement prévues dans le cadre du projet de loi, un texte pourtant crucial pour dynamiser le débat démocratique et social. Le PPS a ainsi annoncé avoir voté contre le texte, en appelant le gouvernement à adopter une approche plus politique et plus respectueuse des
droits humains, que ce soit lors de la session plénière à la Chambre des représentants, à la
Chambre des conseillers, ou encore lors de la seconde lecture à la Chambre des représentants.
Dans une position similaire, le
Parti de la justice et du développement (PJD) a également voté contre le projet.
Mustapha Ibrahimi, député du PJD et membre de la Commission, a justifié cette décision en déclarant que le projet de loi imposait des restrictions claires à l'exercice du droit de grève. Il a souligné que la formulation du texte privilégiait les interdictions et les sanctions plutôt que la garantie d’un droit fondamental.
De son côté, l'
Union socialiste des forces populaires (USFP) a aussi rejeté le texte. Selon
Saïd Baaziz, député socialiste et membre de la Commission, cette décision découle du fait que le gouvernement n'a pas respecté l'approche de concertation qui avait été convenue avant le dépôt du texte au
Parlement. Il a également critiqué le fait que le projet n'ait pas été soumis aux institutions constitutionnelles, telles que le
Conseil national des droits de l'Homme et le
Conseil économique, social et environnemental, pour un avis préalable.
Mais contre toute attente, le Mouvement populaire a voté en faveur du texte. Le président du groupe parlementaire du parti à la Chambre des représentants,
Driss Sentissi, a expliqué, dans une déclaration accordée au «Matin», que cette décision était le fruit de l’adoption de la plupart des amendements proposés par le parti lors de la discussion du texte en commission.
En conclusion, le projet de loi organique sur le droit de grève a suscité un large éventail de réactions au sein du Parlement. Tandis que l'opposition a exprimé des réserves majeures, soulignant les restrictions et l'absence de concertation préalable, le Mouvement populaire a surpris en soutenant le texte, mettant en avant les amendements retenus. Ce différend met en lumière la tension entre les impératifs de régulation du droit de grève et les préoccupations liées à la préservation des libertés fondamentales.