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La recherche scientifique, la voie vers la résilience face aux changements climatiques au Maroc

Dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique, le Maroc fait de la recherche scientifique une priorité nationale. Lors d’un atelier organisé par le Centre de compétences en changement climatique (4C Maroc), en partenariat avec le PNUD, les acteurs clés ont souligné l’importance cruciale d’intégrer les résultats de la recherche dans les stratégies sectorielles pour renforcer la résilience du Royaume face aux impacts des changements climatiques.

29 Mai 2024 À 18:55

Le Maroc s’attaque au défi du réchauffement climatique sur plusieurs fronts, dont la recherche scientifique. Les établissements universitaires et de recherche du Royaume déploient des efforts considérables pour trouver des solutions innovantes face à cette menace complexe. Lors d’un événement phare organisé mercredi par le Centre de compétences en changement climatique (4C Maroc) et le PNUD, les grands acteurs nationaux ont dressé un panorama des avancées et défis dans ce domaine crucial.

Un enjeu bien présent dans les stratégies nationales

Venus des différents campus, instituts et établissements du Royaume, de nombreux chercheurs ont répondu présent pour cet événement dédié aux avancées de la recherche marocaine sur les changements climatiques. «Nous sommes témoins des effets dévastateurs des changements climatiques sur notre planète», a souligné d’emblée la directrice du 4C Maroc, Rajae Chafil, rappelant les tempêtes à répétition, les sécheresses prolongées et les canicules extrêmes qui secouent le globe. Face à ces menaces, le Royaume a choisi d’investir massivement dans la recherche scientifique, considérée comme «un investissement dans l’avenir de notre planète et des générations futures». Cette approche proactive se reflète dans de nombreux documents stratégiques, a affirmé Mohammed Baraoui, directeur du Climat et de la diversité biologique au ministère de la Transition énergétique. Le Plan Climat national (PCN), véritable feuille de route, s’appuie sur de «nombreuses recherches scientifiques» pour anticiper l’impact du réchauffement sur des secteurs-clés comme l’agriculture, l’eau ou les forêts. «Dans quatre des cinq piliers du PCN, la recherche scientifique est indiquée comme une mesure incontournable», a-t-il précisé. C’est le cas également au niveau du Plan national stratégique d’adaptation (PNSA) et de la Contribution déterminée au niveau national (CDN), qui appellent tout autant à un renforcement des efforts de R&D, toujours selon le même responsable.

Les université à l’avant-garde

Les universités sont en première ligne dans ce combat. Le ministère de l’Enseignement supérieur a financé 119 projets de recherche liés aux changements climatiques ces dernières années, a indiqué Abdelkader Radi, représentant de ce département. De nombreux programmes incitatifs ont été lancés, comme le PACTE ESRI 2030 qui prévoit la création d’instituts de recherche thématiques, dont certains entièrement dédiés aux enjeux climatiques et environnementaux. Une vaste campagne de bourses doctorales dans ces disciplines a également été initiée. «C’est une grande opportunité pour consolider les efforts et promouvoir la recherche scientifique alignée sur les priorités nationales», a estimé M. Radi.

Les énergies renouvelables et l’entrepreneuriat vert explorés aussi

Les efforts se concentrent également sur le volet énergétique, avec une stratégie nationale visant à développer «des technologies propres et de transition énergétique», selon Rajae Chafil. Les énergies solaire, éolienne et hydrogène sont au cœur des recherches en cours. Autre chantier d’envergure, celui de l’entrepreneuriat vert, porté notamment par l’initiative Global Cleantech. Comme l’a rappelé Ouafae Bouchouata, cheffe du service Changement climatique, ce programme mondial œuvre à la «promotion de l’innovation en matière de technologies propres» dans des secteurs-clés comme l’eau, les déchets et le bâtiment durable. Soit autant de pistes de résilience face aux aléas climatiques qui se multiplient.

Le nerf de la guerre : la visibilité et les financements

Malgré ces avancées encourageantes, les défis restent de taille. La visibilité des travaux engagés et la mobilisation des financements constituent deux enjeux majeurs, ont reconnu de nombreux intervenants. «Si ces documents de planification ont insisté sur le rôle de la recherche scientifique, il n’en reste pas moins que la visibilité sur les axes de recherche n’est pas claire et nécessite une attention particulière», a concédé Rajae Chafil, appelant à faire «converger les orientations» entre chercheurs et institutions. Au-delà des moyens financiers engagés, c’est bien «l’interface entre la recherche et la prise de décision» qui doit être renforcée, a martelé la directrice du 4C Maroc. Pour lutter efficacement contre les dérèglements en cours, il est crucial d’assurer une meilleure synergie et complémentarité entre le monde universitaire et les pouvoirs publics. «C’est uniquement en conjuguant tous ces efforts que notre pays sera pleinement outillé pour affronter les défis climatiques à venir», a-t-elle estimé, appelant à un «engagement continu» des laboratoires et des administrations concernées.

La création du «Réseau africain des Centres d’expertise en changement climatique»

Les 27 et 28 mai 2024, le 4C Maroc, avec l’appui du PNUD Maroc, a donné naissance au «Réseau africain des Centres d’expertise en changements climatiques» (RACECC). Cette initiative fait suite à l’exacerbation des perturbations climatiques qui frappent durement le Maroc et l’Afrique, avec des conséquences dévastatrices pour les écosystèmes, les populations et les économies du continent. Lors de cette réunion de lancement à Casablanca, deux thématiques majeures ont été abordées : le financement des pertes et préjudices liés au réchauffement, ainsi que la création d’emplois verts en lien avec les politiques climatiques. Une dizaine de centres africains et internationaux œuvrant dans le domaine ont participé à la réunion, comme l’African Climate Policy Centre, l’Observatoire du Sahara et du Sahel ou encore le Global Center on Adaptation.
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