LE MATIN
23 Juillet 2025
À 15:34
Le ministre de l’Intérieur,
Abdelouafi Laftit, a défendu mardi à la
Chambre des conseillers la stratégie nationale de gestion des
chiens errants. Insistant sur le respect du
bien-être animal, il a souligné que les opérations menées sur le terrain s’appuient sur une approche intégrée, en partenariat avec les
collectivités territoriales, les
associations de protection animale et les
institutions sanitaires.
Cette déclaration intervient dans un contexte où le Royaume est la cible, selon le ministre, de
campagnes médiatiques «systématiques» cherchant à ternir son image à l’international. Ces critiques, centrées sur le sort des chiens errants, seraient selon lui «infondées» et «déconnectées des efforts déployés sur le terrain pour concilier
protection animale et sécurité publique».
Une loi-cadre et un accord interinstitutionnel
Abdelouafi Laftit a rappelé que la Loi n° 19.25, régissant la gestion des animaux errants, vise à trouver un équilibre entre la protection de ces animaux et la prévention des risques sanitaires ou sécuritaires qu’ils peuvent poser. Cette législation garantit le droit à la vie des animaux tout en préservant la sûreté des citoyens.
Sur le plan opérationnel, la stratégie actuelle repose sur un accord-cadre signé en 2019 entre le ministère de l’Intérieur, le ministère de la Santé et de la Protection sociale, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) et l’Ordre national des vétérinaires. Cet accord privilégie une approche de stérilisation chirurgicale et de vaccination des chiens errants, notamment contre la rage, dans le but de limiter leur reproduction et de stabiliser progressivement leur population.
Des budgets conséquents et des centres spécialisés
Pour accompagner cette stratégie, l’État a mobilisé près de 240 millions de dirhams au cours des cinq dernières années. Ce financement a permis la construction et l’équipement de centres d’accueil pour animaux errants conformes aux normes internationales, ainsi que l’acquisition de matériels spécialisés pour leur capture, stérilisation et identification. Le ministre a également indiqué que plusieurs circulaires ont été émises pour inciter les collectivités locales à renforcer leur dispositif, notamment en créant et en équipant des centres de collecte et d’hébergement. Ces structures doivent s’appuyer sur des équipes qualifiées, capables d’opérer dans le respect du bien-être animal. Une attention particulière est portée aux animaux déjà stérilisés et numérotés, qui ne sont plus collectés.
Des dispensaires animaliers dans tout le Royaume
Au volet sanitaire s’ajoute un programme d’envergure de création de «dispensaires animaliers». À fin juillet, plus de 20 unités sont programmées, dont celle de Rabat, déjà opérationnelle. Cinq autres – à Casablanca, Tanger, Marrakech, Agadir et Oujda – sont en cours de finalisation, avec un taux d’avancement supérieur à 95%. D’autres projets sont en cours à Ifrane, Sidi Slimane, Kénitra, Errachidia, Khémisset, Médiouna et dans la préfecture de M'diq-Fnideq. Par ailleurs, sept dispensaires supplémentaires sont à l’étude, notamment à Dakhla, Fès, Chichaoua, Taroudant, Fahs Anjra et Sidi Kacem.
Un complexe vétérinaire mobile, modèle d’intervention
Dans un souci d’adaptabilité aux réalités territoriales, les autorités ont également lancé la construction d’un complexe vétérinaire mobile à Kénitra. Pensé comme un outil flexible, ce centre pourra se déplacer d’une région à l’autre selon les besoins, notamment dans les zones dépourvues d’infrastructures vétérinaires permanentes. Il offrira une palette complète de services : vaccination, traitement, stérilisation, et hébergement temporaire. M. Laftit y voit un modèle d’intervention efficace et prometteur, qui pourrait, après évaluation, être généralisé à l’échelle nationale.
Lutte contre la rage : un dispositif renforcé
La prévention de la rage constitue un autre pilier du dispositif. Le ministère de l’Intérieur transfère chaque année 40 millions de dirhams à l’Institut Pasteur du Maroc, destinés à l’acquisition de vaccins et de sérums. Ces produits sont ensuite distribués par le ministère de la Santé à travers 565 centres de santé, notamment dans les zones rurales. Les collectivités locales, de leur côté, mobilisent un montant équivalent – soit 40 millions de dirhams annuellement – pour approvisionner leurs propres structures sanitaires, au nombre de 115, avec ces produits essentiels.