Yousra Amrani
21 Novembre 2025
À 17:50
Les cinq
syndicats de l’enseignement les plus représentatifs sont de nouveau montés au créneau pour exprimer leur profonde inquiétude face à ce qu’ils considèrent comme une gestion unilatérale par le ministre de l’Éducation du
projet de loi-cadre relatif à l’enseignement scolaire. Réunis au cours de cette semaine à Rabat, dans le cadre d’une rencontre de dialogue social consacrée à l’examen de ce texte stratégique, les représentants syndicaux ont estimé que le ministère avait élaboré le projet sans concertation réelle ni prise en compte de leurs propositions.
Rejet du projet de loi-cadre et demande de son retrait immédiat
Dans le communiqué publié à l’issue de cette rencontre, les syndicats ont ainsi exprimé leur regret que le ministère ait agi seul dans la rédaction de ce projet législatif, ignorant les remarques des organisations professionnelles et les attentes des personnels. Ils ont ainsi demandé une révision immédiate du projet, estimant qu’il ouvrait la voie à des choix «dangereux» pour l’avenir de l’école marocaine et compromettait la stabilité professionnelle des enseignants. Les centrales syndicales se sont dites également préoccupées par ce qu’elles décrivent comme une démarche «opaque» et un manque d’écoute du ministère, qu’elles accusent de vouloir faire passer un texte structurant sans véritable débat national.
Désaccord sur l'article 68 et dénonciation des «provocations» du ministre
Les syndicats ont exprimé dans ce cadre leur mécontentement face à la position du ministre sur l’article 68, relatif à l’aménagement du temps de travail des enseignants, rejetant dans ce sens «toute tentative d’imposer discrétionnairement» des horaires supplémentaires ou des modifications substantielles des obligations professionnelles sans négociation préalable. Le document a également dénoncé «des déclarations provocatrices» du ministre de tutelle, qui, selon eux, cherche à attribuer aux enseignants la responsabilité des dysfonctionnements structurels du système éducatif.
Inquiétudes face à l’absence de concertation et au blocage du dialogue social
Les organisations syndicales ont affirmé par ailleurs que le dialogue sectoriel se trouvait aujourd’hui dans une impasse, en raison d’une communication ministérielle jugée unilatérale. Elles ont ainsi appelé le gouvernement à un «retour urgent à la table des discussions», dans un cadre transparent, basé sur la confiance et le respect des engagements antérieurs, qui demeurent partiellement appliqués. Les syndicats ont également exigé l’ouverture de négociations sur l’ensemble des dossiers en suspens, qu’il s’agisse des statuts, des promotions, des indemnisations ou des revendications des différentes catégories du personnel scolaire.
Renforcement de la coordination syndicale : une priorité réaffirmée
Au-delà des critiques adressées au ministère, les centrales ont affirmé par ailleurs leur volonté de consolider une coordination intersyndicale renforcée, considérée comme essentielle face à la multiplication des tensions sociales dans le secteur. Elles ont salué, à cette occasion, l’unité retrouvée entre les cinq organisations, qui, selon elles, représente «un outil décisif» pour défendre les droits des enseignants, protéger les acquis sociaux et empêcher toute décision unilatérale pouvant fragiliser le système éducatif.
Un appel à la mobilisation nationale
Dans le même esprit, les syndicats ont invité leurs adhérents à maintenir leur mobilisation et leur vigilance, tout en exhortant les autorités à garantir la paix sociale au sein de l’école publique, alors que l’année scolaire est déjà marquée par de multiples tensions. Ils ont averti que la situation pourrait donner lieu à de nouvelles actions ou formes de protestation, selon l’attitude du ministère et l’évolution du dialogue social. Sur cette base, les syndicats ont adopté une série de résolutions, réaffirmant leur attachement à un processus participatif et à la préservation des acquis du corps enseignant. Ils ont appelé à une révision du projet de loi-cadre dans le sens d’une plus grande transparence, à l’ouverture d’un dialogue structuré sur les points de divergence, ainsi qu’à la nécessité de garantir les droits professionnels et statutaires des enseignants.