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L’IA doit être érigée en composante essentielle du développement durable de l’Afrique (Experts)

Les intervenants lors de la cérémonie d’ouverture du Forum de haut niveau sur l’intelligence artificielle ont plaidé, lundi à Rabat, pour l’instauration de l’IA en composante essentielle d’un développement durable et démocratique de l’Afrique.

Ph. Saouri

03 Juin 2024 À 18:58

Placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ce conclave international de trois jours est initié par l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) à travers son Centre international d’intelligence artificielle du Maroc «AI Movement», en partenariat avec l’Unesco, et connaît la participation des représentants de plus de 30 pays, dont une quinzaine de pays africains, dans l’objectif de poser les jalons d’une stratégie africaine dédiée à l’IA.

Intervenant à cette occasion, le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, a indiqué que l’IA était en train de révolutionner de nombreux secteurs avec des avancées très rapides, soulignant que le continent africain ne pouvait pas rester spectateur de ces développements. Le ministre a, par ailleurs, relevé la place de l’IA dans le secteur de l’éducation, soulignant que l’émergence de cette innovation impacte fortement les réformes entreprises en matière d’enseignement, à travers notamment ses possibles utilisations en matière de maîtrise des savoirs fondamentaux, de facilitation du travail de l’enseignant dans la classe et de solutions de tutorat personnalisées pour les élèves. Ainsi, l’IA peut, selon lui, aider à l’acquisition de nouveaux apprentissages, dont les langues, à travers des outils conversationnels basés sur l’IA, avec des opportunités considérables dans plusieurs domaines, dans une complémentarité utile et non un remplacement de l’enseignent, à travers un déploiement conditionné par des expérimentations probantes.



De son côté, l’ambassadeur, directeur général de l’Agence marocaine de la coopération internationale (AMCI), Mohamed Methqal, a mis en avant l’engagement du Royaume et son leadership en matière de développement de l’IA en agissant, à travers le centre «AI Movement» de l’UM6P, pour la promotion de recherches innovantes à même de faire face aux problématiques auxquelles fait face le continent africain. Toutefois, M. Methqal, qui est également président du Réseau francophone des acteurs Sud-Sud et de la coopération tripartite, a relevé la prédominance de seulement deux langues dans le développement de l’IA (l’anglais et le mandarin), tout en plaidant pour la promotion des langues africaines dans ce domaine, à même de servir la complémentarité entre les différentes initiatives pour une action commune, intégrée et non fragmentée au service du développement de l’Afrique.

Pour sa part, le président de l’UM6P, Hicham El Habti, a indiqué que l’IA était un élément indispensable dans le développement et la promotion de plusieurs domaines, dont la santé et l’éducation, afin de répondre aux besoins des communautés. De même, il a plaidé pour un leadership du Maroc et de l’Afrique en matière d’IA, en vue de favoriser son utilisation au service d’un développement durable et démocratique.

Le sous-directeur général de l’Unesco pour la communication et l’information, Tawfik Jelassi, a, quant à lui, salué l’impact significatif du développement de l’IA au Maroc et en Afrique, tout en se disant confiant du potentiel transformateur de l’IA pour l’Afrique. L’Unesco est engagée à soutenir le développement et l’utilisation de l’IA en Afrique, a-t-il relevé, soulignant la nécessité d’une innovation de rupture et un nouveau paradigme en matière d’apprentissage et d’éducation et un besoin crucial de sécuriser les données privées et l’utilisation du cyberespace.

Cette cérémonie d’ouverture a été marquée par la signature d’un accord de partenariat officialisant le lancement à Rabat, sous l’égide de l’Unesco, de l’«AI Movement», le premier Centre IA de catégorie II en Afrique. Cet accord a été paraphé par la présidente exécutive du Centre international d’intelligence artificielle du Maroc, «Ai movement» relevant de l’UM6P, Amal El Fallah Seghrouchni, le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, et le sous-directeur général de l’Unesco pour la communication et l’information, Tawfik Jelassi.

«AI Movement» est un centre de recherche et développement créé en mars 2021 par l’UM6P, avec pour ambition d’être un hub régional de l’IA sur le continent africain. Dans cette lignée, il a été désigné centre de catégorie II de l’Unesco, en novembre 2023 et, par conséquent, reconnu centre d’excellence dans le domaine de l’IA et des sciences de données au niveau du continent africain.

Amal El Fallah Seghrouchni : le développement d’une IA de confiance, un besoin croissant pour l’Afrique

La présidente exécutive du Centre international d’intelligence artificielle du Maroc, «AI Movement», relevant de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), Amal El Fallah Seghrouchni, a souligné, lundi à Rabat, le besoin croissant de développer une intelligence artificielle de confiance en Afrique. S’exprimant à l’ouverture du Forum de haut niveau sur l’intelligence artificielle, initié sous le thème «L’intelligence artificielle comme levier de développement en Afrique», Mme Seghrouchni a indiqué que le développement d’une IA de confiance en Afrique reposait sur la responsabilité, la performance, la robustesse, la qualité de données, l’équité, l’explicabilité, la frugalité et le contrôle des dérives. Elle a, à cet égard, expliqué l’effet de l’IA de confiance sur l’acceptabilité sociale, à travers l’évolution des emplois, l’acceptabilité du partage d’autorité, la transparence des algorithmes, l’encadrement des usages et des recherches en IA et la large implication de la société dans le débat sur l’IA.

Sur le volet de l’éducation, Mme Seghrouchni a précisé que l’IA agissait comme un substitut direct, sans changement fonctionnel, qui permet de redéfinir les tâches de manière significative et de créer de nouvelles fonctionnalités. Pour les enseignants, a-t-elle poursuivi, il s’agit d’inverser la pyramide des tâches et d’initier une transformation systémique de l’éducation, en assistant l’enseignant, avant, pendant et après le cours, à la faveur d’une automatisation partielle des tâches nécessitant une expertise pédagogique et une automatisation entière des tâches répétitives.

Mme Seghrouchni a, d’autre part, mis l’accent sur l’importance d’établir une gouvernance de l’IA en Afrique, pour répondre aux enjeux éthiques, de la réglementation, de la gestion des données, de l’acceptabilité sociale, de la responsabilité, de l’impact sur l’emploi, de la transparence et de l’interopérabilité. «AI Movement» propose une nouvelle approche pour développer une IA d’excellence qui s’articule autour de sept piliers en interaction pour créer un écosystème favorable à l’IA et pour maximiser l’impact, à savoir la formation, la recherche et le développement, l’innovation, le transfert, les études stratégiques, les collaborations nationales et internationales et les domaines, a-t-elle dit.

La présidente exécutive de «AI Movement» a également saisi l’occasion pour mettre en avant les objectifs de ce Forum, en l’occurrence «faire l’état des lieux du développement de l’IA en Afrique, penser la gouvernance de l’IA, selon les priorités africaines, soutenir la mise en place d’une stratégie commune pour l’IA en Afrique et lancer des initiatives de renforcement des capacités pour le secteur public, le pouvoir judiciaire, le pouvoir législatif, la jeunesse et les femmes».

Placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ce conclave international de trois jours est initié par l’UM6P, à travers «AI Movement», en partenariat avec l’Unesco, et connaît la participation des représentants de plus de 30 pays, dont une quinzaine de pays africains, dans la finalité de poser les jalons d’une stratégie africaine dédiée à l’IA.
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