LE MATIN
09 Novembre 2025
À 18:40
La présentation par
Abdelouafi Laftit du projet de budget sectoriel du
ministère de l’Intérieur pour 2026 a mis en lumière une feuille de route structurée autour de trois impératifs : garantir la
transparence des prochaines élections, refonder la
gouvernance territoriale et sécuritaire, et combattre vigoureusement le
détournement de biens publics.
Le ministre a averti que toute personne s’étant illégalement accaparée un
bien public sera contrainte de le restituer. L’opération, initiée à Casablanca, sera étendue à toutes les villes sans exception. « Quiconque s'est emparé d'un terrain ou du moindre dirham devra le restituer, car il sera sévèrement sanctionné », a-t-il martelé, appelant les élus à s’engager davantage dans la protection des biens publics.
Sur le volet électoral, le ministre a insisté sur la nécessité de mener une consultation politique approfondie pour assurer une compétition saine et équitable entre partis. À la suite des orientations du
Discours du Trône, le ministère a tenu plusieurs réunions avec les formations politiques, débouchant sur l’élaboration de trois projets de loi : un concernant la
Chambre des représentants, un deuxième sur les
partis politiques, et un troisième relatif aux
listes électorales, aux référendums et à l’usage des médias publics en période de campagne. Ces textes sont actuellement engagés dans le processus législatif.
Le ministère a également annoncé l’octroi du soutien annuel aux partis politiques éligibles pour l’année 2025, tout en les invitant à régulariser leurs situations comptables conformément aux observations de la
Cour des comptes. Concernant la représentation féminine, le fonds dédié a financé en 2025 un total de 90 projets sur 200 présentés, couvrant 67 préfectures et provinces, pour un montant global de 16,8 millions de dirhams, dont 12 millions pris en charge par le fonds.
En matière de
gouvernance territoriale,
Laftit a annoncé le lancement en 2026 d’une nouvelle génération de programmes de développement, fondés sur une logique ascendante : le diagnostic des priorités se fera à l’échelle locale avant la définition des politiques publiques. Ce cadre vise à renforcer la cohérence, améliorer l’impact des projets et garantir une meilleure articulation entre programmes nationaux et besoins territoriaux. Une attention particulière sera portée aux zones montagneuses, territoires ruraux enclavés et centres émergents, avec un accent sur
l’emploi local et
l’investissement.
La nouvelle approche accompagnera les grands chantiers nationaux, qu’il s’agisse de la lutte contre le
stress hydrique, de la
souveraineté alimentaire, ou encore du développement des
transports urbains et ferroviaires.
L’actualisation de l’appareil sécuritaire constitue un autre pilier de la trajectoire 2026. Dans un contexte marqué par les risques terroristes, les flux migratoires irréguliers et la montée des menaces cybernétiques, le ministère poursuit la modernisation de ses outils et le renforcement des
ressources humaines. Laftit a fait état d’un taux de résolution pénale de 91 % durant les huit premiers mois de 2025, avec près de 500 000 mises en cause présentées à la justice. Cette performance est en partie attribuée à l’intégration de technologies avancées, dont
l’intelligence artificielle, la numérisation des procédures, l’usage de caméras embarquées par la police, de drones de surveillance et la création d’unités dédiées à la lutte contre la
cybercriminalité.
Depuis 2002, plus de 200 cellules terroristes ont été démantelées, dont trois en 2025, a rappelé le ministre, tout en mettant l'accent sur le rôle « pionnier » du Maroc sur la scène internationale en matière de coopération sécuritaire, citant plusieurs opérations visant des pays partenaires.
Pour 2026, le budget global du ministère de l’Intérieur devrait s’élever à 54,86 milliards de dirhams, dont 45,19 milliards pour le fonctionnement — dont 39,83 milliards consacrés aux effectifs — et 9,66 milliards pour l’investissement. Les crédits alloués aux comptes spéciaux atteignent 75,7 milliards de dirhams, comprenant notamment la part de TVA des collectivités (57,6 milliards), les transferts aux régions (9 milliards) ainsi que des fonds dédiés au transport routier, à l’équipement et à la lutte contre le chômage (2 milliards). Treize mille nouveaux postes budgétaires seront créés en 2026.
Avec cette feuille de route, le ministère entend donner une nouvelle impulsion à la transparence du jeu politique, renforcer la gouvernance territoriale depuis sa base citoyenne et assainir l’usage du foncier public, tout en consolidant les capacités de sécurité intérieure à l’ère de l’intelligence artificielle.