À la suite des échanges, le président de l’Université Mohammed V, Mohamed El Rhachi, a mis en lumière l’enjeu d’une formation académique à la fois cohérente et répondant aux attentes des étudiants, aux besoins des patients et aux exigences de la société. Il s’agit, selon lui, de penser la formation médicale comme un ensemble articulé, capable de répondre aux mutations du système de santé sans perdre de vue sa vocation première.
En écho, le doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, Brahim Lekehal, a souligné que cette rencontre marquait une étape déterminante dans l’édification d’un modèle national renouvelé de formation médicale. Un modèle qui s’inscrit dans la continuité des réformes engagées aux premier et deuxième cycles, tout en ouvrant la voie à une modernisation plus cohérente et mieux structurée de l’ensemble du parcours de formation.
Sur un plan plus structurel, le secrétaire général du ministère de la Santé et de la protection sociale, Abdelkrim Meziane Belfkih, a replacé la réforme du troisième cycle dans l’architecture d’ensemble dessinée par la loi-cadre n°06-22 et la refonte en cours du système de santé. L’enjeu, a-t-il souligné, consiste à aligner étroitement la formation des spécialistes sur les besoins concrets du terrain, tels qu’ils se révèlent à travers la nouvelle gouvernance sanitaire régionale, afin de former des profils pleinement aptes à s’insérer au sein des Groupements sanitaires territoriaux.
À ce titre, M. Belfkih a mis en avant la nécessité de repenser l’architecture des parcours de spécialisation, tant dans leur durée que dans leurs contenus et leur organisation, pour instaurer des formations plus souples et favoriser une répartition territoriale plus équilibrée des spécialistes. À cette refonte s’adosse, selon lui, un impératif tout aussi déterminant : la valorisation des ressources humaines, à travers la sécurisation des parcours et le renforcement de l’encadrement, conditions indispensables à la réussite de la réforme.
Enfin, il a attiré l’attention sur l’impact structurant de la transformation digitale du système de santé. Le déploiement du dossier médical partagé, le développement de la télémédecine et l’intégration croissante des outils numériques appellent, dès le troisième cycle, une mise à niveau anticipée des compétences. Cette évolution, a-t-il conclu, participe pleinement d’une logique de souveraineté sanitaire, le renforcement des capacités de formation étant appelé à jouer un rôle central dans la généralisation de la protection sociale et la consolidation d’un système de santé résilient, équitable et durable.
Des livrables structurants pour refonder le cycle des spécialités
Au terme des travaux, un corpus de livrables de référence a pris forme, venant traduire concrètement les orientations débattues. Ils portent, en premier lieu, sur le statut des stagiaires des Facultés de médecine, de pharmacie et d’odontologie – observateurs, externes, internes et résidents – au sein des établissements relevant des groupements sanitaires territoriaux. À cette première ossature s’ajoutent les régimes des études et des examens conduisant aux diplômes de spécialité médicale, pharmaceutique, biologique et odontologique, les listes des spécialités et leurs durées de formation, ainsi que l’harmonisation, à l’échelle nationale, des contenus pédagogiques.
Au-delà de leur portée normative, ces livrables s’accompagnent de recommandations transversales visant à rehausser la qualité des formations spécialisées et à les ajuster plus finement aux besoins effectifs du système de santé. Par ce biais, le troisième cycle change de statut : il cesse d’être un simple prolongement académique pour s’affirmer comme l’un des leviers structurants de la réforme sanitaire engagée.