Yousra Amrani
11 Décembre 2024
À 18:20
La protection de la
vie privée des citoyens face à la montée des abus sur les
réseaux sociaux s’impose désormais comme une priorité. Ce défi revêt une acuité particulière, alors que les comportements diffamatoires, les atteintes à la réputation et les intrusions dans la vie personnelle se multiplient, souvent sous le prétexte de la liberté d’expression. Face à cette menace croissante, le
gouvernement marocain intensifie ses efforts pour réguler l’
espace numérique et garantir les droits fondamentaux des citoyens.
Dans ce contexte, le ministre de la Justice,
Abdellatif Ouahbi, a exprimé mardi son indignation face à ces dérives. Intervenant lors de la séance des questions orales à la
Chambre des conseillers, le responsable gouvernemental a annoncé que le prochain
Code pénal marocain inclurait des dispositions explicites pour sanctionner les atteintes à la vie privée et à la dignité des citoyens. Selon lui, l’utilisation des réseaux sociaux pour diffamer ou déstabiliser des individus n’est pas seulement une faute morale, mais une véritable infraction qui appelle des réponses légales strictes. Le ministre a également pointé du doigt les motivations financières derrière de tels agissements. «Ceux qui se livrent à de telles pratiques sur les
plateformes numériques tirent souvent des bénéfices financiers de ces agissements», a-t-il déploré, exhortant les victimes à se tourner vers la justice, critiquant l’inaction de certains acteurs face à ces abus et insistant sur la nécessité d’une mobilisation collective pour y mettre un terme.
Souhaitant clarifier les rôles des
journalistes et des «
youtubeurs», le ministre a souligné l’importance de faire la distinction fondamentale entre les journalistes professionnels et certains
créateurs de contenu sur des plateformes comme
YouTube. «Le journaliste, bien qu’il puisse commettre des erreurs, respecte une éthique et ne cherche pas à calomnier ou à déformer les faits. En revanche, certains individus se cachent derrière le titre de journaliste pour perpétrer des délits et obtenir des gains financiers, ce qui est inacceptable», a-t-il déclaré.
Pour répondre à ces dérives, le ministre a annoncé de nouvelles mesures intégrées dans le futur Code pénal visant à protéger les familles marocaines, les valeurs sociétales et la moralité publique contre les abus des réseaux sociaux. Toutefois, il a précisé que ces mesures ne visaient pas à restreindre la
liberté de
critique journalistique lorsqu’elle est exercée avec honnêteté et qu’elle est constructive, mais à contrer son utilisation malveillante.
Dans un avertissement ferme, Abdellatif Ouahbi a mis en garde contre les dérives liées à une interprétation excessive de la liberté d’expression. «Personne ne peut se permettre de dire tout ce qu’il veut en se cachant derrière la liberté d’expression. Toute personne qui enfreint la loi en portant atteinte à la dignité, à la liberté ou à la réputation d’autrui devra faire face à la justice», a-t-il affirmé, dénonçant ainsi le populisme excessif de plus en plus présent sur les réseaux sociaux, désormais considéré comme une menace majeure pour les
droits de l’Homme, du fait qu’il est souvent utilisé comme un prétexte pour porter atteinte à la dignité des personnes.
Enfin, le ministre a réaffirmé l’engagement du Maroc à protéger les droits de l’Homme, tout en rejetant fermement toute exploitation de cette cause à des fins politiques ou de chantage. Les nouvelles mesures annoncées par le ministre de la justice marquent désormais une étape cruciale dans la régulation de l’
espace numérique, traçant une ligne claire entre liberté d’expression et respect des droits fondamentaux.