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Projet de loi sur la grève : l’UMT maintient une position ambiguë

Décidément, l’Union marocaine du travail ne sait plus sur quel pied danser. Après avoir boycotté, mercredi dernier, une réunion des syndicats avec le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, Younes Sekkouri, et publié un communiqué cinglant dénonçant l’absence de volonté sincère pour un dialogue constructif et des négociations sérieuses, l’Union dirigée par Miloudi Moukharik a assisté, mais à moitié seulement, aux débats en commission sur le projet de loi sur les modalités et conditions de la grève. Si cinq membres de son groupe parlementaire se sont retirés au cours de la séance, leur président, Noureddine Souleik, lui, est resté jusqu’à la fin de la séance, laissant planer un flou incompréhensible sur la véritable position de l’UMT vis-à-vis de ce texte de loi.

09 Janvier 2025 À 19:22

Alors que l’on s’attendait à une attitude ferme et sans équivoque de l’Union marocaine du travail (UMT), lors de l’examen hier en Commission du projet de loi sur le droit de grève, le syndicat a adopté, contre toute attente, une position ambiguë voire incompréhensible. Pourtant, mercredi, il s’était fendu d’un communiqué incendiaire où il disait tout le mal qu’il pensait dudit texte de loi. Auparavant, il avait boycotté une rencontre ayant réuni le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, Younes Sekkouri, et les syndicats les plus représentatifs sur la même question.



Ainsi, contre toute attente, le groupe parlementaire de l’UMT a répondu présent à la réunion à la Chambre des conseillers, mais son comportement a été pour le moins équivoque. Les six membres du groupe ont pris part au début de la séance, avant que cinq d’entre eux ne quittent soudainement la salle après avoir pris soin de signer la feuille de présence. Le président du groupe, Noureddine Souleik, a choisi de rester jusqu’à la fin des débats.

Un pied dedans, un pied dehors

Selon des sources ayant assisté à cette réunion, le conseiller UMT Miloud Maâssid a pris la parole à l’ouverture de la réunion pour annoncer la décision de retrait de son groupe, tout en confirmant la présence de son président, Noureddine Souleik, comme représentant officiel. M. Maâssid a justifié cette démarche par la volonté de respecter les engagements pris par les formations syndicales lundi dernier, notamment l’engagement de participer à la réunion de la Commission, jeudi. Dans son intervention, il a également souligné que l’UMT restait attachée au dialogue, rappelant qu’elle avait déjà soumis un mémorandum au gouvernement, proposant des amendements substantiels au projet de loi. Après ces déclarations, M. Maâssid a quitté la salle, suivi des autres membres du groupe parlementaire, laissant M. Souleik poursuivre les travaux en solitaire.

Une posture ambiguë qui intrigue

Cette démarche, qualifiée d’ambiguë par plusieurs observateurs, a suscité des interrogations sur la véritable position de l’UMT à l’égard des dispositions du texte de loi sur la grève en discussion. Une source syndicale confie  : « Au moment où l’on s’attendait à ce que l’UMT sabote les travaux de la commission ou boycotte cette réunion, notamment après la publication d’un communiqué sévère la veille annonçant son boycott de la réunion du mercredi avec le ministre, il est surprenant de voir que le groupe était présent. Et même si certains membres se sont retirés, la présence de leur président prête à confusion. Cela soulève des doutes sérieux sur la position réelle de l’UMT vis-à-vis de cette loi. »

Un boycott annoncé mais partiellement suivi

Pour rappel, le secrétariat national de l’UMT avait, dans un communiqué officiel publié mercredi, annoncé son boycott de la réunion convoquée mercredi soir par le ministre Younes Sekkouri. Ce rendez-vous, fixé à 18 heures, intervenait à la veille de la présentation du projet de loi organique n°15-97, déterminant les conditions et modalités d’exercice du droit de grève, devant la Chambre des conseillers. Dans son communiqué, le syndicat avait dénoncé l’absence d’un ordre du jour clair et le manque de volonté sincère de la part du ministère pour engager un dialogue constructif et des négociations sérieuses. L’UMT exigeait que les discussions tournent autour des propositions formulées dans le mémorandum soumis par ses représentants. Bien que la posture de l’Union soit intrigante, le choix d’assister, ne serait-ce qu’à moitié, à la réunion de jeudi témoignerait selon des observateurs d’une certaine flexibilité, voire de la volonté de maintenir la porte entrouverte au dialogue, malgré la tonalité intransigeante du communiqué.
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