LE MATIN
02 Décembre 2025
À 12:50
La journée parlementaire de lundi avait commencé dans un climat studieux, marqué par les interventions successives d’
Ahmed Toufiq, d’
Azzedine El Midaoui et d’
Amal El Fallah Seghrouchni. Mais c'est au moment où le ministre de la Justice,
Abdellatif Ouahbi, prend la parole, que l’ambiance bascule brusquement. En quelques minutes, la
Chambre des représentants se transforme en scène d’affrontements verbaux, culminant en un incident rarissime qui contraint le président à suspendre la séance.
Tout part d’un échange autour du projet de loi sur la profession des
adouls. Une députée du
Parti de la justice et du développement (PJD) interpelle le ministre, estimant que son texte constitue « un recul », « une remise en cause des garanties » et même « une atteinte au principe constitutionnel de la parité ». La critique est ferme mais reste dans les usages parlementaires. La réponse du ministre, elle, déclenche l’embrasement. Sans détour, Ouahbi lance : « Vous nous lisez un communiqué du Conseil de la révolution avant même de lire le texte de loi ». Cette phrase, jugée méprisante par les députés du PJD, met aussitôt le feu aux poudres.
Abdelssamad Haiker demande une prise de parole sur un point d’ordre, exigeant le retrait de la phrase. Les protestations montent et les voix s’élèvent. Les présidents de groupe tentent d’intervenir, mais la situation leur échappe. Haiker insiste, le président de séance refuse, la tension grimpe encore. En quelques secondes, l’échange dégénère : affrontement verbal direct entre Ouahbi et plusieurs députés, gestes brusques, cris qui résonnent sous la coupole. Le président de la séance Driss Chtibi finit par suspendre la séance et ordonne aux huissiers d’expulser Haiker — une décision qui exacerbe davantage l’atmosphère.
Selon des vidéos tournées après la suspension de la séance, l’atmosphère dans la salle n’a fait que se détériorer. Les cris et les invectives ont continué de fuser entre Ouahbi et plusieurs députés du PJD, malgré la tentative du président de la séance de mettre fin aux hostilités. La dispute, initialement verbale, semblait prête à glisser vers un affrontement physique, tant la tension était palpable.
Selon les mêmes images, c’est finalement le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, qui a dû intervenir pour ramener un semblant de calme dans l’hémicycle. Une scène inhabituelle qui a mis en lumière l’extrême nervosité d’une séance pourtant consacrée aux questions orales hebdomadaires, et qui a depuis agité l’opinion ainsi que les milieux politiques.