Hicham Oukerzaz
07 Février 2024
À 18:17
L'agitation hostile de l'
Afrique du Sud envers le Maroc, faute d’atteindre ses objectifs malveillants, met Pretoria face aux limites de ses manœuvres. En invitant l'Envoyé personnel du SG de l’
ONU pour le
Sahara, elle a tenté encore une fois de se mêler de la cause nationale, sans pour autant se soucier de son poids réel. En effet, et comme l’a souligné le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger,
Nasser Bourita, «l'Afrique du Sud était et restera un acteur marginal dans la question du
Sahara marocain et une voix dissonante, sans aucune influence, ni poids, dans ce dossier».
Et Pretoria n'en est pas à sa première manœuvre hostile au Maroc au sujet de son Sahara. En mars 2023 par exemple, l’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU,
Omar Hilale, a dénoncé, dans deux lettres adressées au Secrétaire général de l’ONU et au président et aux membres du Conseil de sécurité, la complicité de l’Afrique du Sud avec l’Algérie et le «polisario». Réagissant à une lettre diffusée par la Mission permanente de l’Afrique du Sud auprès de l’ONU sur le Sahara marocain, M. Hilale a souligné que le Royaume du Maroc «regrette profondément que l’Afrique du Sud se prête, une fois encore, au rôle de facteur d’un groupe séparatiste armé, dont les connexions avec le terrorisme au Sahel sont avérées».
De même, en août dernier, et à l'occasion du sommet des BRICS en Afrique du Sud, Pretoria avait pris soin d'inviter des entités sans légitimité, dans le but d'envoyer des messages politiques pro-Polisario sur le dos des BRICS. Mais la diplomatie marocaine a étouffé dans l'œuf ces menées perfides de Pretoria, qui allait ainsi mouiller les autres membres de ce groupement économique d’envergure.
Comment expliquer cette hostilité sud-africaine ?
Selon le professeur de sciences économiques, sociales et politiques à l'Université Mohammed V de Rabat et ancien économiste chez Bank Al-Maghrib, Dr Talal Cherkaoui, «l'hostilité de l'Afrique du Sud envers le Maroc n’est pas une nouveauté, mais plutôt une composante historique et persistante de ses relations internationales». Ainsi, explique M. Cherkaoui, «il est légitime de se poser la question suivante : dans quelle mesure les relations historiques influent-elles sur les actions actuelles de l'Afrique du Sud ? Depuis plusieurs décennies maintenant, l'Afrique du Sud, aux côtés de l'Algérie, s'est érigée en adversaire acharné de l'intégrité territoriale du Maroc. Cette animosité trouve ses racines dans des intérêts politiques et idéologiques dépassés, hérités de la Guerre froide, où l'ANC au pouvoir en Afrique du Sud et le régime algérien ont adopté une rhétorique tiers-mondiste anti-occidentale».
«Malgré le soutien historique et significatif apporté par le Maroc à la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud, notamment par le biais de financements, d'armes et d'entraînements, l'ANC semble avoir tourné le dos à cette gratitude passée, tout comme Alger», souligne le professeur de sciences économiques, sociales et politiques, notant que «les intérêts économiques et géopolitiques semblent désormais dicter les actions de l'Afrique du Sud, qui cherche à affaiblir le rôle du Maroc sur la scène africaine pour consolider son propre leadership régional».