Régions

Affaire de cession illégale des biens de l'État à Marrakech, début des interrogatoires

Le juge d'instruction chargé des crimes financiers au tribunal d'appel de Marrakech, Youssef El Zitouni, a entamé ce lundi les sessions d'interrogatoire préliminaire, qui se poursuivront jusqu'au neuf mai courant, pour quatre élus, dans le cadre de l'enquête en cours relative à une affaire de cession de terrains appartenant à l'État au profit d'hommes politiques et de promoteurs immobiliers.

06 Mai 2024 À 17:55

Your browser doesn't support HTML5 audio

Il s'agit, rapporte "Assahra Al Maghribia, du dénommé "M.A.L.", l'ancien maire de Marrakech qui a occupé ce poste de 2015 à 2021, soupçonné d'avoir commis des crimes de "détournement de fonds publics confiés à un agent public dans l'exercice de ses fonctions, et participation à la falsification de documents officiels". L'autre personne impliquée est "Y.B.", son premier adjoint pendant la même période et actuel député. Il est suspecté de "détournement de fonds publics confiés à un agent public dans l'exercice de ses fonctions, de réaliser des bénéfices lors de la conclusion d'un contrat, et d'utilisation de documents officiels falsifiés". Le troisième est membre du conseil régional et ancien député et est poursuivi pour "complicité de détournement de fonds publics confiés à un agent public dans l'exercice de ses fonctions, et utilisation de documents officiels falsifiés". Le dernier inculpé est un adjoint du maire de Marrakech et ancien président de la commune de Sidi Youssef Ben Ali.

Le juge Zitouni devrait également interroger, du 10 au 14 mai courant, six autres responsables, dont Khalid Wiya, ancien directeur de l'Agence urbaine de Marrakech, actuellement détenu à la prison de l'Oudaya après avoir été condamné à 10 ans de prison ferme dans une autre affaire. Il est poursuivi pour "détournement de fonds publics confiés à un agent public dans l'exercice de ses fonctions, et participation à la falsification de documents officiels". Les autres personnes concernées sont deux anciens directeurs de la direction des biens domaniaux, un ancien directeur du Centre régional d'investissement, un ancien chef du service régional de l'urbanisme et un propriétaire d'un hôtel dans le quartier de Gueliz.

Selon la même source, Khaled El Kerdoudi, procureur général près la cour d'appel de Marrakech, a renvoyé vendredi 5 avril dernier les élus et responsables susmentionnés devant le juge d'instruction chargé des crimes financiers auprès du même tribunal, demandant l'ouverture d'une enquête préliminaire à leur encontre. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire et retrait de leurs passeports. Alors que Abdelfattah El Bejioui, l'ancien wali de la région Marrakech-Safi, a été renvoyé devant la Cour de cassation à Rabat.

Cette décision du procureur général de renvoyer les suspects à l'enquête préliminaire intervient environ cinq ans après la décision du parquet de la Brigade nationale de la police judiciaire de mener une enquête préliminaire sur la plainte déposée par l'Association nationale des droits de l'homme au Maroc concernant la cession de biens immobiliers appartenant à l'État au profit d'élus et de spéculateurs à des prix dérisoires. Cette plainte a visé des élus, des hommes d'autorité et des responsables de services extérieurs qui ont convenu de céder des biens immobiliers appartenant à l'État sous prétexte de favoriser l'investissement, mais qui, en réalité, ont facilité la spéculation et le détournement de fonds publics, indique la même source. Et de noter qu'un ensemble de biens immobiliers cédés à des sociétés, dans le cadre de la promotion de l'investissement, sont rapidement devenus des objets de spéculation.

Le bureau régional de l'Association marocaine de protection des deniers publics avait également déposé une plainte concernant la suspicion de "détournement de biens publics dans la région sous prétexte d'investissement et de leur cession à des personnalités politiques et à des promoteurs immobiliers à un prix symbolique", en utilisant ce qui était appelé la "commission des exceptions", présidée par l'ancien wali de la région.
Copyright Groupe le Matin © 2024