LE MATIN
14 Avril 2025
À 16:40
Considérée comme le premier établissement éducatif à caractère officiel dans la ville, cette école du début du XXe siècle, baptisée dans un premier temps «l’école franco-arabe», est également l’une des plus anciennes à l’échelle nationale. Elle s’est transformée au fil du temps en un
monument historique et un flambeau du savoir et de la culture.
L’édification de cet établissement, qui a ouvert ses portes le 1er octobre 1907, n'était pas seulement un projet architectural, mais il s'agissait, plus profondément, d'une démarche soigneusement élaborée pour gagner la sympathie des habitants, à travers le respect des normes de l'
architecture traditionnelle du Royaume.
Ainsi, les deux coupoles qui furent installées dans la cour de l'école montrent à quel point l'administration coloniale s'efforçait de donner à cet espace une ambiance familière et rassurante, en reproduisant des aspects de l’architecture caractérisant les mausolées.
Parlant de ce monument,
Badr Maqri, historien et professeur à la
Faculté des Lettres et des sciences humaines d'Oujda, a souligné que la construction de cette école, située dans le
quartier Oulad El Gadi, est intervenue dans un contexte particulier marqué par l’arrivée à
Oujda du
général français Lyautey, avec comme objectif affiché de créer un établissement éducatif qui combine entre la
culture arabe et la
culture française.
M. Maqri a expliqué, dans une déclaration à la «MAP», que les capitaux privés français avaient pris l'initiative de lancer la construction et l'équipement de l'école, malgré le retard accusé dans les démarches administratives pour allouer le budget nécessaire à ce projet, ce qui illustre l'importance que les autorités coloniales attribuaient à cet édifice, qui se voulait un pont de communication et un centre de rayonnement à la fois éducatif et culturel.
Avec le temps, a-t-il poursuivi, le nom de l'
école Sidi Ziane est devenu familier et courant parmi les habitants de la ville, en référence au mausolée situé à sa proximité, non loin de
Bab El Gharbi, et en 1948, cet établissement a pris le nom de «
l’école lbalia», et ce après la construction de «
l’école Jdida» dans la nouvelle ville qui a été ensuite renommée «
Lycée Abdelmoumen» en 1956.
Selon lui, l'école n'a pas uniquement reçu des étudiants marocains, mais elle a également ouvert ses portes, depuis son édification, à des élèves de pays arabes et occidentaux, ce qui lui a conféré une dimension internationale.
Le chercheur et universitaire
Badr Maqri a aussi précisé qu’initialement, de 1907 à 1925, l'école se consacrait à l'enseignement agricole et à la formation professionnelle dans les domaines de la
menuiserie et de l'
électricité, mais au fil du temps, elle est devenue un établissement d’enseignement public qui accueille les élèves de tous niveaux.
Il a, par ailleurs, fait remarquer que la visite du
roi des Belges,
Albert Ier et son épouse en 1921, a constitué un moment marquant dans l'histoire de cette école dans la mesure où elle a été perçue comme un acte de reconnaissance de son importance et de son rôle, ajoutant que l’érudit
Mohamed Ben Hassan El Hajoui Taalbi était président de l'
Association des parents et tuteurs des élèves de l'école de 1910 à 1938.
Outre sa fonction éducative, l'école Sidi Ziane a occupé une place centrale dans le
mouvement culturel et artistique ayant marqué la ville d’Oujda, puisqu’elle a connu, en 1921, la naissance de la première
association de musique au Maroc, portant le nom de «L’
Association Al Andaloussia d’Oujda» qui a ensuite représenté le Royaume au
Salon international de Paris en 1931, d’où le rôle de l’école et tant que véritable phare multidimensionnel. L'école Sidi Ziane était aussi une pépinière pour les élites politiques et culturelles marocaines et arabes, a encore souligné M. Maqri, rappelant que plusieurs personnalités marocaines, maghrébines et étrangères sont passées par cet établissement.
En dépit des transformations urbaines et démographiques qu'a connues la cité millénaire, l'école Sidi Ziane conserve toujours sa place et poursuit ses missions éducatives, préservant son héritage historique et son caractère authentique. Elle demeure ainsi un monument et symbole de l'évolution de l'enseignement dans la ville depuis le début du XXe siècle.
Aujourd'hui, plus d'un siècle après son édification, l'école Sidi Ziane est considérée comme un témoin clé d'une étape déterminante de l'histoire de la ville et un symbole de la mémoire collective des Oujdis, illustrant l'harmonie entre le passé et le présent, et confirmant le rôle stratégique des établissements éducatifs qui, au-delà de la simple transmission du savoir, participent activement à l'influence et à l'évolution de la société.