Saloua Islah
19 Septembre 2025
À 18:20
Depuis quelques jours,
Instagram, Facebook et TikTok se couvrent de clichés émouvants montrant des adultes posant aux côtés de leur « moi » enfantin. Cette
tendance mondiale, rendue possible grâce à l’intelligence artificielle de
Google Gemini, a déjà généré plus de
cinq cents millions d’images. Au
Maroc, l’engouement est tel que stories, publications et hashtags se succèdent à un rythme effréné, inondant les fils d’actualité.
Lancée à la fin du mois d’août, la fonction
Nano Banana de Gemini a été pensée pour démocratiser
la création d’images par IA. L’idée est simple : l’utilisateur sélectionne une photo récente et un cliché d’enfance, et en quelques secondes, l’algorithme fusionne les deux pour produire une image bouleversante où l’adulte enlace l’enfant qu’il était.
Ce concept universel réveille la nostalgie et invite à un dialogue intime avec son passé :
« Petit moi, regarde comme on a grandi », « On a survécu »... autant de légendes qui fleurissent sous ces images, transformant les
réseaux sociaux en albums de souvenirs collectifs.
Comment créer son image sur Gemini ?
1. Téléchargez l’application "Gemini"L’app de Google est disponible sur l’App Store et le Play Store. Installez-la, ouvrez-la et connectez-vous avec votre compte Google.
2. Importez vos photosChoisissez une photo récente et une photo d’enfance. Plus les clichés sont nets, plus le résultat sera réaliste et émouvant.
3. Laissez l’IA opérer sa magieEn quelques instants, l’IA fusionne les images et crée un portrait attendrissant où votre version adulte enlace l’enfant que vous étiez.
Les plus créatifs peuvent ajouter une description dans un champ de texte afin de personnaliser le décor : ambiance de maison familiale, plage au coucher du soleil ou même scène imaginaire.
Attention à l’autre face de la tendance !
Ce qui émeut aujourd’hui des millions d’internautes peut, demain, se muer en menace sérieuse. En téléchargeant leurs photos, les utilisateurs les confient aux
serveurs de Google et acceptent qu’elles puissent être utilisées pour améliorer
les modèles d’intelligence artificielle. Or, aucune plateforme n’est totalement à l’abri d’une faille de sécurité ; un piratage suffirait pour que ces clichés se retrouvent exposés.
Le véritable danger réside aussi dans le réalisme saisissant de ces images, capables de tromper même les regards les plus avertis. Une photo attendrissante peut être détournée, sortie de son contexte et devenir un outil de
manipulation, voire de
chantage. Au Maroc, où de nombreux internautes continuent d’accorder une confiance instinctive à ce qu’ils voient en ligne, les conséquences peuvent être lourdes : diffamation, propagation de rumeurs, atteintes à la réputation, ou encore chantage numérique.
Les personnalités publiques et les influenceurs sont en première ligne, mais les utilisateurs ordinaires ne sont pas à l’abri :
un compte privé ne garantit pas qu’une image ne finisse pas par circuler massivement. C’est pourquoi il est fortement recommandé d’éviter de publier
des contenus trop personnels ou sensibles. Une fois mises en ligne, ces images échappent à votre contrôle et peuvent être exploitées à votre insu.
En cas de chantage ou d’usage malveillant, les victimes au Maroc disposent de plusieurs recours. Elles peuvent déposer un signalement su
r E-Blagh, la plateforme officielle en ligne de la
Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) dédiée à la lutte contre la cybercriminalité, ou signaler
les contenus abusifs directement sur les plateformes concernées (WhatsApp, Instagram, Facebook...), qui interdisent ce type de pratiques dans leurs politiques d’utilisation.
Cette vigilance est aujourd’hui indispensable pour préserver son intimité et rappeler qu’à l’ère du numérique,
chaque publication est un acte irréversible. Cette tendance, aussi belle et fédératrice soit-elle, rappelle qu’une image publiée en ligne ne nous appartient plus vraiment dès lors qu’elle franchit l’écran.