Fadwa Misk
18 Avril 2025
À 16:37
En optant pour la
bande dessinée (BD), la
Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) mise sur un langage universel, accessible aux petits comme aux grands, pour parler de ce qui est parfois difficile à nommer. Dirigée par le groupe de travail «Régulation et médias numériques», sous la présidence de
Narjis Rerhaye, cette bande dessinée relate des mini-récits illustrant les divers cas de figure auxquels sont confrontées des victimes ordinaires face à leurs écrans.
Narjis Rerhaye souligne à ce titre que ces
violences concernent tout le monde : «Elles touchent tous les âges, tous les genres, toutes les catégories sociales». En effet, Internet est un formidable espace d’apprentissage et de
lien social. Cependant, il est aussi le théâtre de violences sournoises, parfois banalisées ou minimisées.
Une expérience réussie
À travers des planches vivantes, des récits incarnés et des mises en situation concrètes, la BD donne forme à des réalités souvent abstraites ou invisibilisées. Dans «Jamais plus honte de ton corps», une adolescente peine à avoir une bonne estime d’elle-même en raison de son apparence, révélant la cruauté du bodyshaming. «Une haine gratuite» montre une jeune chanteuse submergée de commentaires haineux, victime de trolling simplement pour avoir partagé sa passion. «Un commentaire étrange» plonge dans l’expérience du cyberharcèlement entre les jeunes.
«Coupables de porter une jupe» met en lumière le harcèlement sexuel en ligne, fondé sur des jugements sexistes et patriarcaux. «Le joueur déguisé» dévoile les mécanismes de la cyberprédation, quand un adulte manipule un adolescent dans un jeu en ligne, le mettant en danger. «Un inconnu qui te veut du mal» traite de cyberpédophilie et «Une intimité au vu de tous» illustre les ravages du revenge porn, où des images privées sont diffusées sans consentement. Enfin, «EBlagh» donne aux victimes les clés pour agir concrètement, en expliquant comment signaler les violences à la cellule dédiée de la DGSN (Direction générale de la Sûreté nationale) via une plateforme en ligne. Toute une liste de liens et de numéros utiles est donnée en fin d’ouvrage.
L'art au service de la cause
Le choix de l’art, et en particulier de la bande dessinée, est très pertinent. L’image a ce pouvoir immédiat de captiver, de faire ressentir et de graver les idées dans les esprits. Là où un discours institutionnel ou un guide juridique peut rebuter ou rester abstrait, la BD crée un lien émotionnel et rend visible l’invisible. Elle permet de raconter sans dramatiser, de dénoncer sans culpabiliser, de sensibiliser sans moraliser. L’art devient ainsi un outil d’éducation citoyenne, un espace de dialogue et un levier d’action.
Conçue par une équipe engagée, la bande dessinée porte la signature éditoriale de Narjis Rerhaye, présidente du groupe de travail «Régulation et médias numériques» et membre du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle, ainsi que celle de Oumaima El Khattabi et Amine El Bouazzaoui, tandis que les illustrations, à la fois expressives et accessibles, sont signées Hamza Tamouh. Un travail collectif au service d’un message fort, porté par la conviction que la sensibilisation passe mieux par l’art et l’émotion.