19 Novembre 2025 À 16:44
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On parle souvent de santé mentale aujourd’hui, mais beaucoup moins de celle des enfants. Pourtant, ce sont eux qui, silencieusement, portent une grande partie du poids des crises actuelles: pression scolaire, isolement numérique, bouleversements climatiques, tensions familiales... Et malgré cette réalité, la santé mentale des plus jeunes reste largement absente des priorités internationales.
C’est ce que dénoncent l’Unicef et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui tirent la sonnette d’alarme sur un angle mort préoccupant des politiques publiques mondiales.
Dans un communiqué conjoint, les deux agences rappellent que «la santé mentale est depuis une dizaine d’années reconnue en tant que droit humain fondamental» au sein des Nations unies. Mais elles soulignent un paradoxe inquiétant: «il n’existe aucune résolution des Nations unies faisant de la santé mentale et du bien-être des enfants et des jeunes une priorité à part entière du développement, de la santé et des droits humains». Autrement dit, les enfants continuent de passer sous les radars des engagements internationaux, malgré des besoins croissants.
L’Unicef et l’OMS notent que les politiques onusiennes évoquent bien la santé mentale, mais que «les éléments de langage spécifiquement axés sur les enfants et les jeunes restent limités».
Cette absence nourrit des approches fragmentées et des stratégies incomplètes, aggravées par «un manque d’investissements chronique» dans la prévention et les interventions précoces.
L’OMS et l’Unicef fournissent un constat inquiétant: «un jeune de 10 à 19 ans sur sept souffre d’un trouble mental». Dans de nombreux pays, les taux de suicide chez les 10-24 ans sont en hausse, tandis que seulement «56% des pays disposent d’une politique incluant la santé mentale des enfants et des jeunes».
De plus, moins de la moitié des pays offrent des services adaptés, qu’il s’agisse d’accompagnement scolaire, communautaire ou psychosocial.
Ce fossé entre les besoins réels et les réponses institutionnelles révèle, selon l’Unicef et l’OMS, une «invisibilisation persistante» de la souffrance juvénile.
Les deux organisations identifient plusieurs défaillances majeures dans les politiques internationales actuelles. Elles évoquent «l’absence de résolutions portant spécifiquement sur la santé mentale des enfants et des jeunes», mais aussi «l’absence d’engagements en fonction de l’âge» et «l’absence de mécanismes participatifs garantissant l’inclusion des jeunes dans l’élaboration des politiques».
À cela s’ajoute un «manque de suivi» concernant les engagements financiers et politiques déjà actés. Ces lacunes, selon l’Unicef et l’OMS, empêchent l’élaboration de stratégies cohérentes et réellement protectrices.
Face à cette situation, l’Unicef et l’OMS lancent un appel clair: faire de la santé mentale des enfants une priorité mondiale. Elles recommandent de «consacrer des ressources à la santé mentale des enfants et des jeunes» et de l’intégrer explicitement dans les futures résolutions onusiennes et dans les politiques nationales.
Les deux organismes proposent également la mise en place d’«une plateforme interinstitutions et multipartite», réunissant l’Unesco, l’Unicef, l’OMS, le Bureau des Nations unies pour la jeunesse, les États, les organisations de jeunes et la société civile, afin d’harmoniser les approches et les financements. Ils appellent aussi les États à adopter des stratégies alignées sur les programmes de l’OMS et de l’Unicef concernant la santé mentale des enfants et des adolescents, tout en insistant sur des approches ancrées dans les droits humains, l’inclusion et la communauté.
Enfin, le communiqué insiste sur la nécessité de garantir «une participation significative des enfants et des jeunes» dans l’élaboration des politiques, et de renforcer la prévention en reliant école, communauté, santé, culture, numérique, sport et protection sociale.
L’Unicef et l’OMS rappellent une évidence trop souvent négligée: les enfants aussi ont une santé mentale, et elle mérite autant d’attention, de financements et de politiques adaptées que celle des adultes.
Les deux organisations appellent la communauté internationale à corriger cet oubli historique. Car mettre enfin les enfants au cœur des stratégies mondiales de santé mentale, c’est investir dans des sociétés plus équilibrées, plus résilientes et plus humaines.