Hajjar El Haïti
25 Mars 2024
À 16:50
Alors que la demande pour des
services optiques de qualité ne cesse de croître, les
opticiens dénoncent la multiplication des
pratiques frauduleuses et illégales qui minent l’intégrité de la profession et compromettent la
santé des consommateurs.
Le
Syndicat professionnel national des opticiens du Maroc vient de lancer une
campagne d’information qui vise à
sensibiliser le public à ce sujet et appeler l’
État à prendre des
mesures décisives. «À travers cette campagne, nous lançons un
appel au gouvernement, en particulier le
ministère de la Santé et de la protection sociale et le
ministère de l'Inclusion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences, à agir pour éradiquer les différentes
pratiques illégales et
réguler l’accès à la profession d’
opticien et
optométriste», déclare au journal «Le Matin»,
Mina Ahkim, présidente du Syndicat.
L’
anarchie qui règne dans le
domaine de l’optique est principalement alimentée par la délivrance de
faux diplômes. «Le phénomène de l’octroi des
diplômes falsifiés par des
écoles de formation professionnelle privées commence à prendre une ampleur inquiétante. Plusieurs
réseaux ont été démantelés. Malheureusement, malgré les
condamnations judiciaires des personnes impliquées dans ce genre de pratiques, rien n’est fait pour les éradiquer. Le ministère de tutelle ne prend aucune mesure et ne répond jamais à nos lettres de revendications. En tant que syndicat, nous ne pouvons pas tout contrôler de manière efficace. L’État doit agir, car la situation devient inadmissible !», déplore Mina Ahkim.
Le syndicat des opticiens dénonce également le phénomène des
caravanes médicales non autorisées où certaines personnes en profitent pour
vendre des lunettes, ce qui est contradictoire avec le
principe de gratuité sur lequel est basé le
volontariat. Le syndicat condamne, par ailleurs, les
campagnes publicitaires de ventes de dispositifs médicaux, en violation flagrante de la loi 84-12 qui interdit cela. «La
monture optique et le
verre optique sont des
dispositifs médicaux qui ne doivent pas être soumis à toute forme de
publicité. Toutefois, nous constatons sur les
réseaux sociaux une multitude de
magasins et
d’entreprises qui procèdent à ce genre d’actions. Et là encore une fois, le ministère de tutelle ne fournit aucun effort pour arrêter ces pratiques», souligne la présidente du Syndicat. Cette dernière précise que de nombreuses lettres ont été adressées au ministère de la Santé et de la protection sociale ainsi qu’au ministère de l'Inclusion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences, sans jamais recevoir de retour. «Toutes les pratiques illégales que nous dénonçons se répercutent sur la
santé visuelle des citoyens. C’est pourquoi les ministères de tutelle sont dans l’obligation de prendre des mesures sérieuses pour les arrêter», affirme Ahkim. Et d’ajouter qu’«il est grand temps d’activer la
création de l’Ordre des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle comme le stipule la loi 45-13 en vigueur depuis 2019. Cela nous permettra de résoudre de nombreux problèmes et établir l’ordre dans le secteur. Nous sommes toujours à l’attente de la promulgation du décret d'application relatif à la création de cette instance, qui a accusé un grand retard».
La présidente du Syndicat prévient, en outre, que si l’État continue de faire la sourde oreille, les professionnels du secteur de l’optique organiseront une série de
sit-in et de
manifestations pour se faire entendre et sauver la profession.