LE MATIN
29 Octobre 2025
À 10:42
Dans son rapport 2025 sur la santé et le changement climatique,
l’Organisation mondiale de la santé, en collaboration avec le
Lancet Countdown, dresse un constat sans appel. La dépendance persistante aux combustibles fossiles et l’incapacité à s’adapter à la hausse des températures fragilisent les systèmes de santé, aggravent les inégalités et sapent les économies du monde entier.
Depuis les années 1990,
la mortalité liée à la chaleur a bondi de près d’un quart, atteignant chaque année plus d’
un demi-million de décès. En 2024, une personne a été exposée en moyenne à seize jours de chaleur jugée dangereuse, un niveau impossible à atteindre sans le réchauffement climatique. Derrière ces chiffres se cachent des vies bouleversées, des récoltes perdues et des populations entières poussées vers la faim. Les
vagues de chaleur et les
sécheresses ont plongé
124 millions de personnes supplémentaires dans une insécurité alimentaire modérée ou sévère.
Les coûts économiques sont vertigineux. Rien qu’en 2023,
640 milliards d’heures de travail ont été perdues à cause de la chaleur, soit l’équivalent de
1.090 milliards de dollars de pertes mondiales. Dans le même temps, les subventions aux
énergies fossiles ont atteint 956 milliards de dollars, un montant trois fois supérieur aux promesses d’aide destinées aux pays vulnérables.
Quinze États ont même consacré davantage d’argent à soutenir le pétrole et le gaz qu’à financer leurs systèmes de santé publique.
Pour
l’OMS, la crise climatique constitue avant tout une
crise sanitaire, où chaque fraction de degré supplémentaire alourdit le bilan humain et fragilise les moyens de subsistance. L’organisation souligne toutefois qu’un changement de cap reste possible. Agir pour le climat revient à protéger la santé publique, à
améliorer la qualité de l’air, à promouvoir une
alimentation plus équilibrée et à renforcer des
infrastructures médicales capables de résister aux chocs climatiques, autant de mesures susceptibles de sauver des millions de vies.
Malgré la gravité du constat, le rapport relève des signes d’espoir. Les
énergies renouvelables progressent et couvrent désormais
12 % de la production mondiale d’électricité, générant 16 millions d’emplois. Le secteur de la santé lui-même réduit son empreinte carbone, avec une baisse de
16 % des émissions entre 2021 et 2022. Autant d’indices qui montrent qu’une transition rapide reste possible.
Selon la directrice exécutive du Lancet Countdown,
Marina Romanello, les solutions existent déjà. Elle rappelle qu’une sortie accélérée des combustibles fossiles, combinée à des modes de vie plus durables, pourrait éviter jusqu’à
dix millions de décès par an.
À l’approche de la
COP30 qui se tiendra à Belém, au Brésil, l’OMS prépare un rapport spécial destiné à placer la santé au cœur des négociations climatiques et à inciter les gouvernements à investir dans des politiques fondées sur la résilience, l’équité et la durabilité. Créé il y a neuf ans et dirigé par l’University College London, le
Lancet Countdown réunit 71 institutions académiques et agences des Nations unies. Ensemble, elles évaluent chaque année l’impact du réchauffement sur la santé mondiale et rappellent une évidence trop souvent négligée selon laquelle lutter contre le
changement climatique revient avant tout à sauver des vies.