Hajjar El Haïti
26 Novembre 2023
À 12:02
L’Association pour la promotion de la culture de l’égalité (APCE) organise, le 16 décembre prochain à Rabat, la première édition des Assises du féminisme. Cet événement se veut un espace de réflexion et de mise en commun d’expériences féministes régionales et internationales. Associations féministes, juristes, médecins, islamologues, anthropologues, économistes, managers, influenceurs/ses, artistes, analystes et experts... se réuniront pour débattre des enjeux liés au féminisme marocain.
«Cette initiative vise à établir un rendez-vous annuel essentiel pour discuter du statut des femmes au Maroc et offrir une plateforme annuelle pour analyser l'état actuel de l'égalité des genres et partager des expériences féministes à la fois régionales et internationales. Notre objectif est de réunir une diversité d'acteurs et d’actrices engagés : des associations féministes aux juristes, en passant par des personnalités du monde des sciences humaines et des arts, toutes générations confondues», déclare au «Matin» Aïcha Zaïmi Sakhri, présidente de l’APCE. Elle précise, par ailleurs, que l’action de l’Association se concentre principalement sur la promotion de l'égalité entre femmes et hommes sous toutes ses formes : juridique, politique, économique, culturelle et sociale. «À travers les Assises du féminisme, nous souhaitons ainsi aborder les enjeux clés du féminisme marocain, surtout après près de deux décennies depuis la réforme du Code du statut personnel de 2004. Le Discours Royal du 30 juillet 2022 est venu dresser les nombreuses injustices faites aux familles, aux femmes et aux enfants, et le 26 septembre dernier, de Hautes Instructions Royales ont été données au gouvernement pour accélérer la révision du Code de la famille, d’une manière concertée et participative», ajoute la présidente de l’APCE.
La réforme du Code de la famille sera, en effet, au cœur de cette première édition des Assises du féminisme. Elle se tiendra d’ailleurs autour du thème «Quelle réforme du Code de la famille voulons-nous ?». «La thématique de cette première édition s’est imposée d’elle-même. Ce choix met en lumière l'importance cruciale de la législation familiale et son impact sur la vie quotidienne des femmes marocaines. Il souligne aussi la nécessité d'assurer une égalité des droits réelle et effective dans notre société, et de contribuer activement au développement d'un Maroc moderne, respectueux de sa diversité culturelle et orienté vers l'avenir», indique Aïcha Zaïmi Sakhri.
Cette rencontre marquera également le lancement d’«Égalitémag», un nouveau média indépendant, féministe et engagé, qui vise à contribuer à l’émancipation des femmes et militer pour l’égalité et la liberté. «À raison de deux fois par mois, dans un premier temps, "Égalitémag” ira à la rencontre de ses lectrices et lecteurs avec une newsletter qui mettra en avant des parcours de femmes inspirantes, des interviews avec des acteurs de la société civile. Le média mettra également en avant les actualités féministes ainsi qu'un éditorial», souligne la présidente de l’APCE.
Questions à Aïcha Zaïmi Sakhri, présidente de l’Association pour la promotion de la culture de l’égalité, et directrice de publication de «Égalitémag»
Le thème des premières Assises du féminisme est «Quelle réforme du Code de la famille voulons-nous ?» D’après vous, comment devrait se faire la révision de ce texte ?Le choix du thème pour ces Assises du féminisme, «Quelle réforme du Code de la famille voulons-nous ?», reflète notre désir de répondre à une question fondamentale qui anime le mouvement féminin, mais aussi la société marocaine dans son ensemble : Faut-il revendiquer des amendements du Code de la famille en vigueur ou envisager une refonte globale pour une législation égalitaire et entraîner par là un cercle vertueux et dynamique de réformes de l’ensemble du corpus juridique ?
Quel Code de la famille pour davantage d’égalité, de justice et de dignité ?
À mon avis, la révision du Code de la famille devrait être une démarche inclusive, participative et profondément ancrée dans les réalités contemporaines du Maroc. Il est essentiel que cette révision implique une large consultation avec toutes les parties prenantes : associations féministes, juristes, universitaires, islamologues mais aussi les citoyen(e)s. Cette approche participative garantira que la réforme reflète les diverses perspectives et expériences vécues par les femmes marocaines.
La révision doit aussi s'inscrire dans le cadre des standards internationaux en matière de droits humains et d'égalité de genre. Le Maroc a ratifié plusieurs conventions internationales qui promeuvent l'égalité des sexes et les droits des femmes, et il est donc crucial que le Code de la famille soit en conformité avec ces engagements internationaux.
Il est également important de tenir compte de la condition des femmes et des filles dans le milieu rural. La réforme doit être sensible à leurs contextes et veiller à ce que les lois ne soient pas seulement équitables sur le papier, mais également applicables et accessibles à toutes les femmes, quel que soit leur milieu.
Enfin, la réforme devrait se concentrer sur l'élimination des dispositions discriminatoires et renforcer les droits des femmes en matière de mariage, de divorce, de garde des enfants et de succession. Cela implique de revisiter des concepts traditionnels et de les adapter pour refléter une vision plus égalitaire et moderne de la famille et des relations de genre.
En somme, la réforme du Code de la famille que nous envisageons devrait être une démarche progressiste qui reconnaît et valorise les contributions des femmes à la société, tout en assurant leur protection et leur égalité devant la loi.
Est-ce que ces Assises vont permettre d’étoffer les propositions de l’association dans le cadre de la réforme du Code de la famille ?
En tant que représentante de l'Association pour la promotion de la culture de l'égalité, je suis convaincue que les Assises du féminisme joueront un rôle important dans l'enrichissement de nos propositions concernant la réforme du Code de la famille. Cette rencontre est une occasion de rassembler des idées, des perspectives et des expertises diverses, ce qui est essentiel pour élaborer des recommandations pertinentes qui non seulement visent l'égalité formelle devant la loi, mais qui sont également pratiques, réalisables et sensibles aux divers contextes culturels et sociaux du Maroc.
Pourquoi un magazine en ligne sur l'égalité ?
«Égalitémag.com» est né de la conviction profonde que l'égalité entre les sexes est non seulement un droit fondamental, mais aussi un prérequis essentiel pour le progrès social et le développement durable. Son objectif principal est de contribuer à l'émancipation des femmes et de militer activement pour l'égalité et la liberté. Egalitémag.com se veut être un média indépendant et engagé, qui non seulement informe, mais aussi inspire et mobilise. Notre magazine vise, en effet, à influencer positivement les mentalités, à encourager la remise en question des schémas patriarcaux et à promouvoir une société plus juste et équitable. Nous abordons des thèmes variés, allant des droits humains aux histoires inspirantes de femmes qui brisent les barrières, en passant par les analyses de politiques publiques et les initiatives féministes. C’est un espace de dialogue et de réflexion sur les questions de genre, de droits des femmes, et d'égalité sociale et également une plateforme qui recueille des contributions avec un contenu qui non seulement éclaire, mais qui pousse également nos lecteurs et lectrices à réfléchir et à agir. Le soutien aux «Assises du féminisme» et à d'autres initiatives similaires témoigne de notre engagement inébranlable en faveur de l'égalité et de l'émancipation des femmes.
Choisir l'égalité comme ligne éditoriale est une réponse directe aux inégalités persistantes dans notre société. En tant que journaliste et féministe engagée depuis trois décennies, j'ai constaté que malgré les progrès réalisés, beaucoup reste à faire pour atteindre une véritable égalité de genre. Egalitémag.com est notre réponse à ce défi : informer, sensibiliser et inciter à l'action, car nous croyons fermement que le changement commence par la prise de conscience et la diffusion d'informations pertinentes et fiables.