Société

Rougeole : Dr Saïd Afif appelle à une mobilisation collective, y compris contre les fake news

L'épidémie de rougeole, qui frappe le Maroc depuis septembre 2023, prend des proportions inquiétantes, avec plus de 25.000 cas signalés et 120 décès enregistrés à ce jour. Face à cette situation alarmante, le président de la Société marocaine de pédiatrie, Dr Saïd Afif, appelle à une mobilisation collective immédiate. Selon lui, seule une réponse concertée et rapide, centrée sur la vaccination, permettra d'éviter de nouveaux drames et de juguler la propagation de cette maladie.

22 Janvier 2025 À 16:52

Le Maroc fait face à une recrudescence aussi inquiétante qu’inattendue de la rougeole, la maladie ayant été historiquement maîtrisée grâce à une couverture vaccinale supérieure à 95%.



À ce jour, on déplore 120 décès et quelque 25.000 cas signalés. Les chiffres, il faut le reconnaître, donnent froid dans le dos. Interrogé par «Le Matin», Dr Saïd Afif, président de la Société marocaine de pédiatrie, attribue en partie cette résurgence aux perturbations causées par la pandémie de la Covid-19. «Les confinements ont perturbé les calendriers de vaccination, empêchant de nombreux enfants de recevoir leurs doses à temps», explique-t-il. Et d’ajouter que ce qui a aggravé la situation, c'est qu'après la crise, de nombreuses familles n'ont pas pris les mesures nécessaires pour rattraper les retards, conduisant à une couverture vaccinale insuffisante et facilitant, par conséquent, la propagation de la maladie.

La rougeole : une maladie grave, une urgence vaccinale

Contrairement à une idée reçue largement répandue, la rougeole n'est pas une infection bénigne. «C’est une maladie qui provoque des symptômes pénibles, tels que la fièvre, la toux, l'irritation des yeux et l'éruption cutanée. Elle peut également entraîner des complications graves, comme des pneumonies, des encéphalites, voire la mort», avertit Dr Afif. Ce dernier souligne également que la maladie est extrêmement contagieuse : une personne infectée peut transmettre le virus à jusqu'à 18 autres individus, d’où l’importance et l’urgence de la vaccination. Il appelle donc les parents à vérifier les carnets de santé de leurs enfants pour s’assurer qu’ils ont bien reçu les deux doses nécessaires : la première à 9 mois et la seconde à 18 mois. Pour ceux dont les enfants ne sont pas vaccinés, il leur recommande vivement de participer à la campagne de vaccination lancée par le ministère de la Santé. «Les enfants non vaccinés recevront deux doses à un mois d’intervalle, tandis que ceux ayant déjà reçu la première dose bénéficieront d’une seconde pour renforcer leur protection», précise-t-il. Dr Afif insiste aussi sur l’importance de vacciner toute personne ayant été en contact avec un cas confirmé dans les 72 heures, afin de limiter les risques de contamination.

Les fake news : un obstacle à la lutte contre la rougeole

Dr Afif tient à souligner par ailleurs que «le vaccin contre la rougeole est sûr, efficace et bien toléré», balayant ainsi d’un revers de main les fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux. De ce fait, il appelle les familles à se méfier des fake news, qui, à l'ère du tout connecté, se propagent parfois plus rapidement que le virus lui-même. «Ces rumeurs sans fondements scientifiques empêchent les familles de protéger leurs enfants et compromettent les efforts du système de santé visant à stopper la maladie», s’inquiète-t-il.
Dans ce contexte, le médecin insiste sur la mobilisation collective. «La lutte contre l’épidémie de rougeole ne pourra être menée à bien qu’à travers une action coordonnée et une mobilisation générale : autorités sanitaires, professionnels de santé, familles et citoyens», souligne-t-il. Le médecin salue d'ailleurs le travail accompli par les écoles publiques et privées, qui ont déjà commencé à sensibiliser activement les parents et à vérifier les carnets de vaccination des enfants. «Ces initiatives sont cruciales pour un meilleur contrôle de la situation et devraient être généralisées», ajoute-t-il.
Dr Afif se félicite également des actions du ministère de l'Intérieur qui a «déployé ses agents pour effectuer des tournées de porte-à-porte et encourager les parents d’enfants non vaccinés à mettre à jour leur calendrier vaccinal dans les centres de santé». L’expert insiste sur l'urgence d'agir rapidement : «Le temps presse. Il est crucial de protéger nos enfants, nos proches et la communauté dans son ensemble». Pour lui, la mobilisation collective, qui a permis au Maroc de surmonter la pandémie de Covid-19, doit aujourd'hui être réactivée face à la crise de la rougeole. «Si nous unissons nos forces, nous pourrons également venir à bout de cette épidémie», conclut-il.

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