LE MATIN
03 Juin 2024
À 10:40
Selon des
chercheurs, le fait d’avoir été hospitalisé pour une infection grave pourrait réduire le risque de
tumeur, écrit le journal.
En analysant les
données hospitalières de près de quatre millions de patients, ces
scientifiques ont découvert que les personnes ayant survécu à un
sepsis (une réaction de défense massive de l’organisme à une
infection virale comme le
Covid ou bactérienne) d’origine pulmonaire, ont moins de risque de développer un
cancer dans les dix ans qui suivent, que des patients hospitalisés pour une infection moins grave.
"On avait jusqu’alors plutôt tendance à penser le contraire, mais les données scientifiques sont peu nombreuses et surtout limitées dans la durée", selon le Pr
Antoine Roquilly, anesthésiste-réanimateur au
CHU de Nantes et auteur de l’étude publiée dans la revue
Nature Immunology, cité par
Le Figaro.
Pour confirmer le résultat et mieux cerner le mécanisme en jeu, les scientifiques ont reproduit l’expérience du sepsis chez des souris, et attendu qu’elles guérissent pour leur inoculer un cancer. Ils ont observé que comme chez l’homme, un taux de
cancers pulmonaires et cutanés moins élevé chez les rongeurs soumis à une infection sévère.
Après avoir analysé toutes les cellules du
système immunitaire des souris pour identifier celles qui avaient été modifiées par le sepsis, les scientifiques ont braqué les projecteurs sur des cellules présentes en permanence dans le
tissu pulmonaire pour le nettoyer, les
macrophages. Ils présentaient après l’infection de nouveaux médiateurs (notamment la
cytokine CXCL16).
Un changement indiquant, d'après
Antoine Roquilly, que "ces cellules de l’
immunité innée ont appris à communiquer avec les
lymphocytes T pour leur demander de rester dans le
poumon pour le défendre contre un danger futur".
Dans leur projet de recherche, qui s’est étiré sur quatre ans, les scientifiques ont tenté de mimer un sepsis chez des souris, sans les exposer à son risque et ils ont expérimenté une molécule extraite d’une
algue marine, connue pour ses effets immunitaires. Et comme attendu, la molécule, bien tolérée par les souris, a stimulé les macrophages.
Dans la dernière étape de l’étude, les médecins ont analysé des échantillons de tissu pulmonaire d’anciens malades hospitalisés en réanimation pour un
Covid grave.
Là encore, leurs hypothèses ont été confirmées : les modifications sur les macrophages étaient beaucoup plus marquées, chez ces victimes de sepsis, qu’après une
infection bénigne.