Hajjar El Haïti
11 Février 2024
À 17:21
Le Matin : Tout d’abord, rappelez-nous les grandes lignes de la stratégie adoptée par le ministère pour sauver l'année scolaire après les multiples arrêts causés par les grèves des enseignants ?
Mohamed Zerouali : Face à un contexte exceptionnel caractérisé par les grèves des enseignants, le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports a mis en place une stratégie à 3 leviers. Il s’agit de la gestion du temps scolaire, du plan national du soutien scolaire et de l’adaptation des programmes scolaires.
La gestion du temps scolaire repose sur une série de mesures, notamment la prolongation d’une semaine de l’année scolaire avec une réorganisation du calendrier des contrôles continus et des examens certificatifs, l’adaptation du temps scolaire en adoptant une approche fonctionnelle et pragmatique à même de permettre à tous les apprenants la maîtrise de l’exigible en matière de compétences et de contenus et l’affectation d’un volume horaire supplémentaire aux niveaux certitatifs.
Pour implémenter cette stratégie et la rendre efficiente, chaque établissement scolaire est appelé à élaborer un plan d’action local qui traduit les recommandations de la note ministérielle 001/24, plan qui est suivi, encadré et évalué par les autorités compétentes au double niveau provincial et régional.
Quelles ont été les actions entreprises dans le cadre du plan national du soutien scolaire ?
Le plan national du soutien scolaire tel qu’il est expliqué dans la note 125/23 repose sur la programmation et l’exécution de programmes de soutien scolaire régionaux, provinciaux et locaux. Ceux-ci observent plusieurs principes :
- La priorité est accordée aux matières certificatives ;
- Pour les niveaux non certificatifs, la priorité est donnée aux apprentissages fondamentaux;
- La continuation de l’approche TARL (Teaching at the Right Level) dans les « Ecoles pionnières » ;
- La prise en charge des étudiants-stagiaires, dans le cadre de l’action éducative dans les établissements scolaires, pour donner des cours de soutien ;
- Les cours de soutien scolaire pour lesquels la priorité est donnée aux enseignants
- Le recours, en cas de déficit du personnel enseignant, à une expertise externe à l’Éducation nationale ;
- L’indemnisation des cours de soutien moyennant un barème incitatif ;
- L’ouverture des établissements scolaires publics les soirs, les fins de semaines et pendant les vacances pour donner des cours de soutien ;
- La coordination avec les associations des parents d’élèves et les représentants des autorités locales et territoriales et les associations de la société civile ;
- Le recours au numérique comme appoint, via la plateforme nationale TelmidTICE et les plateformes régionales des AREF ;
- La mobilisation de comités de veille constitués d’inspecteurs pour accompagner les plans régionaux, provinciaux et locaux.
Quelles sont les données quantitatives que vous pouvez partager avec nous sur la participation des élèves et leur niveau d'engagement dans ces cours?
Le suivi est une constante du plan de soutien. Il en est même un garant de réussite. En effet, l’on a assisté lors des semaines des vacances allant du 4 au 10 décembre 2023 et du 22 au 27 janvier 2024 à deux vagues de soutien scolaire ayant touché tous les cycles d’enseignement.
Concrètement, lors de la 2e vague du soutien scolaire, 1.954.452 élèves ont bénéficié du soutien scolaire, soit 31% de l’effectif total des scolarisés marocains dans les trois cycles. Les établissements mobilisés ont atteint 7.058, soit 59% de l’effectif total des établissements.
Une nouvelle vague du soutien scolaire aura lieu lors des prochaines vacances scolaires prévues du 10 au 17 mars, sachant que l’accompagnement des élèves concernés se poursuit tout au long de l’année scolaire, les soirs et en fin de semaine.
Comment le ministère mesure-t-il l'engagement des enseignants dans la mise en place des cours de soutien, et quelles initiatives sont prises pour assurer une participation active et motivée de la part du corps enseignant?
Tous les corps de l’éducation nationale travaillent d’arrache-pied pour décliner, sur un mode optimal, les intentions et les dispositions du plan national du soutien scolaire.
L’enseignant, figure de proue, de ce dispositif se trouve dans une posture de mobilisation inconditionnelle. D’ailleurs, 37.109 enseignants des écoles publiques, 267 enseignants du privé et 277 enseignants retraités ont activement participé au plan national de soutien scolaire.
En contrepartie, il y a des mesures incitatives pour l’indemnisation des cours de soutien dispensés en tant qu’heures supplémentaires.
Qu’en est-il des associations ?
Le tissu associatif n’étant pas en reste. En effet, 10.134 acteurs volontaires issus du programme «Aourach» et 2.610 autres issus d’autres associations partenaires ont contribué à la réussite du plan national du soutien scolaire.
La mobilisation est totale. Tous les acteurs internes et externes au système éducatif ont apporté leur pierre à l’édifice. Encore faut-il, désormais, se focaliser sur le volet qualitatif du projet.
Justement comment le ministère veille-t-il avec les AREF à ce que les élèves aient droit à un accompagnement de qualité, et comment évaluez-vous l’impact des cours de soutien ?
En effet, le ministère travaille en collaboration avec les AREF qui jouent un rôle crucial dans la mise en œuvre du plan de gestion de temps scolaire. Ainsi, en plus des enseignants qui font le suivi quotidien en classe, les inspecteurs sont chargés de surveiller et d’évaluer la qualité des cours de soutien et mesurer la progression des élèves. Le ministère est confiant quant à la réussite du plan de gestion du temps scolaire et l’atteinte des objectifs escomptés.