Doukkala: message de changement

La soirée électorale du 7 septembre a été particulièrement difficile pour tous les candidats qui se sont présentés dans les trois circonscriptions, à savoir la circonscription El Jadida-Azemmour-Bir Jdid, la circonscription Ouled Bouâaziz-Zemamra et la circonscription Ouled Frej-Sidi Bennour. Elle fut aussi haletante que ce qui avait été annoncé.

Les Doukkalis espéraient que ce scrutin marque un point tournant pour la société doukkalie. Ils espéraient qu'il sera une nouvelle ère pour une région qui a tant souffert de l'indifférence de ses élus. Cette soirée d'élections doukkalies restera marquée dans l'histoire pour diverses raisons, entre autres, la fin du "pouvoir" du PI qu'a connu la province depuis fort longtemps et surtout dans les circonscriptions El Jadida-Azemmour-Bir Jdid et Ouled Frej-Sidi Bennour.

L'avenir nous dira s'il s'agira d'une suspension ou d'une trêve politique pour le pouvoir dans les Doukkala entre le PI et l' USFP. Ce qui est sûr, c'est que les Doukkalis en ont marre de la langue de bois de certains élus. Les nouveaux députés devront cesser de faire des discours creux. La leçon principale à en tirer est qu'il ne suffit pas de se contenter de profiter d'un sigle "magique" que l'on ressort à chaque élection pour obtenir un succès électoral durable. L'électeur est moins bête que le candidat à la députation ne le croit.

On peut certes profiter de la confusion avec ce qui se passe en France pour éviter les coûts exorbitants d'une campagne électorale, encore faut-il concrétiser les attentes et les espoirs de l'électeur par un travail efficace et une action politique réelle. L'électeur a été déçu, il a eu l'impression d'être grugé.

Pour ce qui est des résultats provisoires, indépendamment du débat sur la validité des scores des différents candidats à ces élections, on remarque l'émergence d'une nouvelle donne sur la scène politique doukkalie.

De ces chiffres provisoires, on peut retenir que parmi les 43 candidats, de célèbres personnalités doukkalies ont été "battues" comme Fayçal Kadiri, M'barek Tarmounia, Labraïmi, Messaoud Abou Zaïd. Juste après la divulgation des résultats provisoires, un militant d'un parti a dit: "Nous avons été humiliés, les Doukkalis n'ont pas voté pour nous”. Mais pourquoi ce candidat, comme les autres anciens ténors, a-t-il réalisé un score si peu honorable? Quelles leçons tirer de cette percée des candidats Abou Zaïd El Mokrie, Mohammed Abdelhak, Tahar Chakir et El Mostafa Lamkhantère ?La première leçon à tirer de cette redistribution des cartes c'est qu'il y a un besoin de changement exprimé par les Doukkalis.

C'est un signe de désaveu de certains et de confiance envers d'autres.
Cependant, on s'attendait à des résultats bien meilleurs de certains partis s'ils avaient pris la bonne mesure de la chose et s'y étaient préparés plus tôt. Alors comme dit le proverbe: "qui sème le vent récolte la tempête". Les derniers sondages prévoyaient un vote-sanction.

C'est dire à quel point la performance du PJD était éclatante, notamment dans la circonscription El Jadida-Azemmour-Bir Jdid, ce qui était attendu. La percée de l'alliance de la gauche se mesurait parfaitement bien dans ce scrutin: le candidat Mohammed Abdelhak a été choisi dans la circonscription de Ouled Frej-Sidi Bennour. Dans la circonscription Ouled Bouâaziz-Zemamra, le candidat du RNI Mohammed Zahidi supplantait sans peine ses conquérants. "Rarement, dans l'histoire des élections récentes, les électeurs auront eu le sentiment que leurs votes pouvaient avoir autant de poids, que chaque vote pouvait faire autant une différence", avait déclaré un Doukkali.

À signaler à la fin qu'on a bel et bien distribué de l'argent cette fois-ci encore.

C'est la campagne de proximité et le porte-à-porte qui le plus ont permis aux uns et aux autres de dépenser plus qu'on n'aurait jamais imaginé. La situation est devenue bien critique pour certains candidats qui ont vite abandonné le terrain avant les derniers jours de campagne électorale.

On s'est surveillé et il a été très facile pour les groupes les plus forts de retourner carrément là où leurs adversaires sont passés pour dépenser du bakchich. La situation a donné lieu à toutes les formes de chantage et d'escroquerie de la part des électeurs qui avaient expérimenté toutes les formes de stratégies pour avoir raison des candidats pendant ces quelques jours de campagne électorale.
Le cas des zones rurales était criard. Et des groupes de personnes faisaient le tour des états-majors politiques pour "négocier" leurs voix.
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À méditer…

Les scores ''inattendus'' ou ''surprenants'' des uns et des autres ne doivent pas cacher une réalité: les électeurs ont boudé les urnes.

Non seulement le taux de participation a été historiquement bas comparé avec la ruée vers les urnes constatée lors des précédentes élections, mais le vote nul a enregistré des records.
Surtout si on estime qu'une partie du très grand taux d'abstention peut s'expliquer aussi (paradoxalement ?) par cette tendance pour le ''nul''.
En cela, ce scrutin est plutôt atypique.

Pour expliquer cette nouvelle donne, beaucoup parlent de ''lassitude'' devant les promesses non tenues à un moment où les conditions de vie continuent de se dégrader à la vitesse grand ''V''.
La désillusion: c'est peut-être là une des toutes premières leçons de ce scrutin.

Voici par ailleurs les résultats provisoires:
1/- Circonscription El Jadida-Azemmour-Bir Jdid:
-Khalid El Hariri (USFP): 6351 voix.
- Abou Zaïd El Mokrie (PJD): 5.203 voix.
- Abderrahmane El Kamel (RNI) : 5.032 voix.
2/- Circonscription Ouled Frej-Sidi Bennour:
-Mohammed Abdelhak (UC):10.562;
-M'hammed Zehraoui (USFP): 10.270 voix;
- Tahar Chakir (PND) : 9.984 voix;
- Abdelkader Kandile (MP) : 9.700 voix.
3/- Circonscription Ouled Bouâaziz-Zemamra:
- Mohammed Zahidi (RNI): 13.470 voix;
-El Mostafa Lamkhantère (MP) :9.833 voix.
-M'hammed ;boulfaraje (PI): 8.905 voix.