24 Mars 2013 À 18:55
Il venait d’ouvrir son bureau de conseil et expertise en France, quand l’un de ses premiers clients, un parent de surcroit, l’appelle à la rescousse. Il s’envole sans hésitation pour ce petit pays équatorial où son oncle tenait, déjà depuis quelques années, un atelier de mécanique qu’il cherchait à structurer et à transformer en une entreprise digne de ce nom. Alors, Mohamed se donne six mois pour réaliser cet objectif et mettre l’entreprise familiale sur les rails.
En 2013, il est encore là, l’entreprise est un acteur incontournable dans les secteurs du dragage des ports, des travaux publics et des services associés et il en est le directeur général. Mieux encore, l’enfant prodige, major de la promotion 1992 et lauréat d’une école de commerce de Casablanca, revient dans son Maroc natal et rachète une société de dragage qui a pignon sur rue, ou sur mer pour être plus précis, aujourd’hui chargée de l’entretien de 23 ports dans le Royaume. «Il y a d’habitude le possible comme il y a l’impossible. Personnellement, j’ai choisi de rêver de l’impossible pour réaliser ce qui est possible», confie à la MAP ce grand rêveur.
Aujourd’hui, il est l’un des rares hommes d’affaires marocains implantés en Afrique subsaharienne à retourner au pays pour prendre le train d’un secteur en plein décollage, en l’occurrence la logistique et les services. Quand on l’interroge sur les motivations de son départ pour la France, Mohamed répond quasi automatiquement : «pour voir ce qui nous manque pour être développés». Et à la question pourquoi il a quitté la France et lui a préféré le Gabon, il se montre tout aussi catégorique : «parce que l’avenir est en Afrique». «L’Afrique a besoin de ses cadres, dit-il. En France, des profils comme le mien font légion, alors qu’ici, on a besoin de moi, j’apporte quelque chose». Sa devise : «Dans la vie, il faut être utile». Sa conviction : «Les Marocains ont l’intelligence de la situation».
Mais au-delà, cet homme d’affaires percutant, du reste un tantinet philosophe, croit dur comme fer que le «développement du Sud ne se fera que par ses hommes». «L’Amérique ou l’Europe ne peuvent pas construire nos pays. Ils ne peuvent pas non plus nous apporter des solutions pour l’avenir. C’est à nous, lance-t-il, de travailler pour notre développement». «Mais avant, ajoute-t-il, nous devons faire confiance à nous-mêmes, mais également les uns aux autres. Nous devons aussi nous connaître et nous comprendre mutuellement, et ceci passe d’abord par l’éducation et la préparation des générations montantes».
Pour ce père de famille qui vient à peine de franchir la barre des quarante ans, «il est peut-être temps que l’histoire et la culture de l’Afrique fassent leur entrée dans les cursus scolaires», prône-t-il. À ses yeux, «il y a un potentiel énorme en Afrique et pour le mettre au service d’une coopération Sud-Sud et du développement du continent, il faut établir un système et un chemin de communication afro-africains», insiste Mohamed Ben Aït Ali, avant de déplorer : «Il est inadmissible que nos produits transitent par l’Europe pour être réexportés vers l’Afrique».