Le sportif fait équipe avec le pratique

Les secteurs de l'innovation, terreau de la jeunesse créatrice

Nouvelles technologies, aéronautique, marketing, industrie… les jeunes talents marocains investissent les différents secteurs de l’innovation. Afin d’insuffler l’esprit de l’innovation chez les étudiants et les jeunes entrepreneurs, l'initiative Maroc Innovation a été lancée avec l'objectif de produire 1.000 brevets marocains par an à partir de 2014.

A l’occasion de la troisième édition des Assises nationales de l’industrie, tenue le 20 février 2013 à Tanger, S.M. le Roi Mohammed VI a décerné le «Wissam royal du grand mérite national» à Mme Souad Elmallem, responsable de la région Afrique du Nord

21 Août 2014 À 15:21

Lors de la tenue des assises de l’industrie à Tanger en février 2013, S.M. le Roi Mohammed VI a personnellement décerné le Wissam du Grand Mérite national à Madame Souad Elmallem, représentante en chef, stratégie et développement des affaires internationales pour l'Afrique du groupe canadien Bombardier Aerospace, qui a opté pour le Maroc afin d’y installer un site de production de composants aéronautiques à Nouaceur, près de Casablanca. Après des études en droit à Casablanca, elle intègre HEC Montréal, acquis une spécialisation en gestion des opérations et de la production et complété sa formation universitaire par l’option mixte en systèmes d’information. Ce mix de diplômes a fait que son profil professionnel soit rare et très recherché des employeurs.

C'est grâce à Souad Elmallem que le géant de l'aéronautique a choisi de s'implanter à Casablanca avec un investissement de 200 millions de dollars. «L’idée m’est venue alors que j’étais en voyage au Maroc avec ma petite famille. J’y ai exploré le potentiel de l’industrie de l’aéronautique (…) J’ai été agréablement surprise par la qualité des installations. Alors, ce qui m’arrive présentement, c’est un peu comme un rêve devenu réalité». Dans le même secteur de l’aéronautique, un autre talent, celui Anas El Arrass, chercheur et concepteur de drones à usage militaire à l'université nationale de Séoul, titulaire de plus de 30 brevets d'invention dans le domaine de l'aviation. Décoré par S.M. le Roi en juillet 2014 du Wissam Al Moukafaa Al Wathania de deuxième classe, Anas El Arras est né à Marrakech en 1985. Après le bac, il a intégré l'École royale de l’air pour en sortir major de la 35e promotion en 2007.

Initiative Maroc Innovation, le moteur de l’innovation

Le parcours de ces Marocains reflète la volonté des pouvoirs publics d'encourager l’innovation technologique aussi bien dans les universités que dans le monde de l’entreprise. Lancée par le ministère de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, l'initiative «Maroc Innovation» a identifié quatre axes déclinés en 13 chantiers, tels que le Centre marocain de l'innovation, pour la création d'un cadre légal souple et efficace, le développement du marché de la propriété intellectuelle et la promotion de la culture de l’innovation. Ce cadre réunissant le secteur public et privé ambitionne de produire 1.000 brevets marocains par an à partir de 2014, créer 100 start-ups innovantes par an à la même date. En 2008, le nombre de brevets déposés annuellement au Maroc était de seulement 200 brevets, alors que moins de dix start-ups étaient créées.

À l’Université Ben M’sik de Casablanca, à la fin de 2013, douze brevets ont été développés. Deux années auparavant, et dans ce même établissement, le nombre de brevets n’était que de six, ce qui ne représentait que 0,5 % de la production scientifique. Cette montée en nombre a permis à des étudiants de cette université de se distinguer, à l’image de Mourad Saïd, doctorant qui a déposé un brevet consistant à valoriser les rejets des stations de traitement des eaux par la récupération du nickel qui ne se retrouverait plus dans les réseaux d’assainissement, mais serait recueilli à des fins industrielles. Dounia Benmoussa, doctorante également, lauréate du programme «Pour les femmes et la science» initié par l’Oréal Maroc et l’Unesco, a élaboré un textile thermorégulateur via la micro-encapsulation (technique permettant d’emprisonner des corps dans une enveloppe qui les isole dans le but de les protéger de l’environnement extérieur ou de maîtriser leur libération dans un environnement choisi).

Dématérialiser les démarches administratives

Afin de passer à une cadence plus soutenue, une convention a été signée entre l’Université Hassan II Mohammedia-Casablanca et l’OMPIC qui permettra de prendre en charge les frais inhérents au dépôt de brevet. Cet esprit novateur peut se manifester également bien avant l’Université. L’année écoulée, des lycéens marocains avaient présenté leurs inventions à Phoenix (États-Unis), lors du concours organisé par l'International Science and Engineering Fair (ISEF). Côté marocain, y ont été présentés : un casque pour moto intelligent, arrêtant les deux roues une fois retiré, une crique électrique pouvant être alimentée par la batterie de la voiture via l’allume-cigare et, enfin, une plaquette transparente équipée de lampes pour la lecture et rechargeable à l’énergie solaire. Mais peut-on évoquer l’innovation au Maroc sans parler de Tarik Fadli, qui vient de monter son entreprise spécialisée dans les solutions informatiques ? «J’ai 34 ans, je suis né à Rabat d’un père enseignant chercheur à l’université et d’une mère avocate engagée. J’ai grandi à Benslimane, et après mon baccalauréat en sciences expérimentales au lycée Hassan II, j’ai souhaité poursuivre mes études aux USA où a débuté ma carrière en tant que technicien en informatique à 18 ans, à l’université», confie-t-il au «Matin». De retour au Maroc, une offre lui a été faite par Microsoft Middle East & Africa pour le rôle de Lead Solutions Architect pour la région. Son entreprise basée à Rabat a développé et breveté deux idées nées du quotidien. La première est une plateforme automatisée de dématérialisation des procédures administratives, grâce à un processus de sécurisation des données et d’authentification des usagers-citoyens. Elle vise la digitalisation des cinq formalités les plus usitées par le Marocain, à savoir la légalisation de signature, la certification de copie conforme, la demande d’attestation de résidence, la déclaration de perte et l’extrait d’acte de naissance. «Nous sommes sollicités par deux États, la Mauritanie pour la gestion biométrique des listes électorales et le Qatar pour la gestion sécurisée des actes officiels et leur dématérialisation. Au Maroc notre solution a été bien reçue par les ministères et nous sommes encouragés à la tester, ce qui est initié par le ministère de la Modernisation», déclare Tarik Fadli.

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