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CAN 2025 : les binationaux, biocatalyseur des Lions de l’Atlas

Depuis leur épopée historique à la Coupe du monde 2022, où ils ont atteint les demi-finales, les Lions de l’Atlas incarnent une métamorphose footballistique exemplaire. Au cœur de cette ascension, les joueurs binationaux émergent comme un véritable biocatalyseur, accélérant la transformation de la sélection marocaine par leur talent importé des championnats européens. Ces pépites, nées et formées à l’étranger, injectent une expertise et une maturité technique qui propulsent le Maroc parmi les meilleures nations du foot.

19 Décembre 2025 À 18:53

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La Fédération Royale marocaine de football (FRMF), sous la houlette de Fouzi Lekjaâ, a su anticiper cette vague de talents. Contrairement à d’autres nations africaines, le Maroc excelle dans le recrutement précoce des binationaux, en s’appuyant sur des liens culturels forts et une vision stratégique. Des joueurs comme Achraf Hakimi et Brahim Diaz, nés en Espagne, ou Hakim Ziyech et Noussaïr Mazraoui, nés aux Pays-Bas et anciens piliers de l’Ajax Amsterdam, illustrent cette dynamique. Leur choix du maillot rouge et vert, motivé par l’appel des racines et les succès collectifs, a enrichi l’équipe d’une polyvalence remarquable.



Cette stratégie n’est pas fortuite. La FRMF, sous l’impulsion de Walid Regragui, multiplie les contacts avec ces talents en exil. En avril dernier, le sélectionneur national avait souligné : «Nous dialoguons avec les joueurs, nous leur présentons notre projet et leur transmettons l’amour de la patrie, tout en respectant pleinement leur choix final». Résultat : des avènements de taille, comme ceux de Chemsdine Talbi et Anass Salah-Eddine, les dernières recrues de la sélection nationale.

Lors d’un entretien accordé à la RTBF, Mohamed Ouahbi, sélectionneur de l’équipe nationale des mois de 20 ans et champion du monde en titre, avait levé le voile sur les coulisses de cette réussite. Lui-même binational, il incarne parfaitement cette passerelle entre l’Europe et le Maroc : «La Fédération marocaine fonctionne avec des listings de joueurs binationaux. Tous ces joueurs font l’objet de rapports de la part de nos scouts. Quand le rapport est bon, il y a une première prise de contact pour savoir si le joueur a déjà posé un choix. Il n’y a rien d’agressif. On ne propose rien. Pas d’argent, rien», avait-il expliqué.

L’efficacité de cette cellule de scouting, composée de plusieurs dizaines de scouts à travers l’Europe, est exceptionnelle. Ouahbi en avait témoigné avec une anecdote éloquente : «Un jour, on m’a montré ce listing. J’avais un joueur en tête. Je me suis dit que celui-ci ne serait pas sur ce listing. S’ils l’avaient, c’est qu’ils étaient très forts. Ce joueur c’était Kaïs Barry, le fils de Copa Boubacar qui évolue à Anderlecht. Je savais que sa maman était Marocaine. Et il était dans cette base de données.» Un joueur qui n’était même pas référencé comme Marocain sur les sites spécialisés, figurait déjà dans le radar de la FRMF.

Avec l’organisation de la CAN 2025 et la co-organisation de la Coupe du monde 2030 aux côtés de l’Espagne et du Portugal, le Maroc dispose désormais d’arguments sportifs de poids pour séduire les talents binationaux. De second choix, les Lions de l’Atlas sont devenus une destination de premier plan. Une ascension qui repose sur trois piliers : un scouting méthodique, des infrastructures modernes symbolisées par le complexe Mohammed VI et, surtout, une identité culturelle forte qui résonne bien au-delà des frontières du Royaume.
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