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CAN 2025 : Les Lions de l’Atlas devront composer avec de sérieux adversaires (Hervé Penot)

De passage à Rabat à l’occasion des matchs de barrages africains pour la Coupe du monde 2026, le journaliste français du quotidien «L’Équipe» a livré son analyse des chances du Maroc à la Coupe d’Afrique des nations, qui débute ce dimanche au Royaume, dans un entretien accordé au «Matin». Pour Hervé Penot, les Lions de l’Atlas ont toutes les cartes en main pour décrocher le titre. Il prévient toutefois que la sélection de Walid Regragui devra composer avec de sérieux adversaires lors de cette CAN marocaine, à l’image de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, de l’Égypte ou encore de l’Afrique du Sud. Le journaliste français dévoile également ses grands favoris pour la compétition continentale.

20 Décembre 2025 À 11:00

Le Matin : Vous avez assisté aux matchs de la fenêtre FIFA du mois de septembre de la sélection marocaine. Qu’avez-vous pensé du niveau du groupe choisi par Walid Regragui ?

Hervé Penot :
Le contexte était assez sympathique, avec l’ouverture du nouveau complexe Moulay Abdellah de Rabat, capable d’accueillir plus de 70.000 spectateurs. C’était magnifique pour les joueurs. En revanche, l’adversaire du Maroc lors de cette date, le Niger, n’a pas vraiment poussé les Lions de l’Atlas dans leurs retranchements. C’est pour cette raison que j’ai trouvé le match moyen. Mais l’essentiel était ailleurs : gagner pour poursuivre la série d’invincibilité de l’équipe. Cela permet d’aborder la CAN avec davantage de confiance et beaucoup de certitudes. Cela fait partie de la progression vers la Coupe d’Afrique et s’inscrit pleinement dans le processus de préparation du groupe.

Le niveau de la CAN promet d’être relevé et toutes les équipes viseront le trophée dans les conditions offertes par le Maroc. Selon vous, quelles sont les chances des Lions de l’Atlas face à des adversaires prêts à tout pour gagner ?

Les chances sont bien réelles, car l’étiquette de favori est clairement sur le dos du Maroc. Cette fois-ci, le Royaume ne se contentera pas d’une demi-finale. D’ailleurs, le président de la FRMF, Fouzi Lekjaâ, l’a rappelé à plusieurs reprises : on ne se souvient que des victoires et des titres. Il est aussi important pour la compétition de voir le pays hôte aller loin, voire en finale, car lors des CAN où l’organisateur est éliminé prématurément, on se retrouve souvent avec des stades clairsemés. Certes, le Maroc est un grand favori, mais cela ne signifie pas que le titre lui est acquis. En face, il y aura de très grosses équipes. Je pense notamment au Sénégal, qui dispose d’un énorme potentiel : de l’expérience, de la puissance physique, une capacité à faire la différence et beaucoup de qualités offensives. On peut également citer le Nigeria, que l’on a vu lors des barrages africains pour le Mondial 2026, une équipe solide et compétitive. Rien ne sera simple pour le Maroc. Il faudra afficher une réelle volonté de s’imposer. Tout le monde y croit au Royaume – joueurs, staff technique et supporters – même si le défi s’annonce compliqué.

Le Maroc a énormément investi dans des infrastructures de classe mondiale afin d’organiser la meilleure CAN de l’histoire. Pensez-vous qu’avec de telles installations, cette édition sera plus intense et plus exigeante pour les équipes en lice ?

Il n’y a aucun doute : les investissements consentis par le Royaume, la qualité des pelouses et des stades constituent un énorme plus pour cette CAN. Cela place la compétition dans une autre dimension. Tout ce qui est mis en place pour les joueurs devrait les rendre extrêmement satisfaits. Même sur le plan des infrastructures hôtelières, cette CAN est différente : toutes les équipes participantes sont logées dans des établissements cinq étoiles, ce que je n’avais jamais connu lors des éditions précédentes. Les excuses liées aux conditions de jeu n’auront donc plus lieu d’être. C’est aussi un avantage pour le Maroc. J’ai toujours pensé que les Lions de l’Atlas éprouvaient des difficultés lors des CAN disputées en Afrique subsaharienne, et la dernière édition en Côte d’Ivoire l’a confirmé. Mentalement et physiquement, certains joueurs peinaient à suivre le rythme. Il faut reconnaître que le football africain n’est pas le même que celui pratiqué en Europe. C’est un football de duels, de combats, qui exige un investissement mental et physique différent. Il arrive aussi que certains joueurs n’entrent pas suffisamment dans l’impact quand il le faut. Des matchs qui paraissent abordables peuvent alors rapidement tourner au cauchemar. Cela s’est répété ces dernières années avec le Maroc. Certes, la dernière CAN remportée par le Royaume l’a été en Afrique subsaharienne, mais c’était une autre époque, dans un contexte totalement différent. En 2025, toutes les conditions sont réunies pour que le Maroc aille très loin dans le tournoi et s’impose.

Quels sont les grands favoris de cette édition 2025 de la CAN ?

Je placerais d’abord le Maroc, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, une sélection dont il faut se méfier en raison de son énorme potentiel individuel. Les Éléphants n’ont pas encaissé le moindre but lors des éliminatoires de la CAN. Certes, leurs matchs amicaux n’ont pas été très convaincants, mais cela reste une équipe redoutable. Il y a aussi les éternels favoris, comme le Nigeria et le Cameroun, même si ce dernier traverse une période moins faste. Attention également à l’Afrique du Sud, portée par la belle dynamique instaurée par Hugo Broos. L’Égypte sera, elle aussi, un sérieux prétendant. Il ne faut pas non plus écarter l’Algérie, malgré certaines failles défensives. Enfin, je pense qu’il pourrait y avoir quelques surprises lors de cette CAN.
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