, à quelques centaines de mètres seulement de l’entrée de la ville. Comme le proclament les
prédominante sur la voie d’accès principale donne souvent une identité visuelle à la ville. Pour la capitale du Royaume, le visiteur en provenance de
est immédiatement plongé dans l’ambiance du ballon rond : à droite, le chantier du
de dernière génération. Cet espace sportif et éducatif n’est autre que le centre de
, un club qui se présente comme le porte-étendard de la formation des jeunes talents au Maroc.
Au cours des deux dernières décennies, le processus de formation a connu d’énormes dysfonctionnements au niveau des clubs qui animent la
Botola Pro Iwni D1 et D2. Plusieurs clubs qui constituaient de véritables viviers de talents ont fini par lâcher prise, à l’image du
Rachad Bernoussi, du
Racing de Casablanca ou encore du
Moghreb de Tétouan. Même les deux pôles footballistiques de
Casablanca, le
Raja et le
Wydad, accusent désormais un grand retard sur ce volet. Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’œil sur l’effectif Seniors de ces équipes, ou encore sur leurs participations au niveau des sélections nationales de jeunes (
U17, U20 et
U23). Avec la montée en puissance de l’
Académie Mohammed VI de football, les équipes ont relégué la formation au second plan, ce qui a d’ailleurs poussé la
FRMF et l’
OCP à créer le
Fonds de formation national de football. Cela dit, le Fath de Rabat a décidé de se soustraire à la règle.
La représentativité en sélections de jeunes, indicateur fort de la qualité de la formation au FUS
Le club de la capitale, souvent désigné comme étant une «équipe sans supporters», a choisi d’investir lourdement dans la formation. En 2010, le club a mandaté un cabinet international pour une étude devant définir les grands axes du projet de formation. Le Fath a également fait appel à un expert en la matière, le formateur historique de l’Olympique lyonnais, Alain Olio. Les résultats de cette orientation sont déjà palpables, puisque le FUS est le seul club de la Botola Pro Inwi à aligner deux joueurs dans chacune des sélections nationales U17 et U20, qui ont respectivement remporté et atteint la finale de la Coupe d’Afrique des nations 2025. La présence de Reda Laâllaoui et d’Anas El Makkaoui dans l’équipe de Mohamed Ouahbi et celle de Hamza Bouhaddi et Ahmad Mouhoub avec les U17 de Nabil Baha confirme donc que le Fath est la locomotive de la formation au sein des clubs de l’élite.
Il fallait donc voir de près cette fabrique de champions qui fait la fierté de Rabat et qui alimente déjà les équipes nationales. Pour mener à bien sa mission, le club n’a pas fait dans la demi-mesure : 9 hectares répartis en six terrains de football (dont deux en gazon naturel), un centre médical, deux salles de cours, deux gymnases, 7 vestiaires, un musée, deux salles de vie, 18 bureaux administratifs et une salle de conférence. Dans le centre du FUS, tout a été pensé pour offrir aux jeunes pensionnaires (plus de 70 élèves) un cadre idéal et propice à l’épanouissement et au développement, sur plusieurs plans. À notre arrivée, nous sommes reçus par le président délégué du club, Saâd Benwahoud, un banquier chevronné qui a osé la reconversion en dirigeant du football, mu par la passion et par l’amour des défis.
L’objectif : 55 à 60% des joueurs de l’équipe première formés au club, d’ici 2027
Le successeur de Hamza El Hajoui est un homme très organisé, mais surtout ambitieux. D’emblée, il annonce le ton : «On a réussi cette politique d'intégrer dans la douceur certains joueurs du centre de formation dans l'équipe première. D'abord dans l'équipe réserve, les U23, qui est l'antichambre de l'équipe première. On est à six ou sept joueurs cette saison. C'est un exploit, très sincèrement. L'ambition que nous avons, c'est que l'ossature de l'équipe première à l'horizon 2026-27 soit de 55 à 60% issus du centre de formation. C'est une ambition qui est importante. Je vais partager avec vous une autre ambition, celle d'essayer de fournir l'équipe nationale première en talents de ce centre de formation. C'est pour ça que nous devons être extrêmement exigeants en la matière, de manière à ce que nos joueurs soient non seulement bons sur le terrain, mais aussi de très bons citoyens. C'est extrêmement important au niveau de notre structure, qu'ils soient exportables. Notre ambition aussi, c'est de former des joueurs qui aillent évoluer, porter un peu le drapeau national à l'international... je suis convaincu que la dotation du FUS à l’équipe nationale d'ici la Coupe du monde sera relativement conséquente».
Après l’arrivée du nouveau président délégué, le club a procédé à la restructuration du centre de formation : «Des process ont été installés. On a construit un peu le projet autour du sportif. C'est un peu notre leitmotiv. Mais autour du scolaire et de l'éducatif également. Donc aujourd'hui, on peut considérer qu'un jeune pensionnaire au niveau du FUS est pris en charge comme il se doit... On peut considérer qu'il y a aujourd'hui quelque chose de fusionnel entre eux. Beaucoup de respect aussi !»
Le FUS confie son centre à un ex-directeur du Paris Saint-Germain
Pour apporter une véritable valeur ajoutée et une formation répondant aux standards les plus exigeants, le FUS a choisi de faire appel à un grand spécialiste en la matière. La direction du centre de formation a ainsi été confiée à Jean-François Pien, l’ancien directeur du centre de formation du Paris Saint-Germain. Pour l’ancien parisien, la formation d’un jeune talent ne doit jamais se résumer aux aspects du jeu : «Je ne peux pas concevoir un développement de la formation sans évoquer trois projets essentiels, qui sont le projet sportif, bien entendu, puisque les jeunes sont avant tout ici pour devenir de bons footballeurs. Mais c'est indissociable d'y associer le projet éducatif, le bien-vivre ensemble, et puis principalement aussi le projet scolaire... la volonté, c'est bien entendu de former des footballeurs, mais c'est surtout de former de bons citoyens».
Le directeur nous explique que l’idée conductrice est d’entourer le joueur d'«un maximum de personnes dans différents secteurs. Au-delà de l'éducatif, du scolaire et du sportif, il y a un facteur médical qui est très important. Il y a aussi un département recrutement qui doit être performant, un département de la préparation mentale... La volonté, c'est effectivement d'accompagner ces jeunes. Je pense que le mot accompagnement doit avoir tout son sens. C'est-à-dire qu'on a des garçons qui sont là, qui sont pour certains loin de leur famille, voient leur famille à raison de trois ou quatre fois par saison. On a un rôle d'accompagnement, de proximité avec eux ».
Saïd Chiba : «Aujourd'hui, le FUS est une référence en termes de formation»
Avec l’arrivée du nouveau président délégué et suite au départ de Jamal Sellami, le Fath a choisi de confier son équipe à un ancien joueur, lui-même formé au FUS. Saïd Chiba, ex-international marocain et ancien adjoint du sélectionneur de l’équipe A, a pris les rênes de l’équipe première cette saison. L’enfant du club a donné du temps de jeu à sept joueurs issus du centre de formation, des éléments qui ont déjà cumulé de l’expérience en Botola Pro Inwi D1, malgré leur jeune âge. Pour Chiba, une politique de formation efficiente n’est pas une option, mais plutôt une obligation pour un club, s’il espère incarner les valeurs qu’il prône : «Tout club qui se respecte se doit d'avoir une identité, et l'identité ne peut venir qu'à partir d'une politique de formation, avec des jeunes qui font leurs premiers pas dans le football au sein du club. Au fil des années, le club représentera beaucoup pour eux. Si on peut retrouver en équipe première, qui est la locomotive, une représentativité du centre de formation, forcément, on aura un ADN propre au club, une identité. Après, on pourra essayer d'être compétitif en recrutant le minimum de joueurs de l'extérieur».
L’ex-coach du Qatar SC affirme sans détours que son club a pris une longueur d’avance en ce domaine : «Je pense qu'aujourd'hui, le FUS est une référence en termes de formation. Il est largement en avance par rapport à d'autres structures, mais l'ambition est de grandir en permanence et d'améliorer surtout les prestations au sein du club, par rapport aux jeunes qui intègrent le centre de formation».
«On a tout le temps le football dans la tête !»
À 15 h, les U17 ont investi la pelouse de l’un des six terrains pour effectuer leur entraînement quotidien. Mourad Mirali, un jeune médian qui suit le programme sport-études au FUS, nous explique le mode de vie d’un résident du centre au quotidien : «Le programme sport-études n'est pas facile pour tout le monde, mais on arrive à gérer parce qu'on a une responsable pédagogique qui nous aide beaucoup. Tout se passe le matin, on se réveille, on a le petit-déjeuner, et après on va en cours de 8 h 30 à 12 h 30. Ensuite, on revient au centre, on déjeune, et juste après on a l'entraînement. Et voilà, pour les niveaux comme la première année Bac et la deuxième année Bac, on a des séances de révision à peu près chaque semaine».
Pour ce jeune médian, au FUS, l’exigence est le maître-mot : «Le fait que le centre de formation du FUS soit un des meilleurs centres au Maroc s'explique par l'exigence. Ce n'est pas comme dans les autres clubs, on a des entraînements chaque jour, des fois même chaque joueur individuellement sur les manques qu'il a, et pour chaque poste spécifique. Ce qui change vraiment, c'est qu'on vit dans ce monde, on se réveille football, on dort football, on a tout le temps le football dans la tête, et c'est ça qui fait qu'on veut exceller dans ce domaine-là».
Nous avons remercié le jeune joueur qui a repris sa place dans l’équipe, engagée dans un match de préparation. En arrière-plan, derrière le terrain, ces joueurs peuvent admirer chaque jour le chantier colossal du nouveau complexe Moulay Abdellah, l’enceinte qui devrait accueillir les matchs de la Coupe du monde FIFA 2030. Un autre facteur de motivation pour ces jeunes de talent en herbe, dont certains pourraient bel et bien enfiler la tunique nationale à l’occasion du Mondial.