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Omar Skalli : L’hippodrome de Rabat fera du Maroc une référence des courses hippiques internationales

Engagée dans la préservation du patrimoine équestre national, la Société Royale d’encouragement du cheval (SOREC) demeure l’un des acteurs majeurs du Salon du cheval d’El Jadida. À l’occasion de la 16e édition du Salon, la SOREC a signé deux accords de partenariat avec la Hongrie et l’Espagne, en lien avec la thématique de cette année consacrée au bien-être équin. Dans un entretien accordé au «Matin», le directeur général de la SOREC, Omar Skalli, a détaillé les spécificités de ces conventions et dévoilé la stratégie future de l’institution dans les différents volets liés à la filière équine. Il a également confié que les chantiers des hippodromes d’El Jadida et de Rabat avançaient à bon rythme, précisant que celui de la capitale serait le plus important du Royaume et deviendrait une destination incontournable sur le continent.

Omar Skalli, DG de la SOREC. Ph. Sradni

05 Octobre 2025 À 15:25

Le Matin : Le Salon du cheval revient cette année avec une thématique forte autour du bien-être du cheval. Comment la SOREC s’implique-t-elle concrètement dans la sensibilisation et la mise en œuvre de bonnes pratiques liées au bien-être équin ?
Omar Skalli : Cela passe par deux éléments essentiels. D’abord, des infrastructures de qualité : des boxes aux normes, des paddocks adaptés et des carrières conçues pour protéger les jambes et les membres des chevaux. Dans ce sens, toutes les infrastructures des haras nationaux, y compris les hippodromes, ont été reconstruites ou rénovées dans une logique de bien-être animal. Le deuxième volet concerne la sensibilisation des éleveurs et des professionnels à l’importance du bien-être équin. Nous avons programmé plusieurs séances de formation, notamment à destination des acteurs de la Tbourida, des courses et du saut d’obstacles, afin de promouvoir les bonnes pratiques.


La SOREC a récemment signé deux conventions avec le Haras d’État hongrois de Szilvásvárad et avec l’Espagne. Quels sont les objectifs précis de ces partenariats ?
La Hongrie et l’Espagne sont deux pays à la tradition équestre ancienne. Leur histoire est étroitement liée au cheval et à l’équitation, tout comme celle du Maroc. Leur expérience dans la promotion et la préservation des races, notamment la pure race espagnole et le cheval Lipizzan, représente pour nous une référence. Ces partenariats visent à renforcer notre expertise pour la valorisation des races locales, notamment le cheval barbe et l’arabe-barbe. Ces conventions ont des objectifs communs : l’échange d’expériences, la formation en matière de génétique, mais aussi la mise en avant du rôle culturel et patrimonial des chevaux dans nos traditions respectives.


Quels domaines seront concernés par cette coopération : élevage, formation, recherche, valorisation du pur-sang arabe et barbe, organisation des courses ? Principalement la recherche génétique et la formation. Pour l’Espagne, il faut rappeler que la pure race espagnole est issue du cheval barbe, donc très proche sur le plan génétique. Les deux pays ont mené d’importants travaux de préservation, d’amélioration et de suivi des maladies génétiques. En mutualisant nos recherches et nos formations, nous pourrons mieux comprendre et valoriser ces races. Avec la Hongrie, nous avons constaté de fortes similitudes entre le Lipizzan et le barbe. De plus, nos deux pays partagent une approche commune de la gestion des haras. Le partenariat prévoit donc des cycles de formation et des spectacles conjoints réunissant les trois nations.
Votre société s’est engagée à doter Rabat et El Jadida d’hippodromes de classe internationale. Où en sont ces projets ?

Les deux chantiers avancent bien. Celui d’El Jadida a démarré un peu plus tard, mais la livraison est prévue pour avril 2026. Il faut rappeler qu’El Jadida est la capitale des courses au Maroc : près de 80% des professionnels de la filière en sont originaires. L’ancien hippodrome, vétuste, n’avait pas encore été rénové. Nous avons décidé de le reconstruire entièrement, avec une tribune moderne offrant une vue directe sur la mer, conformément aux standards internationaux. Quant à l’hippodrome de Rabat, c’est un projet phare, intégré au programme «Rabat, ville lumière». Il deviendra l’hippodrome le plus important du Royaume, symbole d’une filière équine marocaine de référence régionale. Nous voulons en faire une infrastructure de classe mondiale, capable d’accueillir des compétitions internationales prestigieuses. Ce projet s’inscrit aussi dans notre stratégie de soft power, compte tenu de l’importance du cheval dans l’image et l’influence du Maroc à l’international.


Vous menez déjà plusieurs projets structurants à l’échelle nationale. Pouvez-vous nous en dire plus sur les chantiers stratégiques à venir ?
Nous avons beaucoup travaillé sur la restructuration de la filière et sur la stratégie nationale confiée à la SOREC par le ministère de l’Agriculture. Cette feuille de route s’inscrit dans le cadre du programme Génération Verte 2021-2030. Nous l’avons adaptée au secteur équin en plaçant l’humain au centre, avec pour priorités le développement durable et la pérennisation de la filière. Deux contrats-programmes sont déjà lancés : le premier autour du cheval barbe et de la Tbourida, et le second, en cours de finalisation, porte sur les courses. L’ensemble de la filière – Salon du cheval, Fédération Royale marocaine des sports équestres, Morocco Royal Tour – constitue aujourd’hui une référence régionale. La participation croissante de pays africains aux événements équestres marocains, comme le Salon du cheval ou le Grand Prix d’Afrique, illustre le savoir-faire marocain. Nous souhaitons désormais l’exporter et en faire un outil de coopération internationale. À la SOREC, nous développons cette diplomatie parallèle à travers de nombreux accords de partenariat, afin de renforcer le rayonnement du cheval marocain.
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