Déterminez votre projet professionnel

Les banques espagnoles

Les grandes banques espagnoles lorgnent sérieusement le très juteux marché marocain. Après la Caixa, Sabadell jette son dévolu sur le Royaume.

24 Avril 2008 À 16:02

La banque catalane Banco Sabadell, le quatrième groupe bancaire espagnol, annonce son installation au Maroc. La décision d'ouvrir une succursale dans la capitale économique a été rendue publique quelque jours à peine après la très médiatisée visite du président de la Catalogne, José Montilla, accompagné d'une forte délégation des hommes d'affaires, dans notre pays.
La banque n'a pas encore reçu le « feu vert » des autorités marocaines, affirme la publication spécialisée « El Economista », mais cela ne saurait tarder. Car, selon la même source qui cite Antoni Torruella, directeur du réseau international de la banque catalane, les autorités marocaines « ne voient aucun inconvénient » à l'ouverture de la première succursale d'une banque espagnole dans notre pays.

Une première succursale, certes, mais elle est loin de représenter l'unique présence du secteur bancaire ibérique au Maroc. Il y a à peine deux mois, la Caixa, troisième banque d'Espagne après Santander et Banco Bilbao Viscaya, a officiellement annoncé, pour sa part, sa décision d'ouvrir une filiale au Maroc. Son DG, Juan Maria Nin, en a fait l'annonce lors de la présentation, début février, des résultats annuels de l'institution catalane, au début du mois, à Barcelone.
Dans cette course ouverte des deux groupes catalans, la Caixa est déjà à une longueur d'avance. Cette institution possède déjà une représentation à Casablanca et souhaite aujourd'hui s'attaquer, tout comme Sabadell, au secteur de la banque universelle.

La Caixa, BSCH, Caja Madrid, Caja Mediterraneo et Banco Popular sont déjà présentes à travers des participations dans certaines institutions bancaires marocaines ou à travers des alliances avec d'autres.
Deux facteurs attisent la convoitise des établissements financiers ibériques. Dans un premier niveau, une présence de plus en plus accrue du capital et de l'investissement espagnols, encouragée par le faible coût des facteurs de production et une politique d'investissement avantageuse. Le deuxième facteur étant ce marché à forte croissance que représentent les transferts de la communauté des émigrés marocains, première communauté étrangère en Espagne.

Les banques espagnoles reconnaissent aujourd'hui ouvertement qu'elles ont intérêt à s'implanter et à amorcer une croissance soutenue sur le marché marocain.
Des experts, qui suivent de près l'évolution du secteur financier chez nos voisins du Nord, estiment que les quelques années à venir connaîtront un débarquement sans précédent des banques espagnoles dans notre pays.
Celles qui y sont déjà présentes envisagent de renforcer davantage cette implantation et de raffermir les liens commerciaux qu'elles y ont déjà noués.
Les mêmes experts soulignent que le Maroc est devenu au cours de ces dernières années un « important allié » non seulement pour le segment des émigrés, mais aussi des entreprises espagnoles que ces banques comptent accompagner dans leur implantation et dans leur croissance.

Concrètement, outre ces initiatives de la Caixa et de Sabadell, pour lesquelles le Maroc a toujours été dans la ligne de mire, Santander qui détient actuellement 14,55% d'Attijariwafa a annoncé son intention de relever son niveau de participation dans le groupe bancaire marocain.
De même pour Caja Madrid qui détient 3,42% dans le même groupe. Même ambition manifestée chez Caja Mediterraneo, CAM, qui a acquis, il y a un an, 5% de la BMCE.
Le cas de Banco Popular est différent, sa présence se manifeste à travers non pas une participation, mais une alliance avec la BCP dans le cadre de la Confédération internationale des banques populaires, CIBP.

A travers cette alliance vieille de plus de 10 ans, Banco Popular canalise ses clients vers la BCP et peut ainsi grignoter des parts de marché sur une niche où la banque marocaine dispose d'une expertise confirmée dans le segment des transferts des MRE.
La banque espagnole peut également profiter de ce pont pour investir le secteur des PME/PMI espagnoles installées au Maroc et accompagner leur expansion.
Autre mastodonte ibérique particulièrement intéressé par le Maroc : Banco Bilbao Viscaya-Argentaria. La deuxième banque espagnole qui s'est retirée, en 2004, de l'ex-Wafabank en cédant les 9,9 % qu'elle détenait dans son capital, manifeste, de l'avis des analystes financiers espagnols, son intérêt pour un retour imminent au Maroc.

Pays dans lequel elle a déjà vécu une première expérience, certes, non concluante. En effet, au lendemain de la promulgation de la loi bancaire de 1993, Argentaria avait reçu, en juillet 1994, son agrément pour l'établissement de sa filiale Arentaria Banco Exterior Marruecos, Bex-Maroc. La filiale d'Argentaria n'a jamais pu percer dans le paysage bancaire marocain. Jusqu'à son absorption par l'ex-Wafabank, elle n'avait qu'une seule agence dans la capitale économique.
Un véritable retour en force donc des institutions bancaires espagnoles. Retour qui ne serait pas forcement traduit par une présence physique telle que celles de Sabadell ou la Caixa, mais beaucoup plus par des alliances ou des prises de participation dans leurs homologues marocaines.
-------------------------------------------------------------------

Les Françaises bien installées

Bien que ne disposant pas de succursales proprement dites, les institutions bancaires françaises sont solidement installées dans notre pays. Les banques françaises sont présentes au Maroc par le canal de trois filiales locales. Elles bénéficient de la restructuration du secteur. Les principales banques françaises sont présentes au Maroc soit à travers des filiales ou des prises de participation dans des banques marocaines. Le CIC qui, en 2004, a fait son entrée dans le capital de la troisième banque marocaine, la BMCE, et le groupe des Caisses d'épargne qui marque également son intérêt avec une implantation dans le Royaume depuis 2006, font partie de cette dernière catégorie.

Concrètement et selon les chiffres publiés par la mission économique de l'ambassade de France au Maroc, BNP Paribas BDDI Participation contrôle 65,05% de la Banque marocaine pour le commerce et l'industrie (BMCI), la Société générale contrôle 51,9% de la Société Générale marocaine de banque (SGMB), le groupe Crédit Agricole contrôle 52,7% du Crédit du Maroc. Les autres participations des établissements financiers français dans des banques marocaines sont certes minoritaires et très significatives. Ainsi, le CIC détient, depuis juin 2004, 10% dans le capital de la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE Bank), le Crédit agricole 1,44% du capital d'Attijariwafa Bank.
Copyright Groupe le Matin © 2025