«Je ne vends pas le groupe, mais je transmets un patrimoine»
LE MATIN
24 Avril 2008
À 14:25
Il y a près de 4 ans, vous aviez l'intention d'introduire le holding en Bourse, pourquoi avoir attendu tout ce temps ?
Effectivement, c'est une des pistes qu'on avait étudiée à l'époque. Mais, nous avions besoin de nous organiser et d'améliorer nos structures. Une fois que cette étape a été bien franchie, nous avons décidé de rejoindre la cote. D'autant que le moment est opportun. Aujourd'hui, le Maroc est entré dans une phase de développement qu'il n'avait jamais enregistrée auparavant. Il faut surfer sur cette vague tout en profitant des outils de financement appropriés, dont le marché boursier. D'ailleurs, celui-ci a été vulgarisé, il n'est plus réservé à des entreprises d'une certaine catégorie.
Vous avez commencé par le holding, songez-vous à introduire certaines filiales du groupe ?
Pourquoi pas.
Vous avez opté pour une procédure mixte…
Je ne suis pas en train de vendre le groupe, je suis en train de transmettre un patrimoine. Transmettre et vendre sont deux opérations différentes. Si mon intention était de vendre, je me serais limité à la cession des actions au public qu'on a, d'ailleurs, associé à cette IPO. Cependant, on a renforcé la participation des institutionnels. Et, ce n'est pas une coïncidence. N'empêche que nous gardons la majorité du capital
Quel en est l'objectif ?
Notre objectif est d'institutionnaliser notre tour de table. Nous ne recherchons pas uniquement, l'argent mais également l'apport des institutionnels en termes de savoir faire. Nous cherchons aussi à sécuriser le placement, en dehors de l'aspect institutionnel, il y a en plus la question de la pérennité de la structure, les institutionnels savent ce qu'ils font. Nous avons une vision de développement à l'international ainsi que des projets de croissance interne, il faut que ces investisseurs nous accompagnent.
Pourquoi avez-vous opté pour un syndicat de placement plus élargi?
Cela ne fait qu'expliquer l'intérêt qu'ils ont pour nous. Certaines sociétés de Bourse ont même appelé pour nous demander pourquoi nous les avions oubliées.
Votre relation avec les institutionnels est-elle récente ?
Oui, avec certains d'entre eux, c'est récent. On a cherché des partenaires historiques comme les banques. Seulement, avec d'autres comme la CDG, le partenariat ne date pas d'aujourd'hui. Et ce n'est qu'un signe de confiance.
Vous pouvez donc recourir au marché financier et émettre un emprunt obligataire ?
Jusqu'à maintenant, on a évité de nous sur-endetter. Dans un premier temps, on procède à une augmentation de capital pour renforcer les fonds propres nécessaires pour notre développement futur. Il se peut que si les fonds propres ne suffisent pas, on peut recourir au marché financier pour émettre un emprunt obligataire. Pour le moment, rien n'est envisagé.
Quels sont vos projets futurs ?
On a une vision de développement très importante notamment à l'international, nous avons décroché la première concession de gestion de l'eau au Cameroun, et ce en partenariat avec la CDG et l'ONEP. C'est un marché énorme. On a d'autres projets également avec des partenaires de renom, je pense que ce n'est pas le moment de communiquer sur cela. S'agissant de notre développement en Afrique, je tiens à préciser que lorsqu'on jouit d'un niveau de qualité et de compétitivité élevé, on peut étendre notre activité ailleurs. On a aussi un axe de développement en Europe. Sans omettre la croissance au Maroc. La force économique d'un pays n'est que la somme des forces de ses entreprises. Nul ne peut douter que la création de l'emploi ne peut se réaliser que par la croissance, qui à son tour est tributaire de l'investissement productif et l'exportation, nous nous inscrivons dans cette logique. Je tiens à souligner à ce titre, que nous visons essentiellement l'exportation de l'expertise et non seulement celle des produits.
Quel est le secteur phare pour Delta Holding ?
Le secteur sur lequel nous misons actuellement, c'est surtout les concessions de services. Nous sommes le premier groupe privé qui a pu décrocher avec des partenaires de renom, la concession de la gestion de l'eau dans tout un pays , et non pas une ville. On sera chargé de l'affermage de l'eau potable au niveau de 104 centres urbains et des deux grandes villes du Cameroun. Ce sont des marchés de grande envergure à contrôler sur 30 ans. A mon avis, la gestion déléguée de services publics est une bonne opportunité pour Maroc. Malheureusement au Maroc, cela fait 10 ans que nous opérons sur ce marché et nous serions heureux de prendre des opérations de concession au Maroc pour d'abord renforcer notre expertise et pouvoir nous exporter, ensuite.
Il faudrait que notre gouvernement sache que former de grandes entreprises au Maroc c'est comme dispenser une formation universitaire à nos ingénieurs et à nos jeunes. Pour que notre développement se fasse en dehors du Maroc, il faut permettre aux entreprises marocaines d'apprendre au Maroc. Or, jusqu'à maintenant, on n'arrive toujours pas à déclencher ce processus.
Quelle est la particularité de Delta Holding par rapport aux autres groupes marocains ?
Nous sommes un groupe multipolaire de 20 sociétés, nous employons 3.000 collaborateurs, nous participons au développement économique national. On opère dans cinq secteurs. Certes, on ne touche pas à tout, mais on maîtrise ce qu'on touche. -------------------------------------------------------------------
OPO sans levier financier
C'est aujourd'hui que les souscriptions à l'OPO Delta Holding sont lancées. Elles pourraient s'étendre jusqu'au 2 mai avec possibilité d'une clôture anticipée le 25 avril. Il faut dire que l'opération est importante. Elle frise le 1 milliard de dirhams, sans que le levier financier y soit prévu, pour notamment éviter les sursouscriptions. Les investisseurs institutionnels auront la part du lion avec 65% de l'offre qui leur est dédiée. Déjà leur part dans le capital s'établit à 5% sachant que certains d'entre eux viennent rejoindre le tour de table du holding en 2008, dont notamment Attijariwafa bank, CIMR, MCMA et Wafa Assurance. Cela dénote de la confiance qu'ils en ont, surtout que le management leur promet le meilleur. A cet égard, il convient de noter que sur la période 2007-2010, le résultat net de Delta Holding SA devrait prendre annuellement 31,5% pour caracoler à 295,66 millions de dirhams.
L'appréciation du résultat net repose principalement sur la croissance organique des activités historiques (infrastructures, métallurgie, parachimie, environnement, services et immobilier), reposant sur l'évolution des différents marchés dans lesquels intervient le groupe, ainsi que sur le développement de nouvelles activités permettant d'améliorer sensiblement les niveaux de marge. Une amélioration qui s'explique par la progression du résultat d'exploitation consolidé qui devrait afficher une variation moyenne sur la période 2007-2010 de +27,4% pour s'établir à 394,34 millions de dirhams en 2010. Quant au résultat non courant de l'exercice 2009, il correspond à la plus value de cession réalisée sur la vente de l'ancien siège de Delta Holding SA. Le produit de cession a été estimé à 44 millions de dirhams.