Soufisme et psychanalyse au chevet de l'entreprise

« Plus de 85 % du chiffre d'affaires sont réalisés à l'export»

INTERVIEW Mohamed El Jamali, président de l'Union nationale des industries de la conserve de poissons (UNICOP)
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05 Mars 2008 À 22:05

Le Matin : Combien d'acteurs animent-ils à ce jour le marché marocain de la conserverie de poissons ?

Mohamed El Jamali :
La conserve de poissons au Maroc est une des plus vieilles industries de notre pays. La première conserverie date des années 1920. A ce jour, une quarantaine d'usines appartenant à une trentaine de sociétés opèrent dans ce secteur. Ces usines sont installées à Larache, Safi, Essaouira, Agadir, Tan Tan et Laâyoune. Les deux principaux sites restent Safi et Agadir.

Quels types de poissons sont-ils les plus conservés ? Y a-t-il des problèmes d'approvisionnement en poissons durant certaines périodes de l'année?

Notre industrie transforme principalement de la Sardine (type pilchardus walbum) véritable. Nous traitons également le maquereau et le thon. Le Maroc est le principal producteur de conserve de sardines au niveau mondial.
Notre produit est exporté vers une centaine de marchés à travers les cinq continents. Notre outil industriel répond aux exigences des marchés les plus difficiles. Notre capacité de production et de transformation de poissons est très importante, mais elle n'est utilisée qu'à environ 50 %.

Nous traitons environ 320.000 tonnes de matière première -poissons- alors que notre capacité (250 jours de travail - dix heures de travail par jour ) est de plus de 500.000 tonnes. Les conditions de travail de la flotte de pêche côtière ne nous permettent pas d'espérer utiliser nos capacités installées de manière régulière.
Il y a, chaque année, des périodes où la pêche traditionnelle est faible ou nul, compte tenu des conditions climatiques et/ou d'éloignement des lieux de pêche.
Le secteur espère vivement que cette situation change pour répondre aux importantes demandes étrangères et ainsi optimiser l'utilisation de nos capacités industrielles installées.

Quelles sont les régions où vous vous en approvisionnez le plus ?

Le port de débarquement le plus important ces dernières années est celui de Laâyoune. Les ports de Safi, Essaouira, Agadir, Ifni, Tan Tan et Dakhla fournissent également, mais de manière irrégulière.

Quel est le volume moyen de la production annuelle de la conserve de poissons au Maroc ?

Notre production a évolué de manière très forte ces dernières décennies. Sur la base d'un carton de 100 boites 125 g (boite de sardine classique), notre production, avant les années 80, était de 3.000.000 de cartons. En 2006, cette production a dépassé les 10.000.000...

Y a-t-il des normes que les producteurs devraient respecter en matière de la conserve ?

Etant tournée vers les marchés étrangers, notre industrie est impérativement tenue de se mettre au diapason des exigences normatives que demandent les autorités sanitaires, mais également que demandent les clients étrangers . Nos marchés d'exportation sont, a près de 50%, ceux de l'Union européenne et de l'Amérique du Nord.

Ces normes diffèrent-elles selon que les conserves sont destinées au marché local ou étranger ?

Toutes nos installations industrielles de conserve de poissons sont agréées par le ministère de l'Agriculture et de la Pêche. Les services vétérinaires (autorité compétente vis-à-vis de Bruxelles), les services de la direction des industries de la pêche et ceux de l'établissement de contrôle des exportations (EACCE) travaillent de manière très proche pour le respect des règles de bonne gestion des normes de qualité. Aucune différence ne doit y avoir entre les marchandises destinées au marché local et celles réservées à l'export.

Quelle est la part exportée du total de la production ? Quels sont les produits qui concurrencent fortement les nôtres sur les marchés internationaux ? Et Pourquoi ?

Plus de 85% de notre chiffre d'affaires est réalisé à l'exportation. Pour la campagne 2006, notre chiffre export a été de plus de trois milliards de dirhams. Sur les marchés "traditionnels" nous n'avons pas de concurrents significatifs. Sur ces marchés, nous avons entrepris, avec nos confrères européens et grâce à une implication forte et soutenue de notre ministère de tutelle (Direction des industries de la pêche et la DPVRF -Codex Maroc ), la défense des termes "conserve de sardines" au niveau du CODEX ALIMENTARIUS - Organisme international de réglementation et de normalisation dépendant de la FAO et de L'OMS- pour que cette formule "conserve de sardines" ne soit utilisée que pour la véritable et authentique sardine qui est dans les eaux européennes et les eaux marocaines (Atlantique et Méditerranée). Sur les marchés "non traditionnels", la concurrence existe de la part de la Thaïlande, du Pérou.... Nous sommes en mesure de faire fasse à ces concurrents à condition que nos industriels aient les mêmes armes.

Quels sont, en bref, les différents obstacles que traverse la branche de la conserverie de poissons au Maroc ?

Le secteur de la conserve de poissons au Maroc est tourné principalement vers l'export. Nous avons affaire à des clients étrangers de plus en plus exigeants en termes de qualité et de service. Nos clients demandent des engagements précis pour la livraison de leurs ordres à des dates précises. Il est difficile pour nous de prendre d'importants engagements si nous n'avons pas une certitude de pouvoir livrer (faute de matière première) dans les délais exigés contractuellement. Nous avons fortement souffert du manque de pêche pendant les neuf premiers mois de 2007 : la pêche traditionnelle n'a pas eu lieu pour des raisons principalement climatiques.

Les navires RSW -modernes- qui travaillent à Laâyoune et à Dakhla ont pu pêcher sans problème. Les derniers mois de 2007 ont permis, grâce à une pêche plus importante, de rattraper globalement le retard permettant ainsi au secteur d'atteindre les chiffres de production et d'exportation de l'année 2006.
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